La SNCF confie le défi du rapprochement d'Eurostar et de Thalys à Gwendoline Cazenave

Ancienne de la SNCF, Gwendoline Cazenave revient à la maison ou presque. Future directrice générale d'Eurostar Group, elle doit concrétiser le rapprochement opérationnel de Thalys et d'Eurostar qui ont fusionné en mai dernier, mais aussi leur redressement après deux années de galère.
Léo Barnier
Désormais fusionné avec Thalys, Eurostar change de tête avec la nomination de Gwendoline Cazenave.
Désormais fusionné avec Thalys, Eurostar change de tête avec la nomination de Gwendoline Cazenave. (Crédits : Francois Lenoir)

Officiellement créé en mai dernier, Eurostar Group s'apprête désormais à changer de tête. C'est Gwendoline Cazenave, ancienne de la SNCF, qui prendra la direction générale de la holding qui regroupe les marques Eurostar et Thalys. Elle entrera en fonction le 1er octobre, en remplacement de Jacques Damas qui dirigeait Eurostar depuis fin 2020 et Eurostar Group depuis sa création.

C'est un retour aux fonctions opérationnelles, et même un retour aux sources pour celle qui a fait l'essentiel de sa carrière à la SNCF avant de rejoindre le cabinet de conseil Oliver Wyman en 2020. Agée de 52 ans, Gwendoline Cazenave a notamment occupé la direction financière de SNCF Voyages et la direction générale de l'axe TGV Atlantique.

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Les défis du regroupement

Avec ce nouveau poste, Gwendoline Cazenave doit donc mettre en œuvre le rapprochement d'Eurostar et de Thalys, comme l'ont souligné Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs et Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités et président du conseil d'administration d'Eurostar Group : « Nous sommes convaincus que Gwendoline Cazenave saura relever les défis du regroupement d'Eurostar et Thalys pour répondre à la demande croissante de mobilité durable en favorisant le développement du transport ferroviaire en Europe. »

Son travail se concentrera essentiellement sur les aspects opérationnels, les aspects juridiques étant désormais réglés. Les deux transporteurs ferroviaires internationaux ont ainsi fusionné au sein d'Eurostar Group le 1er mai, après un long travail entamé en 2019 avec le projet Green Speed. Le capital de la holding, basée à Bruxelles, est réparti entre SNCF Voyageurs (55,75 %), la Caisse de dépôt du Québec (19,31 %), la Société nationale des chemins de fer belges (18,5 %) et des fonds gérés par Federated Hermes Infrastructure1 (6,44 %), et établit la prédominance de l'opérateur ferroviaire français.

Christophe Fanichet et Alain Krakovitch ont d'ailleurs salué l'action de celui qui a conduit jusqu'ici cette fusion : « Nous faisons pleinement confiance à Gwendoline Cazenave pour désormais conduire l'entreprise et développer l'activité sur la voie qu'a dégagée et assainie Jacques Damas. [...] Il a permis de sortir Eurostar, privé de 95 % de son activité pendant 15 mois, d'une situation inédite et de concrétiser la décision des actionnaires en lançant la nouvelle entreprise sur sa trajectoire de développement. Nous saluons également l'action de Bertrand Gosselin, CEO de Thalys depuis 2019, qui a pleinement géré cette crise sans précédent et qui a su accompagner la croissance de l'entreprise. »

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30 millions de passagers d'ici 10 ans

A l'heure actuelle, les deux sociétés ferroviaires Thalys et Eurostar continuent d'exister, l'une basée à Londres, l'autre à Bruxelles, mais seule la marque Eurostar devrait perdurer. L'ambition affichée est d'accélérer le report modal en offrant « le plus grand réseau à grande vitesse international en Europe de l'Ouest », avec l'objectif de passer de 19 millions de passagers transportés avant la crise à 30 millions d'ici 10 ans. Le trafic doit notamment se développer vers l'Europe du Nord

Pour cela, Thalys comme Eurostar devront d'abord reconquérir le trafic perdu pendant la crise sanitaire pendant laquelle les deux compagnies ont vu leur activité s'écrouler. Avec ses trains à grande vitesse entre la France, la Belgique, les Pays-Bas et le nord-ouest de l'Allemagne, Thalys a transporté 2,5 millions en 2020 et 2,7 millions de passagers en 2021 contre 7,8 millions en 2019. Eurostar a parallèlement transporté 2,5 millions en 2020 et 1,6 million de voyageurs en 2021, contre 11,1 millions en 2019.

Le trafic a repris plus fortement depuis le début de l'année, avec une accélération au printemps notamment pour Eurostar qui partait de plus loin. La question reste de savoir si le trafic affaires, déterminant sur ces lignes, retrouvera son niveau d'avant crise. Ce qui n'est toujours pas le cas pour le moment malgré un regain de dynamisme avant l'été.

« Ce rapprochement est également un puissant levier pour accélérer la reprise d'Eurostar et de Thalys, toutes deux touchées par la crise sanitaire, proposant ainsi aux voyageurs le plus grand réseau à grande vitesse international en Europe de l'Ouest », Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs.

Cette fusion doit permettre aussi de réduire les coûts avec la mise en place de synergies. Pour Alain Krakovitch, ce rapprochement doit permettre d'optimiser l'utilisation du capital de l'infrastructure réseau. Une nécessité alors que la SNCF affronte l'ouverture du marché du ferroviaire à la concurrence, grâce à laquelle les homologues espagnol ou italien (Renfe, Trenitalia) lorgnent déjà des lignes en France et au-delà.

Léo Barnier

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Commentaire 1
à écrit le 24/08/2022 à 15:07
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Il ne se passe pas une semaine sans qu'il y ait un problème majeur sur une ligne de la SNCF ! Guillaume Pépy aurait du être mis en examen pour avoir laissé cette entreprise dans un tel état de délabrement. Mais aussi pour les deux accidents mortels s...

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