Bruxelles présente un projet pour labelliser « vert » le nucléaire

Le texte fixe des critères permettant de classer comme « durable » les investissements dans les centrales nucléaires ou à gaz naturel pour la production d’électricité. Ce projet s’inscrit dans l’objectif européen de neutralité carbone à l’horizon 2050. C’est une victoire pour la France pour souhaite relancer son programme nucléaire face à de nombreux pays européens hostiles à l’atome, comme l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique ou le Luxembourg.
Le nucléaire, qui bénéfice d'un regain d'intérêt dans le monde, fournit 70% de l'électricité en France.
Le nucléaire, qui bénéfice d'un regain d'intérêt dans le monde, fournit 70% de l'électricité en France. (Crédits : Reuters)

La décision sur la taxonomie européenne, un système de classement pour une finance durable, est prise. Bruxelles a dévoilé, samedi 1er janvier, son projet de texte visant à qualifier d'investissement « vert » les centrales nucléaires et au gaz naturel. Cette décision, prise après un an de bataille entre les gouvernements européens, permettra de faciliter le financement de centrales nucléaires et à gaz, désormais qualifiées de respectueuses de l'environnement, dans le cadre de l'objectif européen de neutralité carbone d'ici 2050.

« Compte tenu des avis scientifiques et des progrès technologiques actuels, ainsi que de la diversité des défis liés à la transition auxquels sont confrontés les États membres, la Commission estime que le gaz naturel et le nucléaire ont un rôle à jouer pour faciliter la transition vers un avenir essentiellement fondé sur les énergies renouvelables », a souligné la Commission européenne dans un communiqué.

Les États membres et un groupe d'experts doivent désormais examiner le projet, qui pourrait être modifié avant sa présentation dans les quinze jours, avant un texte définitif prévu avant la fin janvier. Le Parlement européen aura cependant la possibilité de rejeter le texte par un vote à la majorité simple, dans un délai de quatre mois.

Une victoire pour la France

Ce projet de l'exécutif européen est incontestablement une victoire pour la France, où le nucléaire fournit déjà 70 % de son électricité, et qui souhaite relancer son programme nucléaire.

La France, notamment, où le nucléaire fournit 70% de l'électricité, milite activement pour l'intégration du nucléaire dans la "taxonomie verte" de l'UE. Elle s'oppose sur ce point à l'Allemagne, qui a entériné l'abandon du nucléaire après l'accident de Fukushima en 2011, ou à l'Autriche.

D'autres pays d'Europe centrale, comme la Pologne ou la République Tchèque, toujours très dépendants du charbon, souhaitaient également une initiative dans ce sens. Cette classification (sous conditions quand même) du nucléaire et du gaz naturel permettront de réduire les coûts de financement de ces centrales, alors que les investisseurs exigent de plus en plus de label « vert » dans leurs portefeuilles.

A l'inverse, certains pays, comme l'Allemagne, l'Autriche et le Luxembourg, ont ardemment milité en faveur de l'exclusion de l'atome dans la classification « verte » des énergies. Ces pays, menés par l'Allemagne qui a entériné l'abandon du nucléaire après la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, sont engagés dans des stratégies de sortie de nucléaire dans leur approvisionnement énergétique. Ils ont été récemment rejoints par la Belgique.

Les associations et partis écologistes s'oppose également à cette décision de Bruxelles de classer comme « durables » les investissements dans les centrales nucléaires, en raison de la production de déchets radioactifs, dont le stockage sur très longue durée, reste un casse-tête, des risques d'accidents mais aussi d'un coût de production croissant, supérieur à celui des énergies renouvelables.

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) en Autriche a déclaré sur Twitter que la classification du gaz et du nucléaire d'écologiques conduirait à « des investissements de plusieurs milliards dans des industries nuisibles au climat ». Les pro nucléaires jugent en revanche que les énergies renouvelables ne peuvent répondre seules aux besoins en électricité de l'Europe.

Un classement sous conditions

Toutefois, l'inclusion du gaz naturel et du nucléaire sera soumise à des conditions claires et strictes. Le projet de la Commission européenne propose ainsi de qualifier d'écologiques les investissements dans les centrales nucléaires si le projet dispose notamment de fonds et d'un site pour éliminer les déchets radioactifs en toute sécurité.

