
[Article mis à jour le 08/07/2023 à 17:30 avec les déclarations de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et de Jean-Pierre Clamadieu, président d'Engie]
Entre des bons niveaux de stockage du gaz et le déclin de la demande d'énergie, la France devrait passer l'hiver 2023-2024 sans trop de difficultés. Et ce même si le pays importe encore 98% de son gaz et 99% de son pétrole, a rappelé, ce 8 juillet, l'économiste Patrice Geoffron en ouverture d'une table-ronde sur l'énergie lors des Rencontres économiques d'Aix.
« La production remonte. Nous abordons l'hiver prochain avec sérénité en pouvant compter sur l'effort de sobriété », a ainsi assuré Luc Rémont, le pdg d'EDF.
Un optimisme quelque peu douché par son homologue de TotalEnergies. « Oui, les stocks seront pleins en octobre, mais si l'hiver est froid, il faudra rapporter du gaz naturel liquéfié (GNL) », a nuancé Patrick Pouyanné, qui s'est dit « un peu moins serein ».
Risque de « superchoc » si les Etats-Unis réduisent leurs exportations
En réalité, le patron de la compagnie pétrolière redoute l'hiver 2024-2025 avec l'élection présidentielle américaine. Au cas où les Républicains sont élus face au démocrate Joe Biden, ils pourraient ne plus exporter de gaz et de pétrole, a-t-il averti. Auquel cas, ce « risque systémique » deviendrait un « superchoc » pour l'Europe. De fait, le Vieux continent compte largement sur le pays de l'oncle Sam pour son approvisionnement en hydrocarbures : en 2022, jamais l'Europe n'avait importé autant de GNL acheminé par bateaux en provenance des Etats-Unis, afin de remplacer les volumes russes manquants du fait de la guerre en Ukraine.
De son côté, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est voulu rassurant. « Aujourd'hui, il n'y a pas d'inquiétude à avoir concernant le stockage de gaz et la situation gazière en France ou en Europe », a-t-il déclaré dans l'après-midi. « Nous devons bien entendu rester vigilants », a-t-il ajouté. Et d'insister sur la nécessité d'avoir « accès au GNL pour affronter le prochain hiver sans difficulté ».
Engie se montre rassurant
Engie s'est également montré moins inquiet. « Une pénurie physique [de gaz, ndlr] l'an prochain, je n'y crois pas », a affirmé son président, Jean-Pierre Clamadieu, interrogé par La Tribune. Le Vieux continent ne dépend d'ailleurs pas que des Etats-Unis en la matière, mais aussi de la Norvège, des Pays-Bas et de l'Algérie, a rappelé la directrice générale d'Engie, qui pousse par ailleurs à une « vision partagée » sur l'hydrogène.
« Cela me chagrine, cela m'inquiète. Allons-y ! », a exhorté Catherine MacGregor, sous les applaudissements du public.
Pour rappel, dans le scénario d'Engie pour la décarbonation de l'Europe présenté le 12 juin dernier, le mix énergétique du Vieux continent reposerait à 33% sur le vecteur gaz en 2050. Notamment le biométhane, issu de la fermentation de matières organiques, mas aussi et surtout l'hydrogène, produit à partir d'électricité bas carbone, et dont la demande serait multipliée par 8 d'ici à 2050.
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