Éolien terrestre : l'ordre aux préfets d'accélérer les projets n'a eu aucun effet selon la filière

La consigne du gouvernement lancée en septembre aux préfets d'accélérer le traitement des projets d'énergies renouvelables est restée sans effet pour l'éolien terrestre selon France énergie éolienne (FEE). Près de 2 gigawatts de projets - l'équivalent de deux réacteurs nucléaires - attendent la signature préfectorale pour démarrer les travaux. Conséquence : ils ne seront pas opérationnels pour cet hiver alors que des tensions sont attendues sur le réseau électrique.
En 2021, 1.200 mégawatts (MW), soit 418 éoliennes, ont été installés. Ce sera environ 1.350 MW en 2022, loin des 1.900 MW annuels qu'il faudrait en moyenne pour tenir l'objectif, voté par le Parlement, de 34 gigawatts (GW) en 2028.
En 2021, 1.200 mégawatts (MW), soit 418 éoliennes, ont été installés. Ce sera environ 1.350 MW en 2022, loin des 1.900 MW annuels qu'il faudrait en moyenne pour tenir l'objectif, voté par le Parlement, de 34 gigawatts (GW) en 2028. (Crédits : Pascal Rossignol/Reuters)

Deux mois se sont écoulés depuis que le gouvernement a fait passer aux préfets une circulaire leur demandant de « mettre en place toutes les actions requises afin de faciliter et d'accélérer le traitement des dossiers » d'installation de projets d'énergies renouvelables. Un message pas suivi d'effet concernant l'éolien solaire.

« Il n'y a eu aucune accélération, aucun soubresaut même », assure Michel Gioria, le délégué général de France énergie éolienne (FEE), qui représente le secteur.

L'annonce de cette circulaire avait pourtant été saluée par la filière et avait suscité de nombreux espoirs. Selon FEE, près de 2 gigawatts (GW) de projets - l'équivalent de deux réacteurs nucléaires - sont en toute fin d'instruction. Il ne manque plus que la signature finale du préfet pour lancer les travaux. Une dernière étape incontournable : faute de paraphe, ils ne peuvent être lancés. Et ne sortiront ainsi pas de terre cet hiver. D'après le chef de file de la filière Michel Gioria, ils auraient pu contribuer à soulager les tensions sur l'approvisionnement électrique.

Lire aussiLes éoliennes terrestres, si mal aimées, vont rapporter près de 8 milliards d'euros à l'Etat

Le gouvernement sur le pont

Agnès Pannier-Runacher a récemment « repassé le message au corps préfectoral », indique-t-on ce mardi du côté du ministère de la Transition énergétique où l'on « suit ça de près ». Des courriers sont même prêts à partir vers certains territoires pour « débloquer certains projets », est-il précisé.

D'autres projets éoliens, moins avancés, pour 3 gigawatts supplémentaires, sont aussi en attente d'aval préfectoral pour lancer l'instruction, l'enquête publique ou encore la réunion des comités départementaux du paysage.

Pour rappel, la France est en retard sur ses propres objectifs, et seule en Europe à avoir raté sa cible de 2020, ce qui l'expose à une amende européenne de 500 millions d'euros. D'après l'Observatoire de l'éolien, publié chaque année par FEE et CapGemini, l'éolien a fourni 36,8 térawattheures (TWh) en 2021, soit 7,7% de la consommation française. C'est la deuxième source d'électricité renouvelable en France après l'hydraulique.

En 2021, 1.200 mégawatts (MW), soit 418 éoliennes, ont été installés. Ce sera environ 1.350 MW en 2022, loin des 1.900 MW annuels qu'il faudrait en moyenne pour tenir l'objectif, voté par le Parlement, de 34 gigawatts (GW) en 2028. À ce jour, la France affiche une capacité d'un peu plus de 20 GW (environ 9.000 éoliennes). « À un moment où la France manque d'électricité et doit en importer, il est impératif d'accélérer », considère Michel Gioria, relevant que seuls l'éolien terrestre, le photovoltaïque et le biogaz seront à même de produire plus d'énergie à très court terme, avant 2025.

Lire aussiLe gouvernement presse EDF d'optimiser ses capacités hydroélectriques et éoliennes

Un projet de loi qui ne rassure pas la filière

Les députés ont débuté ce lundi l'examen du projet de loi consacré aux énergies renouvelables en commission. Adopté au Sénat en première lecture début novembre, il a pour but d'accélérer la production d'énergies renouvelables et notamment de « rattraper le retard » de la France en matière d'éolien et de solaire en levant les « verrous administratifs et de procédures pour diviser par deux le délai de déploiement des projets », comme l'a décrit la ministre de la Transition énergétique devant les députés.

