VTC : où en est-on de la médiation entre plateformes et chauffeurs ?

Alors que les travaux du médiateur récemment désigné, Jacques Rapoport, touchent à leur fin, La Tribune fait le point sur la situation.
Mounia Van de Casteele
Le médiateur Jacques Rapoport va prochainement ses conclusions et proposer des mesures afin d'apaiser l'ensemble des parties prenantes dans le conflit du secteur de transport public de personnes, qui regroupe taxis et voitures de transport avec chauffeur (VTC).

 Après deux médiateurs et deux lois (Grandguillaume et Thévenoud), le gouvernement a nommé fin décembre un troisième homme (providentiel ?) : Jacques Rapoport, ancien de la SNCF et non élu, pour trouver une issue dans l'épineux dossier du transport public particulier de personnes, et satisfaire si tant est que ce soit possible, l'ensemble des acteurs de cet écosystème, où les intérêts divergent entre les plateformes, les VTC (voitures de transport avec chauffeur) et les taxis. Avec également un problème de représentativité syndicale au sein de la profession VTC.

Selon le médiateur, qui continue à rencontrer l'ensemble des acteurs de cet écosystème, tout en alimentant son blog de façon transparente, le temps est venu "de mettre au point, à partir de tous les éléments rassemblés au cours d'un mois de travail", les propositions qu'il va faire aux plateformes et aux organisations de chauffeurs "pour dépasser le conflit et trouver des conditions de partenariat respectueuses des enjeux de chacun". Ce qui sera fait "d'ici le milieu de la semaine prochaine". Il proposera donc à ses interlocuteurs "une ultime réunion aux environs du 2 février". À la suite de quoi il formalisera ses conclusions à l'intention des pouvoirs publics. Pour l'heure, l'une des conclusions à laquelle il est arrivé est qu'un chauffeur VTC indépendant travaillant 60 heures par semaine dégagerait un revenu net mensuel d'environ 1.700 euros, à condition de maîtriser "correctement ses charges".

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Un dialogue constructif...

A côté, le dialogue entre plateformes et chauffeurs se poursuit, notamment chez Marcel. Un premier groupe de travail s'est ainsi tenu le 17 janvier en présence de six chauffeurs partenaires volontaires, de porte-paroles VTC (Unsa VTC, Capa VTC) et de responsables de la plateforme, dont Bertrand Altmayer, Président et co-fondateur de Marcel. Ce dernier a salué un échange - qui a duré six heures - constructif, ayant notamment porté sur les engagements respectifs (dont les critères de notation des chauffeurs),  les modalités de rupture du partenariat et le taux de commissionnement. Sur ce point, Marcel, qui propose à ce jour la commission la plus faible du marché (15% TTC contre 25% chez Uber par exemple) réfléchit, avec ces représentants, à un taux variable, en fonction du taux de réactivité des chauffeurs. L'idée serait de proposer une grille avec une plage de 4 à 5% de variation autour du taux actuel, dans le but, évidemment de conserver le taux le plus compétitif du marché.

Concernant les déconnexions, le groupe de travail s'est également mis d'accord sur la création d'une commission tripartite, composée du chauffeur concerné, de responsables Marcel et de chauffeurs volontaires bénévoles, destinée à examiner les cas litigieux de déconnexion, ainsi que sur un programme de coaching (parallèle aux formations déjà délivrées par Marcel) destiné à éviter ces ruptures de partenariat.

...et quelques insatisfactions

Cependant, certains chauffeurs continuent leur combat contre les plateformes. Sayah Baaroun, porte parole de l'Unsa VTC, invite ainsi ses collègues chauffeurs à se rendre ce vendredi à la Bourse du travail, dans le but de lancer des actions en justices "contre les plateformes type Uber". Objectif : obtenir des dommages et intérêts comme ont permis de le faire des actions engagées dans d'autres pays, notamment aux Etats-Unis, explique-t-il.  Voire obtenir une requalification pour les chauffeurs dépendants économiquement d'une plateforme, qui serait à l'origine de plus de 70% de son activité. Les principales plateformes visées par cette démarche sont Uber, Chauffeur-Privé et LeCab, qui selon lui déconnectent trop souvent les chauffeurs de manière arbitraire, et dont dépendent économiquement les chauffeurs. Il distingue toutefois Marcel des autres plateformes françaises, "sans l'encenser", prévient-il, estimant que "s'il n'y avait que des plateformes comme elle, on aurait pu faire avancer les choses".

Et pendant ce temps là, l'AMT (association Alternative Mobilité Transport) tente de mettre au point une application "100% collaborative", sans commission, qui fonctionnerait sur le principe d'un abonnement mensuel d'environ 50 euros par mois pour les chauffeurs. Reste à voir si un tel modèle est économiquement viable.

Mounia Van de Casteele

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