Logement neuf : après l'année blanche 2020, les promoteurs "positifs" pour 2021

Dès le 5 mars, la présidente de la fédération des promoteurs immobiliers, Alexandra François-Cuxac, l'avait pressenti: 2020 serait "une année blanche" pour le logement neuf. Pour répondre à une filière qui s'estime lésée par le plan de relance, le gouvernement vient de lancer un pacte national pour la construction durable et de proroger des dispositifs fiscaux. Aussi, les professionnels accueillent 2021 avec optimisme.
César Armand
Depuis la présentation du plan de relance à 100 milliards d'euros, les professionnels du secteur s'étaient émus des quelque 650 millions d'euros, contre 6,7 milliards pour la rénovation, qui leur étaient destinés directement ou indirectement. A savoir 300 millions d'euros de fonds pour le recyclage des friches et 350 millions d'euros d'aides aux maires densificateurs.
Depuis la présentation du plan de relance à 100 milliards d'euros, les professionnels du secteur s'étaient émus des quelque 650 millions d'euros, contre 6,7 milliards pour la rénovation, qui leur étaient destinés directement ou indirectement. A savoir 300 millions d'euros de fonds pour le recyclage des friches et 350 millions d'euros d'aides aux maires densificateurs. (Crédits : Philippe Wojazer)

Près de cinq mois après le second tour des élections municipales, et six mois après la fin du premier confinement, les promoteurs immobiliers espéraient sans doute annoncer de bons résultats pour le troisième trimestre 2020. Il n'en est rien. Entre début juillet et fin septembre, les mises en vente de logements neufs ont baissé de 37,5% par rapport à la même période de l'an dernier. Idem en matière de réservation: la demande a chuté de 28,5% par rapport au troisième trimestre 2019.

2020, "une année blanche"

Que s'est-il donc passé depuis huit mois et demi ? Les études notariales et les services d'urbanisme, instruisant les permis de construire, ont été fermés entre mi-mars et mi-mai, ajournant les signatures d'actes authentiques et les déblocages de projets municipaux. De même que depuis le printemps, les conditions d'accès aux crédits se sont considérablement durcies, freinant les acquisitions de résidences principales ainsi que les opérations d'investissement locatif.

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Qui est responsable ? La crise sanitaire ? Le décalage de trois mois du calendrier électoral ? Dès le 5 mars dernier - c'est-à-dire dix jours avant le premier tour du scrutin et une semaine avant l'entrée dans le premier confinement -, la présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) redoutait une "année blanche". "Je n'ai rien qui me permet d'être optimiste entre des lendemains d'élections qui vont engorger les services d'urbanisme et des prix de construction qui demeurent très élevés", déclarait alors Alexandra François-Cuxac.

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Un pacte national pour la construction durable

Quoiqu'il en soit, le ton a changé des deux côtés. Dès la mi-juillet, la FPI (41,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires revendiqué, 32.300 employés, 630 sociétés et 18 chambres régionales) dévoilait un nouveau slogan "Aidons la ville de demain à sortir de terre". Autrement dit, "une campagne de communication à destination des élus locaux pour les sensibiliser au sujet du logement neuf et de la ville durable" selon sa présidente Alexandra François-Cuxac.

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L'exécutif a de la même manière revu son approche quant au BTP. Dès le lendemain de l'allocution présidentielle sur le reconfinement, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a confirmé aux professionnels que les chantiers de construction pourraient "continuer à se dérouler avec tous les gestes-barrières, les précautions et les masques". Le 13 novembre dernier, la représentante du gouvernement a également signé avec les trois président(e)s d'associations d'élus (AMF, France urbaine et assemblée des communautés de France) et les associations représentatives (dont la FPI) un pacte national pour la relance de la construction durable.

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De la poudre aux yeux comme tout document de cet ordre? "C'est un pacte d'engagement tripartite Etat-associations d'élus-professionnels", rétorque Alexandra François-Cuxac. "Cela marque une prise de conscience de la sphère politique que les blocages pour reconstituer l'offre sont avant tout... politiques. Il nous faut ce cadre pour que soient affichées les volontés de l'Etat et des locaux. Sans cela, on ne fait rien", insiste-t-elle.

