Crise énergétique : l'UE importe de plus en plus de GNL, au risque de « faire dérailler ses objectifs climatiques »

Selon l'ONG américaine Global Energy Monitor, les projets des pays européens qui prévoient de plus que doubler les capacités de terminaux d'importation en GNL, « menacent de faire dérailler les objectifs climatiques de l'UE tout en faisant peu pour répondre à la crise énergétique ». L'Europe compte en effet davantage sur le gaz naturel liquéfié pour compenser l'arrêt des livraisons de gaz russe.
L'Allemagne a annoncé, le 9 décembre, que le pays se préparait à accueillir son premier terminal méthanier flottant chargé de GNL.
L'Allemagne a annoncé, le 9 décembre, que le pays se préparait à accueillir son premier terminal méthanier flottant chargé de GNL. (Crédits : Reuters)

Comment assurer l'approvisionnement énergétique des ménages et des industriels européens tout en gardant le cap des objectifs climatiques qu'ils se sont fixés ? C'est le difficile équilibre qu'essayent de trouver les Vingt-Sept confrontés à la réduction drastique de leurs approvisionnements en gaz russe depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Côté climat, la Commission européenne vise, en effet, une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici à 2030 en diminuant notamment la dépendance aux énergies fossiles comme le gaz. Elle estime que la mise en œuvre de son paquet climat européen (Fit for 55) permettrait de réduire la consommation de gaz dans l'Union européenne de 30%, l'équivalent de 100 milliards de mètres cubes, d'ici 2030.

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Des capacités d'importations plus que doublées

Mais pour l'ONG américaine Global Energy Monitor, la balance pèse en défaveur de ces ambitions. C'est du moins ce qu'elle démontre dans un rapport publié ce vendredi, mettant en cause les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL), jadis moins privilégiées par l'Europe car plus onéreuses que le gaz naturel livré par gazoducs internationaux. « Malgré les objectifs officiels visant à réduire la demande de gaz de l'UE, les pays européens prévoient de plus que doubler les capacités de terminaux d'importation en GNL en réponse aux perturbations de l'approvisionnement en gaz russe », souligne l'ONG dans son étude.

Selon son décompte, 26 nouveaux projets de terminaux portuaires d'importation de GNL ont été annoncés ou relancés sur le continent (y compris au Royaume-Uni) depuis la guerre en Ukraine en février, dont 9 rien qu'en Allemagne, qui dépendait à 55% du gaz russe avant le conflit.

Ces terminaux équipés d'unités de regazéification permettent d'importer du gaz naturel transporté par voie maritime sous forme liquide. Berlin a d'ailleurs annoncé, le 9 décembre, que le pays se préparait à accueillir son premier terminal méthanier flottant chargé de GNL.

Le « Hoegh Esperanza » doit accoster à Wilhemshaven dans les prochains jours, chargé d'une quantitéde  GNL nigérian équivalant « à la consommation de 50.000 foyers pendant un an », avait affirmé une porte-parole du ministère de l'Économie.

Le gaz sera ensuite envoyé dans le réseau allemand, dès le « 22 décembre », avait précisé l'énergéticien Uniper, qui gère le terminal. Il s'agit du premier terminal GNL en Allemagne qui pourra fournir chaque année l'équivalent de 20% de ce que représentaient les importations de gaz russe.

« Menace de faire dérailler les objectifs climatiques »

Tous ces nouveaux projets, annoncés ou relancés, auront la capacité d'injecter 195 milliards de mètres cubes de gaz pour un coût minimal de 7 milliards d'euros, selon les données collectées par l'ONG.

À titre de comparaison, le suivi des infrastructures de gaz montre que « les terminaux d'importation en exploitation de l'UE disposaient de 164 milliards de m3/an de capacité de regazéification disponible. L'UE a importé 155 milliards de m3 de gaz en 2021 de Russie, y compris en GNL », détaille l'ONG.

Cependant, l'hiver prochain et les suivants, quand il n'y aura plus de gaz russe pour remplir les réserves, l'Europe va devoir se reposer encore davantage sur le GNL. Toutefois, « il n'y a pas assez de gaz dans le monde pour remplacer le gaz russe », pointait au début du mois Graham Freedman, analyste au cabinet Wood Mackenzie. D'autant que ce n'est que vers 2025 ou 2026 que les nouveaux projets de GNL produiront des millions de tonnes supplémentaires.

Pour Global Energy Monitor, « ces propositions de projets menacent de faire dérailler les objectifs climatiques de l'UE tout en faisant peu pour répondre à la crise énergétique, car la plupart des contrats de GNL garantis à ce stade par les acheteurs de l'UE devraient commencer à partir de 2026 pour une durée de 15 à 20 ans », poursuit l'ONG.

« Beaucoup de temps, d'argent et la suppression des garde-fous environnementaux ont été consacrés au grand pari du GNL en Europe cette année », estime Greig Aitken, chef de projet du programme "Europe Gas Tracker" pour Global Energy Monitor.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 18/12/2022 à 12:19
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L Europe dans ce cas devrait exploiter son propre gnl.plutot que dépenser nos sous

à écrit le 16/12/2022 à 22:01
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Nous sommes dirigés par des nouilles soumises a l empire , cette guerre n'est pas la notre , mais le chef de meute a décidé de nous ruiner , le gaz puis les gazoducs et lâchement nos oligarques regardent ailleurs ! L atlantisme est une honte et l 'o...

à écrit le 16/12/2022 à 18:29
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Bonjour, Voila pour faire plaisir a une ONG nous devons mourir de froids... S'est vrais a 19 degrés ils fait trops chauds dans les habitations... D'ailleurs les cosmiques qui ons défini les objectifs climatique étaient a la rue comme toujours....

le 16/12/2022 à 19:18
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J'ai 17°C chez moi depuis 3 hivers, et ne suis pas gelé (momifié). Ça réduit de 15% le gaz consommé vs 18°C. A 15°C c'est encore vivable, moins en maillot de bain, il faut un peu se couvrir. Quand on se promène dehors avec 0°C, on ne tombe pas malad...

le 16/12/2022 à 20:41
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@rogger. 19 degrés dans une maison correctement isolée ( sans être pour autant une bouteille thermos) chauffée par le sol avec une "bonne" pompe à chaleur installée et paramétrée dans les règles de l'art, vous êtes confortable...à 18°C c'est enco...

à écrit le 16/12/2022 à 16:46
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au risque de « faire dérailler ses objectifs climatiques » : haha, mais vous y croyez, sérieusement, aux objectifs climatiques ?

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