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Transition énergétique : à Nice, place à l’action

La transition énergétique est lancée en France et en Europe. Mais qu’en est-il des enjeux à l’échelle des grandes métropoles de notre territoire ? La Tribune de l’énergie a interrogé les principaux responsables locaux sur leur stratégie en la matière.
Interview de Yves Prufer, directeur de l’Agence de performance énergétique de la Métropole Nice Côte d’Azur
Interview de Yves Prufer, directeur de l’Agence de performance énergétique de la Métropole Nice Côte d’Azur (Crédits : Enedis)

Cette semaine, Yves Prufer, directeur de l'Agence de performance énergétique de la Métropole Nice Côte d'Azur.

La Tribune de l'énergie : Quand on parle de transition énergétique, à quoi pensez-vous ?

Yves Prufer : La première réponse qui me vient c'est « développement de la production d'énergie renouvelable locale ». Pour nous, faire en sorte que le mix énergétique soit centré sur le territoire et s'éloigne des énergies fossiles reste une question cruciale. Il ne faut pas oublier que la métropole Nice Côte d'Azur est une péninsule « électrique » qui dépend de la production d'une usine dans la vallée du Rhône. Exploiter nos ressources, c'est aussi garantir notre indépendance et nous affranchir d'hypothétiques pénuries.

LTDE : Localement, quels sont les principaux enjeux auxquels vous êtes confrontés ? Et quelles solutions avez-vous mis en place ?

Y.P. : Qu'il s'agisse de bois, de soleil ou de milieu naturel, ce territoire dispose de nombreuses possibilités de production d'énergies renouvelables. En travaillant sur des projets de géothermie, d'hydroélectricité, mais aussi en développant des stratégies d'achats groupés, nous faisons en sorte de jouer un rôle et d'inciter les différents acteurs à intégrer cette démarche.

L'autre problématique sur laquelle nous sommes fortement engagés concerne les réseaux électriques intelligents et le pilotage local de l'énergie. Il s'agit de s'interroger sur la façon dont les nouvelles technologies peuvent rendre notre territoire plus performant. Et ces enjeux intègrent parfaitement le projet « smart city » porté par la métropole.

LTDE : Quelles économies permettent ces mesures ?

Y.P. : Il est toujours difficile de chiffrer l'impact d'une mesure, à long terme, quand certains projets sont encore en phase d'expérimentation. Néanmoins, on sait que la facture énergétique d'une métropole comme la nôtre se chiffre en dizaines de millions d'euros chaque année. Si, comme nous le faisons, on revisite les stratégies d'achats des énergies, de gestion des ressources et qu'on prend en compte les résultats de ces actions sur les comportements des habitants, on peut envisager un gain de 30%. En intégrant les bénéfices des travaux réalisés sur les infrastructures, on peut envisager une baisse de 50% de cette facture.

LTDE : La métropole de Nice fait partie des plus actives, avec des démonstrateurs comme Nice Grid, CityOpt et Interflex. Qu'apprenez-vous de ces expériences ?

Y.P. : Il y a trois niveaux d'apprentissage. D'abord, avec les partenaires industriels qui nous accompagnent et qui trouvent dans ces essais l'occasion de mettre au point des modèles techniques, voire des modèles d'affaires qui n'existent pas encore. On prend toujours soin d'embarquer nos start-up dans ces aventures, car il s'agit aussi d'un projet de développement économique local. Ensuite, en tant que collectivité locale, cela permet de s'acculturer, de s'adapter à ces nouvelles pratiques. Enfin, cela reste une opportunité de travailler avec les populations, du particulier à l'entreprise, afin de mieux faire comprendre et accepter les changements nécessaires de comportement.

LTDE : Les citoyens sont-ils réceptifs à ces questions ? Comment les mobilisez-vous ?

Y.P. : Tous les territoires sont confrontés à cette équation : comment passe-t-on des intentions, de la bonne volonté, à l'action ? Tout le monde adhère à ce discours sur la transition énergétique et les habitants de la métropole ne font pas exception à la règle.

C'est un peu le même problème que pour la gestion des déchets : on est toujours bien accueillis quand on parle de la sauvegarde de la planète, mais ça reste plus compliqué de passer aux actes. Les réunions publiques dans le cadre du plan climat constituent des moments précieux pour échanger avec la population. Mais notre atout reste les démonstrateurs. Que ce soit dans le cadre de Nice Grid, quartier solaire intelligent à Carros, ou de CityOpt, mené lors du déploiement de Linky, nous avons réalisé des campagnes de recrutement précieuses.

Pour CityOpt, par exemple, près de 145 foyers ont participé à l'effort de baisse de consommation grâce à une application. Chaque nouvelle expérience permet d'augmenter notre champ d'action. Avec Nice Grid, nous avions installé 3 000 capteurs. Dans le cadre d'Interflex, on passera à 30 000. Et ces campagnes constituent de grands moments de pédagogie.

Propos recueillis par Romain Carlioz

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Commentaire 1
à écrit le 31/08/2017 à 18:35
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Développer le renouvelable pour s'affranchir des énergies fossiles? Mais l'électricité française est la plus decarbonee au monde! Par contre, mettre du renouvelable intermittent nécessite des centrales au gaz! Je crois pas que c'est un spécialiste

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