
Une « étape importante » a été franchie pour ce qui pourrait devenir la plus grande mine de lithium d'Europe occidentale. Le projet de la mine de Barroso près de Boticas, une région rurale du nord-est du Portugal, visant à extraire du lithium a obtenu une déclaration d'impact environnemental favorable de l'Agence portugaise pour la protection de l'environnement (APA). Cette dernière a toutefois assorti son feu vert de plusieurs conditions pour ce projet porté par la société britannique Savannah Resources.
« Il s'agit d'une décision technique et environnementale » qui « respecte des normes environnementales élevées », a déclaré aux médias le président de l'APA, Nuno Lacasta, mercredi.
Le projet de la mine de Barroso « a été considérablement modifié par rapport à la proposition initiale », afin de « sauvegarder ses aspects environnementaux (concernant la protection des cours d'eau et de la biodiversité ou la gestion des déchets, entre autres) », a indiqué l'agence pour l'environnement dans un communiqué. De son côté, Savannah s'est félicité de cette décision en soulignant dans un communiqué qu'il s'agit de la « première fois » que l'APA délivre une déclaration d'impact environnemental favorable pour une mine de lithium au Portugal.
Les écolos vent debout
Ce feu vert ne signifie toutefois pas encore que le projet est complètement validé. « Cette décision importante permet maintenant de passer à l'étape suivante dans la procédure d'obtention d'une licence environnementale », a ainsi précisé Savannah.
Cette annonce de l'agence pour l'environnement a en tout cas aussitôt suscité de vives réactions de la part des écologistes et des communautés locales, qui s'opposent au projet. Selon eux, le site choisi pour ce projet « n'est pas bon » compte tenu de son emplacement proche de zones habitées et des « risques de pollution » de l'écosystème, a regretté le président de l'association écologiste Zero, Francisco Ferreira.
Le ministre portugais de l'Environnement, Duarte Cordeiro, s'est en revanche montré rassurant, en soulignant que l'autorisation accordée permettra de « minimiser les impacts environnementaux ».
L'UE à l'assaut du lithium
Avec le cobalt ou le nickel, le lithium fait partie de ces métaux essentiels à la fabrication des batteries électriques qui vont remplacer les moteurs thermiques automobiles contribuant au réchauffement climatique. La majorité vient aujourd'hui de Chine, qui contrôle l'offre mondiale. Afin de réduire cette dépendance et se constituer « des réserves stratégiques » pour éviter les ruptures d'approvisionnement qui seraient « critiques » pour son industrie, l'Union européenne prépare l'ouverture de mines et de raffineries pour le traiter.
Ainsi, en plus du projet de Savannah à Boticas et celui de l'entreprise portugaise Lusorecursos dans la commune voisine de Montalegre, moins avancé, le gouvernement portugais a lancé il y a un an un appel d'offres international pour la prospection de lithium dans six régions du pays. Le Portugal est déjà le principal producteur européen de lithium mais, pour l'instant, sa production sert entièrement à la céramique et à la verrerie.
La France aussi compte jouer un rôle dans cette industrie. Dans l'Allier, Imerys, le leader mondial des minéraux industriels, prévoit de produire d'ici à 5 ans 34.000 tonnes d'hydroxyde de lithium. Ce volume permettra de fournir ce métal stratégique aux constructeurs de batteries pour équiper 700.000 véhicules électriques par an. Un autre projet est en étude en Alsace, porté cette fois par le groupe minier français Eramet et Électricité de Strasbourg. Ils y envisagent une production de 10.000 tonnes de lithium de source géothermale, ce qui permettrait de fournir 250.000 batteries de véhicules électriques par an.
(Avec AFP)
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