La protestion monte actuellement en Normandie contre les lignes à très haute tension (THT) construites et gérées par RTE, la filiale d'EDF. Deux affaires distinctes se télescopent ces jours-ci. Mercredi, le tribunal de Caen a ordonné une double expertise dans une affaire qui oppose RTE à un agriculteur. Installé à Planquery (Calvados) à 150 mètres d'une ligne à très haute tension (THT), Gilles Hébert, 50 ans, dénonce une surmortalité de ses veaux. Il soutient que ses vaches sont plus souvent malades qu'ailleurs, ce qui l'oblige à jeter du lait. Il réclame 361.000 euros de dommages et intérêts.
La bataille des expertises commence
« J'ai considéré qu'une expertise était indispensable tant sur le plan de la conformité de l'installation électrique (de l'exploitation) que sur le plan sanitaire", a indiqué le juge. Il s'agit "de savoir si toutes les précautions d'usage ont été prises" par l'exploitant, a ajouté le juge qui avait entendu les deux parties lors d'une audience publique le 21 mars. "Nous sommes sur la voie de la reconnaissance des inconvénients liés aux THT. Cette demande d'expertise est à ma connaissance une première dans un tel dossier", a estimé l'avocat de l'éleveur Me Doutressoulle, interrogé par l'AFP. Pour l'avocat de RTE au contraire la demande d'expertise électrique montre que "le juge considère que notre argument est suffisamment pertinent". "Le juge va même au delà de notre argumentation" en demandant une expertise sanitaire, ajoute-t-il. Selon Me Doutressoulle, la justice s'apprête à examiner trois affaires similaires à Coutances (Manche), notamment le 14 juin en référé pour une exploitation à Isigny-le-Buat.
Une ligne THT pour transporter l'électricité produit par le future réacteur de Flamanville
Ce même mercredi, cinq opposants au projets de ligne à très haute tension Cotentin-Maine -dont un maire- ont été relâchés après une dizaine d'heures de garde à vue pour opposition au chantier d'utilité publique au Chefresne, dans la Manche. Les arrestations ont eu lieu alors qu'une bonne trentaine de militants tentaient mercredi matin d'empêcher des camions d'accéder au chantier de construction d'un pylône de la future THT.
Les opposants à cette ligne, qui doit acheminer notamment l'électricité qui sera produite par le réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville (Manche), se relaient depuis plus de deux mois dans un champ pour organiser leur «résistance» aux travaux. Sur ce terrain, appartenant au maire de Chefresne, Jean-Claude Bossard , candidat Europe Ecologie-Les Verts aux régionales de 2010, ils ont construit des plateformes dans les arbres pour y surveiller la filiale d'EDF chargée de construire la ligne.
420 pylônes à ériger
Les travaux de la THT Cotentin-Maine, d'une longueur de 160 km, ont démarré début 2012, pour une mise en service en 2013. Elle doit traverser également l'Ille-et-Vilaine, le Calvados et la Mayenne. 420 pylônes doivent être érigés. Les opposants, qui redoutent des effets sur la santé des ondes émises par ses lignes, multiplient les actions de blocage. Selon l'avocat du maire, celui-ci n'a fait mercredi que brandir son arrêté municipal s'opposant à la ligne THT, arrrêté que l'Etat n'a jamais fait invalider par la justice contrairement à plusieurs autres arrêtés du même type. Le vice-président EELV de Basse-Normandie François Dufour a apporté son soutien dans un communiqué à Jean-Claude Bossard.
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