
La concurrence internationale se précise pour la SNCF. Après Trenitalia fin 2021, c'est au tour des TGV de l'opérateur espagnol Renfe de s'apprêter à débarquer sur le réseau ferroviaire français. Baptisés Alta Velocidad Española (AVE), ils entrent en phase de tests opérationnels dans l'Hexagone ce lundi. Ces premiers allers-retours « à blanc » doivent permettre à Renfe de lancer son exploitation commerciale sur les axes Madrid-Marseille et Barcelone-Lyon avant l'été.
Un premier train est ainsi parti de la gare de Barcelone-Sants ce matin et a rallié Lyon-Part-Dieu après être passé par Gérone, Figueres Vilafant, Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes et Valence TGV. Les essais se poursuivront jusqu'à la mi-avril. Cela permettra à Renfe de préparer son exploitation commerciale, mais aussi de peaufiner la préparation des personnels de bord et de former ses conducteurs aux spécificités du réseau français. Le « niveau optimal d'effectifs » sera atteint progressivement au cours des prochaines semaines, selon un communiqué de l'opérateur espagnol.
Cela doit permettre à Renfe d'ouvrir les lignes Madrid-Marseille et Barcelone-Lyon avant l'été. Le service débutera à raison de « six circulations par hebdomadaires par ligne », soit trois allers-retours par ligne en jours alternés. Une deuxième phase doit permettre de passer en aller-retour quotidien sur chacune des lignes. Pour accompagner ce développement, Renfe veut ouvrir une succursale en France. En revanche, le centre opérationnel sera situé à Barcelone.
Des autorisations encore limitées
Pour permettre ces essais, Renfe a obtenu les autorisations nécessaires de l'Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) français et de l'Agence de l'Union européenne pour les chemins de fer (ERA) pour ses AVE S-100, conçus par Alstom dans les années 1990. L'opérateur précise néanmoins que le certificat obtenu auprès de l'autorité française le 22 décembre ne s'étend qu'aux lignes Perpignan-Lyon et Perpignan-Marseille et non à l'ensemble du réseau ferré national. L'occasion pour lui de dénoncer la « multitude d'exigences imposées par l'EPSF » qu'il a dû surmonter. Ce n'est pas la première fois qu'il dénonce les obstacles administratifs dressés pour limiter l'accès au marché français, mais l'opérateur espagnol poursuit ses démarches pour avoir accès à l'ensemble du réseau.
Cette limitation contraint pour l'instant son ambition d'aller jusqu'à Paris, mais cet objectif n'est de toute façon prévu que dans un second temps par Renfe. Le groupe espagnol a fait de la France « une priorité » de son expansion internationale, qu'il considère comme « le développement naturel de ses services vers l'Europe », et souhaite s'y implanter depuis 2019. Après avoir été retardé par la crise sanitaire, l'opérateur est donc enfin en passe de concrétiser son projet. Il a aussi exprimé un intérêt pour les trains régionaux avec des candidatures aux appels d'offres publics dans les régions Grand-Est et Hauts-de-France, pourtant éloignées des frontières espagnoles.
Renfe veut également se positionner sur l'axe Paris-Londres pour concurrencer Eurostar, mais ne dispose pas de trains homologués pour emprunter le tunnel sous la Manche.
Sujets les + commentés