Crise de l'énergie : le Mozambique envoie sa première cargaison de gaz naturel liquéfié pour soulager l’Europe

Pour la première fois, le navire méthanier britannique Sponsor LNG a quitté le terminal d'exportation d'Eni au Mozambique, afin d’acheminer du gaz naturel liquéfié dans une Europe assoiffée de gaz. Mais les attaques liées à l'État islamique pourraient continuer de freiner les ambitions du pays en la matière.
(Crédits : Stringer Egypt)

C'est une nouvelle qui devrait soulager l'Europe, confrontée à un risque de pénurie de gaz naturel après la diminution des flux d'hydrocarbures en provenance de Russie, du fait de la guerre en Ukraine. En effet, le Mozambique, pays d'Afrique australe, a officiellement commencé à exporter du gaz naturel liquéfié (GNL), a annoncé dimanche le président, Filipe Nyusi. "C'est avec grand honneur que j'annonce le début de la première exportation de gaz naturel liquéfié", a-t-il déclaré dans une déclaration vidéo.

La première cargaison de gaz a été produite à l'usine offshore Coral Sul, gérée par le groupe italien Eni, a ajouté le chef de l'Etat, se félicitant que son pays entre ainsi dans "les annales de l'histoire du monde". Il s'agit de la première exportation réalisée dans le cadre d'un contrat à long terme d'achat et de vente avec le géant britannique BP, couvrant les volumes totaux de GNL produit au Mozambique, a précisé le président Nuysi.

Selon lui, le pays offre "un environnement stable, transparent et prévisible pour la réalisation d'investissements de plusieurs milliards". Première installation flottante de gaz naturel liquéfié déployée en eaux profondes au large de l'Afrique, l'unité de liquéfaction Coral Sur peut produire 3,4 millions de tonnes de GNL par an.

"Sécurité énergétique de l'Europe"

Le PDG d'Eni, Claudio Descalzi a salué une "avancée significative" dans la stratégie de l'entreprise de faire du gaz une source "pouvant contribuer de manière significative à la sécurité énergétique de l'Europe, notamment par la diversification croissante des approvisionnements", malgré l'impact carbone de cet hydrocarbure tout au long de la chaîne.

De fait, après l'invasion de l'Ukraine, la Russie a considérablement baissé ses livraisons de gaz à l'Europe. Si bien que nombreux Etats sont désormais en concurrence pour avoir accès au gaz naturel liquéfié. Mais ce gaz est beaucoup plus cher à importer que celui qui arrivait via les gazoducs entre la Russie et l'Europe, et le manque d'offre par rapport à la demande tire un peu plus les prix à la hausse. Résultat : les cargaisons se dirigent vers les plus offrants, et aggravent la crise énergétique dans des pays moins riches que l'Europe, comme le Pakistan.

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Projets suspendus à cause des conflits

Le Mozambique place de grands espoirs dans de vastes gisements de gaz naturel, les plus importants jamais découverts au sud du Sahara, qui ont été découverts dans le nord de la province de Cabo Delgado en 2010. Une fois exploités, ces gisements pourraient faire du Mozambique l'un des dix plus grands exportateurs du monde.

Mais la situation politique sur place pourrait entraver ce projet : la province pauvre du Cabo Delgado, à majorité musulmane, est en proie aux attaques de combattants jihadistes affiliés au groupe Etat islamique qui ont fait près de 4.000 morts depuis octobre 2017, selon l'ONG Acled qui collecte des données dans les zones de conflit. Les violences ont aussi provoqué la fuite de 820.000 personnes. Une attaque d'ampleur en 2021 dans la ville côtière de Palma avait contraint le géant français TotalEnergies à suspendre son projet gazier d'un montant de 16,5 milliards d'euros. Un projet de l'Américain ExxonMobil est également suspendu.

Depuis juillet, le Rwanda et les pays voisins d'Afrique australe ont déployé plus de 3.100 soldats en appui à l'armée mozambicaine en difficulté. Les groupes jihadistes retranchés dans les terres ont toutefois continué à mener des attaques sporadiques, adoptant une tactique plus classique de guérilla.

En septembre, le président mozambicain a estimé "pertinent" de prévoir une reprise de l'activité sur les futurs sites de production de gaz naturel dans le nord du pays. Le pays a traversé une longue guerre civile qui a duré quinze ans après le départ du colon portugais en 1975 et fait près d'un million de morts. Après un accord de paix en 1992, la rébellion était devenue un parti politique. En 2013, les rebelles avaient repris les armes, jusqu'à un nouvel accord en 2019.

Lire aussiL'Europe reconstitue ses stocks de gaz grâce au GNL...russe, en toute légalité

(Avec AFP)

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Commentaires 10
à écrit le 14/11/2022 à 9:00
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he ben ca change des cargos de migrants! l'europe n'est plus trop habituee a avoir des cargos avec des biens ou matieres premieres...

le 14/11/2022 à 10:16
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Elle est en revanche habituée à inonder l'Afrique de ses déchets, et de ses produits manufacturés (lait industriels, poulets congelés) qui coulent les producteurs locaux, elle est également habituée à corrompre (Bolloré et consorts). Et ça, ça ne cha...

à écrit le 14/11/2022 à 0:34
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Il serait moins coûteux et plus respectueux de l'environnement d'exploiter nos propres ressources en hydrocarbures non conventionnels et conventionnels, par exemple au large de la Guyane. Mais Ursula ne serait pas d'accord.

à écrit le 13/11/2022 à 21:00
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Quand donc serons nous matures pour comprendre de laisser nos entreprises travailler pour satisfaire notre besoin énergétique croissant Français Pourrait-on entendre un autre discours plus cohérent des médias Il est temps de dire au pays chiffres à ...

à écrit le 13/11/2022 à 19:58
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Quand on est "assoiffée" dans un désert, on ne jette pas la seule ressource que l'on est pour s'hydrater avant dans trouver une autre.. Prévoir c'est gouverner et gouverner, c'est protéger déjà ses concitoyens. Lors d'un nauvrage on sauve ses gosse...

le 13/11/2022 à 23:15
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A servi à ce que les baby-boomers égoïstement conservent leur pouvoir d achat sans faire d efforts / retraite alors que leur productivité étaient médiocre … qui payent ? Les générations post 1960…. Y en a marre qu on mettent ses hippies aux mêmes ré...

à écrit le 13/11/2022 à 19:28
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Le journaliste a bien dit: l'Europe prend le gaz qui aurait du aller aux pays pauvres de la région. Mais bon, notre gouvernement va remercier le Mozambique. Bientôt, ce sera le Bangladesh qui aidera l'Europe. Question... combien d'argent va réellemen...

à écrit le 13/11/2022 à 18:35
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L'Europe a donc bien abandonné son fournisseur russe en se bouchant le nez de manière très inconsidérée, visiblement...

le 13/11/2022 à 20:00
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@Britannicus:" Fournisseur" en parlant de la Russie est un mot qui ne convient pas à un pays qui terrorise ses voisins, menace le Monde de terreur nucléaire et envoie son propre peuple à l'abattoir. Il y avait sans doute (hélas comme partout dans ...

le 14/11/2022 à 8:05
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@Valbel89 : un pays qui "fournit" du gaz et d'autres matières premières est bien un "fournisseur". Les jugements moraux ne font pas une stratégie ni une politique ni une économie. L'histoire de la France, depuis 2000 ans, est-elle si exempte de guer...

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