Rusal : réglements de comptes entre milliardaires russes

L'un des principaux actionnaires du numéro un mondial de l'aluminium, Viktor Vekselberg, a démissionné du conseil d'administration du groupe d'aluminium à la suite d'un conflit avec le PDG, Oleg Deripaska.
Oleg Derispaka Copyright Reuters

Le milliardaire Viktor Vekselberg a claqué bruyamment la  porte de Rusal. Le numéro un mondial de l'aluminium, « traverse une crise profonde provoquée par la direction du groupe », a déclaré mardi matin le milliardaire, qui quitte du même coup la présidence du conseil d'administration. Un rare coup d'éclat dans l'univers opaque des grands groupes oligarchiques russes. Dans son communiqué de presse, Viktor Vekselberg accuse le PDG de Rusal, Oleg Deripaska,  - sans le citer nommément - d'avoir entraîné le groupe dans un surendettement (11 milliards de dollars), dans des litiges juridiques et des conflits sociaux.

La frustration de Viktor Vekselberg s'explique par l'effondrement de la valorisation de Rusal (- 43 % depuis son introduction en bourse en janvier 2010) et par son incapacité à influencer la stratégie du producteur d'aluminium, dirigé sans partage par Oleg Deripaska, qui détient 47,41 % du capital de Rusal. Les autres actionnaires importants du groupe sont Mikhaïl Prokhorov (17 %) ainsi que Viktor Vekselberg et son partenaire Len Blavatnik qui détiennent ensemble 15,8 % de Rusal.

Oleg Deripaska se fâche avec tout le monde

Connu pour sa personnalité conflictuelle, Oleg Deripaska s'est fâché avec tous ses partenaires, à commencer par Mikhaïl Tchernoï, qui lui avait mit le pied à l'étrier dans les années 90 et lui réclame aujourd'hui 20 % de RusAl devant un tribunal de Londres. Puis Oleg Deripaska s'est brouillé avec Roman Abramovitch, auquel il a racheté 50 % de RusAl pour 2 milliards de dollars en 2004.

Avant la fusion en 2006 entre Rusal et son concurrent russe SUAL, qui appartenait à Viktor Vekselberg, les deux hommes étaient à couteau tirés. Depuis 2008 et l'entrée fracassante de Rusal au capital de Norilsk Nickel (à hauteur de 25 %), l'actionnaire principal de ce dernier, Vladimir Potanine, est en conflit permanent avec Oleg Deripaska. Vladimir Potanine a fait plusieurs offres pour racheter la part de Rusal, toutes rejetées par Oleg Deripaska, à la fureur de ses coactionnaires Viktor Vekselberg, Len Blavatnik et Mikhaïl Prokhrorov, décidés à accepter l'offre.

Après le désaccord sur Norilsk Nickel, le producteur d'électricité KES Holding, appartenant à Vekselberg, est entré en conflit avec une fonderie d'aluminium de Rusal (Bogoslovsk). Puis Vekselberg a bloqué la signature d'un contrat à long terme entre Rusal et le négociant suisse Glencore, un allié d'Oleg Deripaska

Impact négatif sur Rusal

Pour la bnaque d'investissement russe, Troika Dialog, « cette décision a davantage un impact négatif sur l'image de Rusal que sur sa gestion, sachant que le groupe d'aluminium est exclusivement dirigé par Deripaska ». Selon elle, les trois coactionnaires de Deripaska sont de plus en plus tentés de sortir de Rusal, « une option cependant improbable vu la situation sur le marché ».

La part détenue par Vekselberg et Blavatnik était valorisée à 3,4 milliards de dollars en janvier 2010, contre 1,9 aujourd'hui. « Il sera difficile de trouver un acheteur pour ces parts, hormis Oleg Deripaska, qui a certainement le désir d'augmenter sa part. Tout est question de prix », commente Oleg Petrovpavlovski, expert chez le courtier en bourse BKS.

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