Lithium : EDF et Eramet envisagent d'extraire 10.000 tonnes par an en Alsace

Le groupe minier français Eramet et Électricité de Strasbourg ont signé un protocole d'accord exclusif pour étudier le développement en Alsace d'une production de lithium de source géothermale. 10.000 tonnes de production annuelle sont envisagées, ce qui permettrait de fournir 250.000 batteries de véhicules électriques par an. L'exploitation pourrait démarrer avant la fin de la décennie.
Eramet a mis au point un procédé d'extraction directe du lithium à partir des saumures géothermales, des eaux aujourd'hui utilisées pour produire de la chaleur et qui sont enrichies en lithium en profondeur.
Eramet a mis au point un procédé d'extraction directe du lithium à partir des saumures géothermales, des eaux aujourd'hui utilisées pour produire de la chaleur et qui sont enrichies en lithium en profondeur. (Crédits : Reuters)

C'est un projet à un stade encore préliminaire mais qui s'annonce déjà important. Eramet, groupe minier français, et Électricité de Strasbourg, filiale d'EDF, envisagent de produire du lithium en Alsace à partir de saumures géothermales. À hauteur « d'environ 10.000 tonnes par an », ce qui correspondrait « aux besoins d'environ 250.000 batteries de véhicules électriques par an », indiquent-ils dans un communiqué ce jeudi 26 janvier.

Les deux groupes travaillent ensemble depuis 2020 à des « expérimentations » sur deux centrales géothermiques dans le nord de l'Alsace. D'après eux, ces dernières ont « prouvé l'efficacité » du procédé d'extraction directe du lithium élaboré par Eramet à partir des saumures géothermales. Ces eaux aujourd'hui utilisées pour produire de la chaleur sont en fait enrichies en lithium en profondeur, ce qui représente une ressource dormante pour ce métal en Europe.

C'est pourquoi Eramet et Électricité de Strasbourg ont décidé d'approfondir « leur coopération à travers un protocole d'accord pour exploiter, à terme, une capacité d'extraction, de raffinage et de production de lithium géothermal », indique le communiqué.

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Démarrage possible à la fin de la décennie

L'exploitation pourrait démarrer « avant la fin de la décennie ». Mais pour cela, il faut que les partenaires se mettent d'accord sur la décision finale d'investissement « à un horizon de 4 ans ».

Le rôle d'Électricité de Strasbourg sera d'apporter « sa connaissance de la géologie du territoire nord-alsacien et de son sous-sol ». Eramet apportera son « procédé innovant » d'extraction du lithium donc, « ainsi que son savoir-faire en matière d'extraction, raffinage, production et commercialisation » du métal.

La production et les réserves de lithium aujourd'hui se concentrent surtout en Australie, en Chine et en Amérique du Sud. Ce métal est surnommé « le pétrole du 21e siècle » tant il est un élément clé dans la fabrication des batteries des voitures électriques, censées être les seuls véhicules neufs à pouvoir être vendus dans l'Union européenne à partir de 2035. La demande est donc vouée à augmenter à l'avenir.

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Asseoir la souveraineté française

Dans ce contexte, Eramet n'hésite pas à mettre en avant les atouts du projet alsacien. « Ce projet innovant et durable (...) renforce la souveraineté française et européenne pour l'approvisionnement en lithium, critique dans la chaine de valeur batterie », selon Christel Bories, la PDG. Le président du Conseil d'Administration d'Électricité de Strasbourg, Cédric Lewandowski, y voit lui « une opportunité stratégique pour la France ».

Cette annonce intervient par ailleurs trois mois après celle du groupe français de minéraux industriels Imerys. Ce dernier avait fait savoir en octobre qu'il envisage de construire d'ici 2027 dans l'Allier (massif central) la deuxième plus grande mine européenne de lithium, pour à terme « équiper l'équivalent de 700.000 véhicules électriques en batteries lithium-ion » par an. Les ressources de lithium y sont estimées à un million de tonnes. Et, pour l'entreprise, le gisement en « contient beaucoup plus d'après les opérations de sondages en cours ».

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Outre la production, c'est aussi la transformation du lithium qu'il faut pouvoir assurer. La multinationale Ensorcia a justement annoncé la semaine dernière la création d'une filiale pour construire en Europe une usine de production d'hydroxyde de lithium destiné aux batteries de voitures électriques, un projet pour lequel la France est « pressentie ». Si plusieurs sites en Europe sont à l'étude, « la France se situe en tête de liste », selon le groupe, dont l'investissement permettrait la création de plus de 100 emplois directs. L'usine lancerait ses opérations en 2025 avec une capacité installée de 20.000 tonnes par an pour produire, à terme, plus de 40.000 tonnes.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 27/01/2023 à 9:34
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On ne peut pas être pour la voiture électrique et contre les mines de lithium en France, de plus les écolos qui ont la fibre gaucho ne peuvent pas exporter la pollution des mines chez les pays pauvres.

à écrit le 26/01/2023 à 15:57
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Les écologistes feront tout pour retarder et faire capoter ce projet, comme tout ce qui va dans le sens du progrès. Et Macron pour le livrer aux Américains ou aux Allemands.

le 27/01/2023 à 17:11
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Il y a des façons de faire aussi. Des gens meurent du cancer au Nigeria parce qu'ils perforent les pipelines pour en voler le pétrole, poussés par la misère, ce qui contamine l'eau des riverains. Cela ne veut pas dire que les pipelines de France font...

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