Voiture électrique : pourquoi le déploiement des 100.000 points de recharge coince encore en France

Au 31 mars 2022, l'objectif affiché par le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari n'est toujours pas atteint. A l'image de Sanef ou de la jeune pousse Yespark qui vient de lever 28 millions d'euros, les autoroutes et les parkings montrent pourtant la voie. Les copropriétés restent en effet une zone blanche pour le déploiement des points de recharge électrique...
(Crédits : Reuters)

Se fixer un objectif chiffré est une ambition louable. Le tenir est une toute autre affaire. Le cas des points de recharge électrique est à cet égard un exemple emblématique. En octobre 2020, le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, avait promis 100.000 points de charge fin 2021 (à noter qu'une seule borne comporte plusieurs points de recharge). Or, force est de constater qu'au 31 mars 2022 - les chiffres au 30 avril ne sont pas encore connus -, le compte n'y est pas encore.

A cette date, seuls 57.732 points de recharge électrique étaient ouverts au public en France, d'après le baromètre commun à l'association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere) et au ministère de la Transition écologique sur la base des données du GIREVE, une plateforme créée en 2013 notamment par Renault, la Caisse des Dépôts, EDF Enedis.

Autrement dit, l'objectif gouvernemental n'est donc atteint qu'à 57,7%, malgré les différentes réglementations.

> LE DOSSIER. Voiture électrique : enquête sur le "business" des bornes de recharge

Les autoroutes et les parkings montrent la voie

Toutes les aires d'autoroutes doivent ainsi être équipées en points de recharge électrique d'ici à fin 2022. Par exemple, l'opérateur d'autoroutes Sanef (1.957 km) a lancé, fin 2021, un appel d'offres en trois lots pour déployer environ 500 points de recharge rapide sur ses 72 aires. "Nous voulions aussi bien éviter les défaillances sur un seul et même axe que des zones blanches où aucun candidat n'irait se positionner", déclare, en privé, son directeur général Arnaud Quémard. Résultat : un lot a été attribué à Fastnet, un autre à Engie et un autre à TotalEnergies.

Ce dernier a déjà hérité fin 2020, et ce après avoir été écarté mi-2019 du sponsoring des Jeux olympiques, de la concession des points de recharge de la capitale. Dans un parking situé sous la place de la Madeleine, l'énergéticien a déjà installé 505 points de recharge, soit sur plus de 50% des places existantes. L'obligation légale est de 5%, mais "notre taux d'équipement avoisine les 20, 30% voire 50%", déclare, à La Tribune, Ghislaine Geffroy, directrice générale de Saemes, dont la Ville est actionnaire majoritaire.

Autoroutes, parkings... Ces infrastructures sont moteurs dans le développement des points de recharge car la législation les y contraint. En revanche, rien n'oblige une collectivité locale à déployer une offre sur son territoire. Lorsque les élus des agglomérations se décident à en prendre le chemin, ils le font en raison des zones à faibles émission-mobilité (ZFE-m) qui interdisent, à moyen-terme, la circulation des véhicules les plus polluants.

La startup Yespark lève 28 millions d'euros et vise 30.000 points d'ici à 2025

Les grandes villes françaises sont d'ailleurs le cœur de cible de la jeune pousse Yespark, spécialisée dans la location de places de stationnement. La startup vient d'annoncer une levée de fonds de 28 millions d'euros pour multiplier par... 60 son offre de points de recharge électrique. Elle en compte aujourd'hui 500, en aura installé 2.000 d'ici à fin 2022 et en promet 30.000 d'ici à fin 2025.

Autrement dit, avec cette rentrée d'argent frais, elle s'apprête à quadrupler, chaque année, et pendant quatre ans, son offre de points de recharge disponibles. "Nous savons orchestrer le déploiement", explique à La Tribune Thibault Chary, co-fondateur de Yespark. "C'est-à-dire que nous avons à la fois la main sur les places de stationnement, mais aussi des électriciens prestataires, tout comme nous travaillons avec le gestionnaire du réseau Enedis et les fournisseurs d'électricité", ajoute-t-il.

En comparaison, Indigo, qui revendique la place de leader mondial dans les places de stationnement, revendique, au 27 avril et en France, 1.050 points de recharge électrique, avant 2.850 à fin 2022 et 8.000 fin 2025. A la différence de Yespark, il n'est pas opérateur de bornes et doit s'associer avec des installateurs type Electra ou Engie Solutions, filiale du groupe éponyme.

Les copropriétés restent une zone blanche

Cela n'empêchera pas les zones blanches, comme les maisons individuelles sans garage, les résidences de logements privés ou les ensembles de logements sociaux. Seules 2% des copropriétés seraient en effet équipées de bornes de recharge électrique. La question du financement peut en effet freiner les propriétaires. Soit la copropriété avance les factures d'installation, de mise en conformité ainsi que les notes de consommation électrique, avant que le prestataire refacture les habitants-utilisateurs.

Soit une entreprise se positionne pour financer l'installation collective avant que l'habitant-utilisateur souscrive à un abonnement correspondant à sa facture d'électricité. Une seconde option qui peut faciliter les votes en assemblée générale. D'autant que la loi "Climat & Résilience" d'août 2021 permet que le vote se fasse à la majorité simple.

La route du déploiement risque donc d'être sinueuse en France. Pour rappel, au niveau européen, Bruxelles avait annoncé en juillet dernier son ambition de déployer 3,5 millions de points de recharge d'ici à 2030.

Lire aussi 14 mnVoiture électrique : le casse-tête des bornes de recharge dans les "zones blanches"

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 10/05/2022 à 11:07
Signaler
Il faut transformer une voie d'autoroute façon Circuit 24 au lieu d'installer des milliers de bornes de recharges sur des aires déjà saturées.😃

à écrit le 10/05/2022 à 9:29
Signaler
la fiabilité des batteries ! d une part. et la panoplie des chargeurs renifle bien l arnaque

le 10/05/2022 à 11:11
Signaler
l'escroquerie bat son plein, combien comptez vous revendre votre auto ? comment un acheteur d'une occasion va t il connaitre l'état de sa batterie ? regardez les vélos électriques, il y en a des milliers à revendre sur les sites d'occasion mais peu d...

le 10/05/2022 à 11:26
Signaler
"la fiabilité des batteries" vous avez des chiffres alarmants ou c'est un sentiment, une intuition voire du bon sens technologique (on n'a pas assez de recul) ? "la panoplie des chargeurs" il en vaut mieux plusieurs qu'aucun. :-) C'est ce qui semble...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.