Mais la version du texte votée au Sénat s'apparente à « un outil d'arrêt de la transition énergétique », selon les termes de Mattias Vandenbulcke, responsable de la communication de FEE. L'association professionnelle estime notamment que la planification des zones pour l'éolien terrestre, confiée par le texte aux communes et aux intercommunalités, doit être « raccordée aux objectifs (nationaux de développement des renouvelables) et à un calendrier », explique-t-il.

De plus, le secteur s'alarme d'une disposition sénatoriale imposant un avis conforme de l'Architecte des bâtiments de France pour tout projet à moins de 10 km d'un monument historique. Selon FEE, ne seraient alors plus ouverts à l'éolien qu'un petit bout de Savoie et de Nouvelle-Aquitaine. La commission du développement durable de l'Assemblée nationale a voté lundi la suppression de cette disposition. Les députés doivent commencer l'examen du texte en plénière le 5 décembre prochain.

Lire aussiLa patronne d'Engie, Catherine MacGregor, monte au front pour défendre l'éolien terrestre

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 11
à écrit le 23/11/2022 à 18:39
Signaler
Bonjour a toutes et tous, Il ne faut pas se tromper. 2 GW d'eolien intermittent et proche de zero lors des anticylcones en hiver ne remplaceront jamais 2 GW de pilotable (Nucleaire, charbon ou gaz, 4g de CO2.kWh, 1100 g de CO2/kWh et 450 g de CO2/...

à écrit le 23/11/2022 à 14:10
Signaler
C'est terrible: vous voulez dire que l'autorité du gouvernement, cette volonté de se soumettre au lobby éolien ne suffit pas ? Il reste à déporter les habitants ds campagnes pour qu'ils arrêtent de s'opposer à la pollution inutile de leur cadre de vi...

à écrit le 23/11/2022 à 1:11
Signaler
Ces pretendus gouvernants loin des habitants, de la vie du pays. Atterant, tout simplement.

à écrit le 22/11/2022 à 21:35
Signaler
Encore une fois de plus, la France dans toute sa splendeur. Faut-il croire que les préfets n'ont jamais étudié la philo et qu'ils ignorent le paradoxe de Buridan? L‘âne de Buridan est cette fable philosophique pourtant célèbre et attribuée au philos...

à écrit le 22/11/2022 à 21:32
Signaler
Les Français (et les touristes qui viennent en France) ne veulent pas d'éoliennes ! Il faut le dire en quelle langue pour que ça soit entendu à Paris ?

le 22/11/2022 à 23:18
Signaler
Lol … vous prenez vos rêves pour des réalités … la France est le plus mauvais élève en Europe est en retard et va payer 500 millions d ale de car elle n est pas capable respecter sa signature et les votes parlementaires … une partie de la population...

à écrit le 22/11/2022 à 20:21
Signaler
EDF sait comment mettre les politiques dans sa main; il suffit de subventionner les campagnes politiques des candidats a la prefecture. Vieille recette, loin d etre le monopole d EDF. Ca marche a tout les coups

à écrit le 22/11/2022 à 18:46
Signaler
Bonjour, La France a la chance d'avoir énormément de cours d'eau et de rivière, en plus des éoliennes ( acheter en Allemagne) pourquoi ne pas remettre tous les moulins a eau en service et produire de l'électricité 24/24 ... Voilà une question intér...

le 22/11/2022 à 21:42
Signaler
Les rivières et cours d'eau subissent régulièrement la sécheresse cette dernière décennie. Par contre, nous pourrions transformer nos zélites en moulins à vent, là nous aurions suffisamment d'énergie électrique.

à écrit le 22/11/2022 à 18:33
Signaler
La crise actuelle a beau montrer de façon évidente la nocivité de l'éolien en particulier terrestre qui, du fait de son intermittence, conduit à une dépendance aux énergies fossiles et en particulier à la filière gaz pour compenser les fluctuations b...

à écrit le 22/11/2022 à 18:22
Signaler
C'est assez incroyable ces procédés: en gros les lobbies décident, l'état pousse voire finance partiellement et les préfets signent.. Sachant que la durée de vie est de l'ordre de 20 ans, disons 30, il risque d'y avoir des crispations avec les démant...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.