
25 milliards d'euros : c'est la somme colossale que l'énergéticien français va devoir débourser chaque année pour ses investissements.
« Jamais dans l'histoire le groupe EDF n'a eu à investir autant dans plusieurs domaines en même temps », a déclaré son PDG, Luc Rémont, ce mercredi 19 juillet.
C'est en effet une hausse des investissements de +52% par rapport à 2022 où ils avaient atteint 16,4 milliards d'euros. Et même de +78% par rapport à 2020 où ils s'étaient élevés à 14 milliards d'euros, d'après les résultats financiers du groupe.
Ces quelque 25 milliards d'euros d'investissements annuels prévus - à une échéance non précisée - seraient concentrés à 80% sur la France, d'après le PDG.
L'Arenh à nouveau pointé du doigt
Luc Rémont était auditionné ce mercredi par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Selon lui, EDF s'engage sur « ce chemin escarpé » d'un investissement record en étant lesté d'une dette de 65 milliards d'euros.
C'est pourquoi le PDG a une nouvelle fois plaidé en faveur de contrats à long terme comme base du modèle économique du groupe post-2025, après la fin de la régulation actuelle de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), dont l'électricien critique de longue date l'impact négatif sur ses comptes. Celui-ci l'oblige aujourd'hui à vendre un certain volume de son productible à 42 euros par mégawattheure (MWh), un prix qui ne reflète plus ses coûts de production, et qui a largement contribué à sa dégradation financière.
« Pour aborder la phase d'investissements (qui se profile), il est indispensable que nous travaillions à un nouveau consensus national sur ce qu'est le prix de l'électricité (...), sans quoi EDF ne sera pas en mesure de dégager les ressources qui sont nécessaires pour assurer sa propre continuité d'exploitation », estime Luc Rémont.
Nouveau modèle économique à trouver
Depuis plusieurs mois, EDF et le gouvernement n'arrivent pas à s'accorder sur le tarif de l'électricité auquel pourront avoir accès les industriels français, qui sont à la recherche de compétitivité et de visibilité. L'exécutif plaide pour fixer un prix le plus attractif possible malgré les impacts sur les finances de l'énergéticien, quand ce dernier s'oppose à un montant trop faible.
« C'est évidemment un défi colossal pour l'entreprise d'être capable de soutenir (sa) courbe (d'investissements), mais c'est possible, et c'est possible sans faire exploser les prix, c'est possible avec une approche raisonnable sur le plan marchand (...) qui permet d'avoir, sur la base des contrats de long terme, quelque chose de raisonnable pour nos concitoyens ».
L'État attendu au tournant des financements
Le groupe, désormais renationalisé à 100% depuis le 8 juin, doit faire face à de nombreux défis industriels et financiers. Luc Rémont a d'ailleurs répété qu'EDF ne pourrait financer seul la construction de nouvelles centrales et aurait donc besoin de l'aide de l'État.
Le gouvernement a justement prévu de préciser fin 2024 les modalités de financement du projet de construction d'au moins six nouveaux réacteurs de type EPR2. Mobilisation du livret A, prêts à taux zéro, recours à la dette de l'État et à celle des acteurs privés, ou encore appel aux fonds propres d'EDF... « Nous n'excluons aucune option », a déclaré le ministre de l'Économie Bruno Le Maire la semaine dernière. Il s'agit en tout cas de trouver au moins 51,7 milliards d'euros d'ici à 2042. Soit 43,1 milliards d'euros de coûts directs, et 8,6 milliards de provisions pour risques sur le démantèlement et la gestion des déchets.
Le PDG d'EDF a par ailleurs confirmé l'objectif de 300-330 térawatts-heure (TWh) de production nucléaire en France en 2023, ajoutant qu'un niveau de 350 TWh était visé dès 2025.
(Avec Reuters)
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