Areva : le patron des mines fait ses valises

Sur la sellette depuis l'affaire d'espionnage d'Anne Lauvergeon, Sébastien de Montessus quitte Areva. Selon l'AFP son cas a provoqué un désaccord à la tête d'Areva entre les présidents du conseil de surveillance Jean-Cyril Spinetta et du directoire Luc Oursel.
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 Areva a annoncé vendredi le départ du patron de ses activités minières, Sébastien de Montessus, sur la sellette depuis plusieurs semaines en raison de son rôle clef dans l'affaire d'espionnage de l'ex-patronne du groupe Anne Lauvergeon. 

M. de Montessus "a décidé de quitter le groupe", a indiqué Areva dans un communiqué, sans s'étendre sur les motifs de cette décision qui prendra effet à la fin du mois. Il sera remplacé par Olivier Wantz, lui aussi membre du directoire du groupe. Sébastien de Montessus, 38 ans, était menacé depuis l'éclatement fin 2011 de l'affaire Uramin.

Anne Lauvergeon espionnée

Un détective de la société suisse Alp Services a affirmé avoir été recruté par lui en avril 2011, pour espionner Anne Lauvergeon, alors toujours à la tête d'Areva, et son époux Olivier Fric, en lien avec l'acquisition en 2007 de la société minière canadienne Uramin, qui détenait plusieurs gisements d'uranium en Afrique. 

Cette mission avait pour but d'établir d'éventuelles implications frauduleuses du couple, qui a déposé plainte en décembre après s'être rendu compte qu'il avait été espionné. M. de Montessus a nié catégoriquement avoir mentionné à cet agent le nom d'Olivier Fric et lui avoir demandé de recourir à des moyens illicites.

Le mois dernier, un comité interne d'Areva a lavé Anne Lauvergeon et son mari de tout soupçon de malversation, tout en disant avoir relevé des "dysfonctionnements" en termes de gouvernance lors du rachat d'Uramin. 

L'acquisition pour environ 2 milliards d'euros de la société, qui en vaut aujourd'hui cinq fois moins a largement contribué à plomber l'an dernier les comptes d'Areva, qui a essuyé des pertes historiques de plus de 2,4 milliards d'euros).

 Spinetta et Oursel en désaccord 

"Après cette période troublée, M. de Montessus avait envie de tourner la page", a-t-on expliqué au siège du groupe. Toutefois, selon une source proche du dossier, son avenir au sein d'Areva a fait l'objet d'une lutte intense en coulisses: le président du conseil de surveillance d'Areva, Jean-Cyril Spinetta, avait réclamé en vain son départ le mois dernier, mais le patron du groupe Luc Oursel, qui a succédé en juin à Anne Lauvergeon, s'y était opposé. 

Finalement, selon cette même source, M. de Montessus a décidé de partir de lui-même car "il a senti qu'il ne disposait plus de toute la confiance nécessaire pour continuer son travail". 

Dans un document interne adressé aux salariés d'Areva, dont l'AFP s'est procuré une copie, M. Oursel a souligné que le pôle mines d'Areva était "devenu, sous sa conduite, un leader mondial de l'uranium et une activité très rentable pour le groupe ainsi capable de faire face à ses nouveaux défis". La division mines a en effet dégagé de bons résultats opérationnels l'an dernier.

L'ascension de Sébastien de Montessus avait été spectaculaire

De son côté, Sébastien de Montessus a affirmé dans un message à ses collaborateurs que sa démission "est une décision que j'ai prise seul et en toute liberté". Il a dit vouloir "continuer de faire vivre ailleurs (sa) passion pour l'industrie et pour la mine". 

Cette démission marque une rupture spectaculaire dans l'ascension jusqu'alors fulgurante de ce trentenaire.

Diplômé de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris, il a fait ses débuts comme banquier d'affaires chez Morgan Stanley à Londres, puis s'est lancé dans les télécoms, avant d'intégrer en 2002 la direction de la stratégie d'Areva.

Il a ensuite décroché une série de promotions au sein du fleuron nucléaire français: il a pris en 2007 la direction des activités minières, puis, après le départ d'Anne Lauvergeon, il en a intégré en juillet dernier le directoire du groupe, l'état-major de M. Oursel, avec le titre de directeur général adjoint, toujours chargé des activités minières.

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Commentaires 3
à écrit le 12/03/2012 à 18:18
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C'est quand même la moindre des choses... Vu son implication dans Uramin, ça fait longtemps qu'il aurait du pointer à l'ANPE...

à écrit le 10/03/2012 à 20:19
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Lamentable

à écrit le 10/03/2012 à 12:38
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honteux

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