Pour être considérées comme "vertes", les nouvelles centrales nucléaires doivent recevoir un permis de construire avant 2045. Concernant les travaux permettant de prolonger la durée de vie des centrales existantes, ils devront être engagés avant 2040. Des garanties dans le traitement des déchets et le démantèlement des centrales en fin de vie sont également exigées.

De même, les investissements dans les centrales au gaz naturel, qualifié d'énergie de transition, seront considérés comme "verts" si ces dernières émettent des émissions inférieures à 270g d'équivalent CO² par kilowattheure, à condition qu'elles remplacent une centrale à combustibles fossiles plus polluante et reçoivent un permis de construire avant le 31 décembre 2030. Après 2030, les centrales au gaz naturel devront émettre moins de 100g d'équivalent CO² par kWh, un seuil qui ne peut pas encore être atteint avec les technologies existantes.

(avec Reuters)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 25
à écrit le 04/01/2022 à 21:23
Signaler
Butane CH4 + 2O2 → CO2 + 2H2O Propane C3H8 + O2 → CO2 + H2O les deux molécules qui séquestrait la molécule carbone produisent du CO2 ! Je ne comprends pas pourquoi le gaz reste une énergie verte, c'est tout à fait le contraire puisque l'Europe con...

à écrit le 03/01/2022 à 21:51
Signaler
La planète – et nous – sommes finis. 60 ans de dechets nucléaires, combustibles usées, les matières les plus toxiques jamais créés, toujours stockées dans les centrales sous l'eau dans les piscines, qu'il faut refroidir activement tout le temps, faut...

le 04/01/2022 à 21:33
Signaler
Bonaparte, les déchets sont enterrés à des profondeurs qui permettent de rendre ces déchets quasi indétectable en terme de radioactivité. Votre argument ne tient pas, surtout qu'en France, nombre de villes et villages sont construit au dessus de zone...

à écrit le 03/01/2022 à 17:24
Signaler
"le projet dispose notamment de fonds et d'un site pour éliminer les déchets radioactifs en toute sécurité." Et la France peut-elle remplir les conditions dans les délais???

à écrit le 03/01/2022 à 14:02
Signaler
Le volume des dechets hautement radioactif qui ont été générés par les centrales nucléaire depuis leurs mises en route tient dans un bâtiment de la taille d'un gymnaste !!! hormis les ayatollahs anti nucleaire , ca ne pose pas de gros problèmes de st...

le 03/01/2022 à 15:00
Signaler
Concernant le gaz, le cadeau semble bien empoisonné: "si ces dernières émettent des émissions inférieures à 270g d'équivalent CO² par kilowattheure". Les technologies d'aujourd'hui donnent 0,352g CO2 eq /kWh pour les groupes « co-génération » et « c...

à écrit le 03/01/2022 à 13:36
Signaler
J'aurais tendance à voire la verre à moitié vide. L'éolien terrestre est extrêmement polluant du fait des gigantesques fondations en béton qu'il faut démanteler obligatoirement en fin de vie de l'éolienne (au bout de seulement 20 ans...). Le nucléa...

le 03/01/2022 à 21:54
Signaler
Il fait au moins 10 ans de la production d'un CNPE pour recompenser les GHG emis dans sa construction. Un CNPE est le plus grand consommateur du beton (et de l'inox) de n'importe quel autre structure.

à écrit le 03/01/2022 à 12:12
Signaler
Deux remarques de fond, qui montrent l'absurdité inquiétante du raisonnement de nos technocrates bruxellois : - "centrales nucléaires et à gaz, désormais qualifiées de respectueuses de l'environnement, dans le cadre de l'objectif européen de neutra...

