En 2022, l'Allemagne a encore manqué ses objectifs d'émissions de gaz à effet de serre

Si l'Allemagne est parvenue à réduire ses émission de CO2 de près de 39% par rapport à 1990, elle reste encore loin de l'objectif de les réduire de 65% d'ici 2030. L'année passée, le pays a ainsi dégagé 761 millions de tonnes de CO2. Le gouvernement veut accélérer les projets d'énergies renouvelables, multipliant les textes de loi pour les encourager.
En 2022, l'Allemagne a dégagé 761 millions de tonnes de CO2. Le bâtiment a fait partie des secteurs les plus émetteurs de CO2.
En 2022, l'Allemagne a dégagé 761 millions de tonnes de CO2. Le bâtiment a fait partie des secteurs les plus émetteurs de CO2. (Crédits : Reuters)

Ce ne sera pas pour cette fois. En 2022, l'Allemagne n'est pas parvenue à répondre à son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle espère atteindre la neutralité carbone d'ici à 2045 - cinq ans avant l'échéance fixée par la Commission européenne pour tout le continent.

À court terme, l'objectif d'un maximum de 756 millions de tonnes de CO2, inscrit dans la loi allemande sur la protection du climat, « a ainsi été dépassé de cinq millions de tonnes » l'année passée, selon les calculs du groupe d'experts Agora Energiewende. L'année passée, le pays a ainsi dégagé 761 millions de tonnes de CO2. Si les émissions ont chuté de près de 39% par rapport à 1990, le pays reste éloigné de l'objectif de les réduire de 65% d'ici 2030.

Une baisse par rapport à 2021 mais insuffisante

C'est néanmoins légèrement inférieur à la quantité émise en 2021, selon cette étude publiée ce mercredi. En 2022, la consommation d'énergie a, en effet, diminué de 4,7% sur un an, en partie à cause des augmentations massives des prix du gaz naturel et de l'électricité, liées à la guerre russe en Ukraine, et de la météo clémente. Cependant, l'utilisation accrue du charbon et du pétrole pour produire de l'électricité, en remplacement du gaz russe dont les livraisons se sont arrêtées, ont fait augmenter les émissions de rejets polluants.

Dans le détail, c'est le secteur des transports et du bâtiment qui connaît l'un des plus mauvais bilans, ayant, comme en 2021, manqué la cible de réduction, tandis que l'industrie y est parvenue grâce à des mesures d'efficience et à la réduction de la production.

Renforcer les énergies renouvelables

En guise de piste d'amélioration, Agora Energiewende incite le gouvernement allemand à considérablement accélérer le développement des énergies renouvelables. Si l'année passée, 46% de l'électricité a été produite à partir d'énergies renouvelables, soit un record, ce n'est encore pas suffisant. « En 2023, le gouvernement doit inverser la tendance : moins d'énergies fossiles et toujours plus de renouvelables », a commenté Simon Müller, directeur Allemagne chez Agora Energiewende.

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C'est bien ce qui semble prévu. D'ici 2030, Berlin entend se passer totalement du charbon, engagement prix la nouvelle coalition au pouvoir (SPD, Verts et Libéraux), contre 2038 initialement, et veut porter la part des renouvelables à 80% d'ici 2030. Pour y parvenir, le gouvernement d'Olaf Scholz a adopté d'importantes modifications législatives permettant l'installation plus facile d'éoliennes et de panneaux solaires.

Ainsi, 2% de la surface totale du territoire national, contre 1% à l'origine, seront affectés à l'éolien et les régions seront contraintes de mettre à disposition davantage de surfaces dans les années à venir. Selon les calculs d'Agora Energiewende, le rythme de construction des installations solaires devrait plus que doubler, celui des éoliennes terrestres plus que tripler et celui des parcs éoliens en mer presque décupler, le tout par rapport à l'année 2022.

« Nous sommes sur la bonne voie », s'est félicité le ministre de l'Economie Robert Habeck en référence, ce mercredi, constatant la légère baisse des émissions de CO2. Il a également reconnu qu'il restait beaucoup à faire notamment dans le secteur des transports, « point noir » de ce bilan annuel. Le parti écologiste auquel appartient le ministre milite sans succès pour limiter la vitesse sur les autoroutes. Un bilan officiel des émissions de CO2 pour 2022 sera présenté par l'Agence fédérale de l'environnement à la mi-mars.

Une année 2023 sous le signe du nucléaire et du charbon

Alors qu'Angela Merkel avait promis de sortir le pays de cette énergie suite à la catastrophe de Fukushima en 2011, Olaf Scholz est revenu sur cet engagement. Poussé par le risque d'une pénurie d'énergie cet hiver du fait de la baisse puis de l'arrêt des livraisons de pétrole russe, le chancelier a confirmé, en octobre dernier, que trois sites nucléaires seraient maintenus en activité.

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De même, l'Allemagne s'est résolue à augmenter l'exploitation du charbon face à la crise de l'énergie que connaît toute l'Europe actuellement. En mars déjà, un plan visant à réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles russes prévoyait que, « dans ce contexte, le démantèlement des centrales à charbon pourrait être suspendu jusqu'à nouvel ordre après une analyse » menée par le régulateur du secteur. Puis, en juin, le gouvernement a déclaré qu'il utiliserait des centrales à charbon dites « de réserve », ne servant actuellement qu'en dernier recours, pour garantir la sécurité énergétique du pays. La consommation de charbon était déjà en hausse avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des prix qui s'en est suivie. L'Allemagne s'était davantage appuyée sur cette énergie fossile pour pallier la sortie du nucléaire et en attendant que les énergies renouvelables se développent suffisamment. En 2021, la production d'électricité à partir de charbon avait crû de près de 18%.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 05/01/2023 à 6:31
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Bonjour, Et la france a atteinds s'est objectifs d'emision de gaz a zffets de serre.. Bon soyons honnête, ses objectifs ons etait deffinis par des ecolos complètement déconnecté de la réalité économique , sociologique de nos pays, bien sur ils n...

à écrit le 04/01/2023 à 19:33
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Il est clair que c'est plus difficile désormais de maitriser les émissions de GES qu'au début du processus de Tokyo/Paris. Surtout pour l'Allemagne qui a profité à plein de la restructuration des industries est allemandes (d'où le choix imposé par Be...

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