
On n'arrête plus Le Train. La compagnie, qui a lancé en début d'année une campagne de financement participatif sur la plate-forme Tudigo, espère lever au total trois millions d'euros d'ici la fin du mois de mai.
Au-delà du montant, la compagnie cherche à gagner en notoriété par le biais de cette opération de crowfounding. Le Train, qui embarquera les souscripteurs dans son capital, compte ainsi lancer ses premières dessertes entre Bordeaux, Tours et Nantes d'ici fin 2024. À la clé, l'utilisation de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique, qui serait sous employée selon la compagnie. « Le positionnement du Train n'a pas vocation à concurrencer frontalement l'opérateur historique (la SNCF, ndlr) mais plutôt d'intervenir de façon complémentaire, assure Catherine Pihan-Le Bars, directrice générale. Ainsi, notre spécificité est de lancer des dessertes intra-régionales et inter-régionales à grande vitesse, sans passer par Paris comme actuellement »
De nouvelles levées de fonds
Fondé en 2020 par l'industriel charentais,Tony Bonficaci, dirigeant de la Société nouvelle de travaux publics et de génie civil (SNGC), et Alain Gétraud, également chef d'entreprise et ancien cadre de la SNCF en Nouvelle Aquitaine, Le Train est basé à L'Isle d'Espagnac près d'Angoulême dans les Charentes. La compagnie emploie actuellement une vingtaine de salariés et envisage de faire grimper ses effectifs à 137 collaborateurs, conducteurs et personnel navigant compris, d'ici 2025.
Après une première levée de fonds réalisée auprès de Crédit Mutuel Arkea et du Crédit agricole Charente Périgord, le groupe est actuellement en train de boucler un second apport, parallèlement à l'opération de crowfunding. Une troisième levée aura lieu en principe en 2023. Elle permettra le financement d'une première tranche d'acquisition de matériel d'occasion pour lancer les premières lignes d'ici 18 mois. Le Train compte ensuite acheter par ce biais entre huit et dix rames neuves auprès du constructeur espagnol Talgo. Via un investissement total de l'ordre de 350 millions d'euros, la compagnie espère transporter trois millions de voyageurs dans deux ans.
Augmentation des fréquences et des services
Pour tenir ce plan de marche, Le Train met en avant des atouts qui feraient largement défaut aujourd'hui à la SNCF. Au plan des horaires, la compagnie assure que les futures liaisons seront plus nombreuses, y compris aux heures de pointe, en s'exonérant de la desserte radiale établie en étoile depuis Paris. « En second lieu, nous garantirons des prix plus stables et moins fluctuants qu'actuellement du fait du Yield management (faire varier les prix en fonction du comportement de la demande des consommateurs, ndlr) explique Catherine Pihan-Le Bars. Dans tous les cas, les tarifs seront inférieurs aux prix pratiqués aujourd'hui sur les TGV Inoui et Ouigo ». En outre, Le Train compte améliorer sensiblement l'expérience de voyage grâce notamment une offre de restauration dans les rames nettement plus qualitative. Le personnel de bord, à l'image des avions, remplira quant à lui un rôle d'accompagnateur au détriment du contrôle, réalisé sur les quais. Enfin, chaque rame de la compagnie proposera systématiquement des emplacements réservés aux vélos, à raison d'une quarantaine par rame.
L'objectif rapide et ambitieux du Train en termes de fréquentation est par ailleurs conditionné à la densification des lignes au sein de l'arc du Grand Ouest. Ainsi les dessertes d'Arcachon, de Poitiers, de Niort, de La Rochelle et de Rennes sont prévues dans un second temps. À l'horizon 2027, Le Train annonce ainsi 50 liaisons quotidiennes à grande vitesse sur la zone concernée sans s'interdire de futures implantations dans d'autres territoires que sa région historique. En ligne de mire, des bassins de populations mal desservis ou dont les ferroviaires sont sous-exploitées. « Nos projections de développement s'appuient aussi sur un constat concret, estime la directrice générale de la compagnie. En termes de coûts pour les voyageurs et d'empreinte carbone, le train revêt des avantages majeurs par rapport au transport routier, qui ont vocation à s'amplifier ». Et Le Train compte bien en profiter.
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