Ce pacte comprend neuf mesures qui responsabilisent tant l'administration centrale que les acteurs privés et publics de terrains. Parmi lesquelles, la dématérialisation des procédures, la mobilisation du foncier public et des établissements publics d'aménagement, l'optimisation des capacités des plans locaux d'urbanisme municipaux et intercommunaux ou encore la promotion de programmes mixtes. Elles feront en outre l'objet d'un suivi trimestriel dans le cadre d'un comité de pilotage associant les signataires et analysant le développement des pactes locaux ainsi que l'évolution du rythme d'autorisation et de mise en chantier des projets d'habitats.

La prorogation du PTZ et du Pinel

Parallèlement, dans le cadre du projet de loi de finances 2021, en cours d'examen au Parlement, le gouvernement entend prolonger deux avantages fiscaux permettant de soutenir la demande de logements neufs. D'une part, le prêt à taux zéro (PTZ) pour la primo-accession et, de l'autre, le dispositif Pinel pour l'investissement locatif. Le taux de réduction d'impôt de ce dernier sera toutefois raboté en 2023 et 2024, sauf pour les habitats verts et ceux situés en quartier "politique de la ville".

"Objectivement, je suis un chef d'entreprise heureux", déclare à ce propos Norbert Fanchon, président du directoire du groupe Gambetta, promoteur et bailleur social. "Entre les chantiers qui tournent et des collaborateurs qui travailler, des clients continuent d'acheter malgré les incertitudes sur la situation économique", ajoute-t-il.

Une aide aux maires densificateurs qui fait débat

En réalité, depuis la présentation du plan de relance à 100 milliards d'euros, les professionnels du secteur s'émeuvent des quelque 650 millions d'euros, contre 6,7 milliards pour la rénovation, qui leur sont destinés directement ou indirectement. A savoir 300 millions d'euros de fonds pour le recyclage des friches et 350 millions d'euros d'aides aux maires densificateurs. "C'est quelque chose de vertueux mais qui doit être plus important, les maires et les intercommunalités peinent à boucler leurs budget 2021", juge la présidente de la fédération des promoteurs immobiliers Alexandra François-Cuxac.

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"J'ai toujours eu une approche d'élu de périphérie de première couronne d'une agglomération, c'est-à-dire que je n'ai jamais eu besoin de l'Etat pour construire", réagit de son côté Yannick Borde, maire de Saint-Berthevin (Mayenne) et vice-président de Laval Agglomération. Sous sa casquette de promoteur, le président de Procivis-Union d'économie sociale pour l'accession à la propriété (1,22 milliard d'euros de chiffre d'affaires, 7.600 logements neufs commercialisés en 2019) s'agace d'une contradiction propre aux édiles locaux: "Je ne veux pas m'étaler mais je ne veux pas non plus densifier".

De la même façon qu'il reste un écart de 1 à 10 entre les mesures pour la rénovation et celles pour la construction neuve, il subsiste un fossé de 1 à 100 entre cette subvention de 350 millions d'euros et les 35 milliards d'euros de recettes de taxe d'habitation. Si l'Etat promet aux collectivités de compenser à l'euro près la suppression de cette dernière, dont s'acquittent (encore) quelques contribuables, elle n'en demeure pas moins leur principale source de rentrées fiscales.

"Cela paye la piscine, l'école, le gymnase... Il y a un vrai problème d'échelle entre la taxe d'habitation et l'aide gouvernementale", pointe Norbert Fanchon.

"C'est déresponsabiliser les élus ! Les compensations cassent les dynamiques fiscales et restent toujours suspendues à un projet de loi de finances", renchérit Yannick Borde.

Tous ces professionnels n'en restent pas moins "positifs" (Norbert Fanchon) et même "optimistes" (Yannick Borde), malgré la chute de 25% de leurs ventes en 2020.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 21/11/2020 à 19:30
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allez on remet au pot la bulle n'est pas assez grosse, les prix pas assez eleves! ca viendrait a l'esprit de quelqu'un de se demander si a la fin les gens normaux peuvent payer ( autrement qu'avec un pret a zero pourcent sans apport sur 3 generatio...

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