Thalys : le projet de fusion avec Eurostar est confirmé pour 2021

Mis entre parenthèses pendant le confinement, le projet de fusionner Thalys et Eurostar a été relancé au début de l'été et doit être effectif en 2021, annonce à La Tribune Bertrand Gosselin, le directeur général de Thalys. Pour l'heure, la société ferroviaire franco-belge est confrontée à une chute "brutale" de son trafic en raison de la mise en place, fin août, de nouvelles mesures restrictives en Belgique et en Allemagne. Pour autant, Thalys a décidé de maintenir l'essentiel de son offre en septembre pour accompagner la reprise. Une offre tarifaire pour les entreprises est en cours de préparation.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : © Christian Hartmann / Reuters)

Le rebond du Covid-19 ces dernières semaines douche les espoirs de reprise des entreprises de transport. Pour un grand nombre d'entre elles, les mois de juillet et août ont été relativement satisfaisants en termes de fréquentation après trois mois d'arrêt total ou quasi-total de leur activité pendant le confinement. Mais les courbes de trafic ne se prolongent pas en septembre. Au contraire, elles piquent du nez avec la recrudescence des contaminations et les restrictions aux voyages qui les accompagnent dans de nombreux pays. C'est le cas de la plupart des compagnies aériennes et des entreprises ferroviaires, notamment Thalys. La société ferroviaire détenue à 60% par la SNCF et 40% par la SNCB a vu ses réservations fondre comme neige au soleil avec les mesures restrictives imposées fin août par la Belgique et l'Allemagne aux passagers se rendant en France.

« L'été s'est plus ou moins bien passé, mais depuis fin août, nous observons une chute brutale du trafic », déplore Bertrand Gosselin, le directeur général de Thalys.

Pas de signe de reprise

Aujourd'hui, la société ferroviaire transporte 3.000 à 4.000 passagers par jour, contre 8.000 en juillet et en août, et 20.000 avant le Covid-19. Et les réservations pour les prochaines semaines sont au plus bas.

«Il n'y a pas de signe de reprise», explique Bertrand Gosselin.

Dans le secteur aérien, la vente flash de Ryanair la semaine dernière (un million de billets à 5 euros) traduit également la faiblesse de la demande.

Résultat, Thalys prévoit de perdre "au moins" 300 millions d'euros de recettes cette année par rapport aux 550 millions d'euros générés en 2019.

Les trains sont très peu remplis

Cette rechute intervient au moment où Thalys était reparti à l'offensive. Depuis le 30 août en effet, la société franco-belge a réintroduit 60% de son offre contre 50% environ en juillet, et rouvert certains services comme le bar dans les trains ou le service Premium à la place. Problème, une hausse des capacités au moment où le trafic chute entraîne une forte baisse du coefficient d'occupation. Les trains ne sont plus remplis qu'à 25% aujourd'hui, contre 60 à 65% cet été.

Pour autant, même si le nombre de sièges disponibles a été diminué de 15% avec la suppression de certains trains « en unités multiples », Thalys a fait le choix de maintenir  la fréquence de ses trains pour « favoriser la reprise du trafic ».

Aujourd'hui 11 aller-retours quotidiens sont assurés entre Paris et Bruxelles, 7 entre Paris et Amsterdam et trois entre Paris et Cologne-Dortmund. Ce plan de transport, valable jusqu'au 2 octobre, fera l'objet d'un point sur la poursuite ou pas de cette stratégie.

Le retour au niveau de trafic pré-crise est prévu en 2022

Si aujourd'hui une baisse des prix n'est pas d'actualité « à ce stade », Thalys travaille néanmoins sur une offre destinée aux voyageurs d'affaires, en élargissant l'accès aux tarifs préférentiels, dit négociés.
Ne tablant pas sur reprise du trafic au niveau qui était le sien en 2019 avant 2022, Thalys a lancé un plan d'économies de 100 millions d'euros pour passer ce «trou d'air».

A cet horizon, la fusion annoncée l'an dernier avec Eurostar devrait être effective. «L'idée de créer une entité commune est confirmée en 2021», explique Bertrand Gosselin. Mis entre parenthèses pendant trois ou quatre mois, le projet a été relancé au début de l'été.

Lire aussi : La SNCF veut fusionner Eurostar et Thalys pour défier Ryanair et EasyJet en Europe

Un nouveau boss pour Eurostar

La SNCF a annoncé vendredi dernier la nomination de Jacques Damas, une figure du groupe, à la tête d'Eurostar, dont elle détient 55% du capital. Né en 1957, Jacques Damas est entré à la SNCF en 1982. Il a notamment été directeur général des opérations d'Eurostar à Londres de 2000 à 2005, et était depuis 2018 chargé de la sécurité, de la sûreté et de l'environnement chez Keolis, la filiale de transports publics du groupe.

Il remplacera au poste de directeur général d'Eurostar le Britannique Mike Cooper qui avait annoncé sa démission en août pour prendre la tête d'Arriva, filiale de transports publics de la Deutsche Bahn. Jacques Damas sera épaulé par Olivier Fortin, un cadre de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui va être chargé d'"une mission d'une durée d'un an maximum" pour s'occuper de la "restructuration de l'entreprise nécessitée par la crise du Covid-19", a précisé la SNCF. Eurostar est détenue à 55% par la SNCF, à 40% par le consortium Patina Rail --composé pour 30% de la Caisse de dépôt et placement du Québec et 10% du fonds britannique Hermes Infrastructure-- et à 5% par la SNCB belge.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 10/09/2020 à 10:16
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le début des privatisations serait il en marche ou le désengagement de notre état a suivre

à écrit le 10/09/2020 à 8:38
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"de nouvelles mesures restrictives en Belgique et en Allemagne"* Ils sont tendus les allemands en ce moment non ? On arrête pas de lire leurs affirmations des régions françaises à risque pour le covid... non mais de quoi je me mêle ? Et pourquoi ...

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