à écrit le 03/01/2022 à 11:41
Signaler
Peut-on, enfin, abandonner ce vocable "vert" pour parler vrai et parler enfin de notre problème majeur: les émissions CO2 et autres gaz à effet de serre? Le gaz n'est certainement pas "vert", ni décarboné, mais est nécessaire à l'éolien (qui n'est p...

le 03/01/2022 à 15:07
Signaler
L'objectif à terme sont des 100g d'équivalent CO² par kWh. A partir du moment ou le CO2 est capturé afin de ne pas l'envoyer dans l'atmosphère, pourquoi pas. Selon moi, l'objectif principal pour l'Europe est de sortir du gaz parce que la ressource va...

le 03/01/2022 à 16:17
Signaler
Vous avez raison. Arrêtons avec ce terme vert qui ne veut plus rien dire. Les soit disant verts ne sont vert que sur les bords. A l'intérieur c'est rouge écarlate.C'est pour cela qu'à chaque fois que j'entends le mot vert, je vois rouge.

à écrit le 03/01/2022 à 10:40
Signaler
Il faut préciser d'où vient cette information et à quel niveau elle en est : ceci est une proposition de la Commission (issue du commissaire français) au milieu de tant d'autres et elle n'a passé aucun filtre (Conseil des ministres, parlement europée...

à écrit le 03/01/2022 à 9:14
Signaler
Sans être pro nucléaire l Allemagne et l autriche peuvent elles nous expliquer en quoi le remplacement du nucléaire par des centrales à lignite ou au gaz russe est moins polluant ou moins dangereux… c est une beauté hypocrisie allemande … j » j ab...

le 03/01/2022 à 14:03
Signaler
Ou au gaz qui génère des tonnes de CO2 dans leurs centrales

à écrit le 02/01/2022 à 20:12
Signaler
Face aux affirmations de WWF, qu'on nous explique en quoi le nucléaire est une atteinte contre le climat, puisque l'énergie produite est totalement decarbone...Une atteinte à l'environnement serait bien plus crédible, en cas de doute sur les protocol...

le 03/01/2022 à 11:51
Signaler
Il suffit de regarder d'où vient le financement du WWF et de Greepeace pour comprendre pourquoi la filière nucléaire française les gène. Les Etats Unis ne sont pas nos amis.

à écrit le 02/01/2022 à 16:39
Signaler
Pas d'éoliennes sans puissantes centrales pilotables et là ça bloque. L'autre question serait peut être quel type de centrales pilotables. Je crois que nous avons perdu beaucoup d'années de RD sur le nucléaire et nous le payons maintenant en outre le...

à écrit le 02/01/2022 à 15:47
Signaler
C'est juste honteux ! Le nucléaire finira par polluer définitivement notre planète. Déjà 4 centrales ont explosé sur notre terre. Une centrale nucléaire c'est de la mécanique et des hommes donc pas de fiabilité à 100% comme les avions, les fusées et ...

le 02/01/2022 à 17:29
Signaler
Honteux ? Et les milliers de morts annuels à cause des centrales au charbon allemandes, on en parle ? Et de notre côté de le frontière aussi !

le 02/01/2022 à 17:36
Signaler
Début Décembre 2021.... Nucléaire : importante fuite radioactive à la centrale du Tricastin Une énorme quantité de tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène, a été mesurée dans les eaux souterraines de l’unité de production d’électricité. ...

le 02/01/2022 à 17:45
Signaler
Le nucléaire est à l'image de ce que l'Humanité fait dans tous les domaines en fermant les yeux sur la poussière balayée sous les tapis. Pollution au plastique et au mercure dans les océans, annihilation de la vie, destruction de la biosphère, émissi...

à écrit le 02/01/2022 à 15:21
Signaler
Il est urgent d'attendre ! Si le gaz est bio peut être que le diesel le deviendra ? En tout cas les décisions à l'emporte pièce dirigées par des lobbies sont toujours une mauvaise chose pour le plus grand nombre . Nous voyons le résultat avec l'an...

à écrit le 02/01/2022 à 15:06
Signaler
Donc, si j'ai bien compris, c'est du binaire ? Durable, ou pas durable ? Ca n'a pas de sens, toute technologie a ses avantages et ses inconvénients

à écrit le 02/01/2022 à 14:47
Signaler
Quand les intérêts des multinationales sont en jeu, Bruxelles s'aplatit!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.