BTP : Réalités BuildTech change de nom pour accélérer dans la construction bas-carbone

Réalités BuildTech, la filiale du groupe de promotion immobilière Réalités est rebaptisée Mayers. Spécialisée dans la conception et la construction bas-carbone, elle démarre une levée de fonds de 10 millions d’euros, avec, à la clé, une ouverture de capital au terme de laquelle Réalités deviendra un actionnaire minoritaire. Objectif, se hisser, grâce à la robotisation et au numérique, parmi les majors de la construction modulaire, secteur qui pourrait représenter 15% à 20% du marché d'ici 10 ans.
Scindée en deux activités (fabrication 2D soit 600 m2 fabriquée en 2 x 8 et modélisation 3D), l'usine de production de Mayers à La Janais fabrique et assemble des ossatures bois-murs, planchers et charpentes réalisés à partir de matériaux à 95% biosourcés.  La robotisation et la modélisation 3D permettent de réduire les délais de fabrication et de rendre les conditions de travail des salariés plus confortables.
Scindée en deux activités (fabrication 2D soit 600 m2 fabriquée en 2 x 8 et modélisation 3D), l'usine de production de Mayers à La Janais fabrique et assemble des ossatures bois-murs, planchers et charpentes réalisés à partir de matériaux à 95% biosourcés. La robotisation et la modélisation 3D permettent de réduire les délais de fabrication et de rendre les conditions de travail des salariés plus confortables. (Crédits : La Tribune)

Grand raout à la Janais ce mardi 16 mai. Implantée depuis 2021 sur ce site emblématique de PSA-Citröen à Rennes, aujourd'hui en phase de réindustrialisation autour de la construction bas-carbone et des mobilités, Réalités BuildTech, spécialisé dans la construction bas-carbone, a mis en scène sa mue.

Avec comme toile de fond, les enjeux de réindustrialisation, de réinvention des procédés de construction et de décarbonation du BTP, la filiale du groupe nantais de promotion immobilière Réalités, a dévoilé son nouveau nom et sa stratégie à dix ans devant un joli parterre d'invités. Au premier rang desquels se trouvait Arnaud Montebourg, entrepreneur et ancien ministre de l'Économie, du redressement productif et du numérique.

Désormais rebaptisée Mayers, (fusion des mots anglais makers pour fabricants et layers pour calques), cette structure spécialisée dans la conception et la construction bas-carbone, et dont l'usine de La Janais est concentrée sur la construction modulaire hors site, entend imaginer un nouveau modèle industriel, fondé sur l'innovation numérique (jumeau numérique) et environnemental.

Celui-ci sera mené par Bertrand Favre, ex-directeur des projets stratégiques et de l'innovation chez Réalités nommé président, aux côtés de Stéphane Gai et Quentin Goudet, promus directeurs généraux.

« Le groupe Réalités a investi dans les territoires, dans la conception des usages en concrétisant le caractère innovant de la construction bois. Face aux enjeux de transition écologique, de pénurie de logements et de main-d'œuvre, Réalités BuildTech/Mayers entre dans un nouveau cycle après une phase d'incubation de dix ans » explique Yoann Choin-Joubert, le PDG de Réalités qui y a investi 12 millions d'euros dans cette entité.

Ouverture de capital d'une future licorne ?

Pour passer sous la barre des 2.000 euros du mètre carré (entre 1.700 et 2.600 euros actuellement), le promoteur estime que sa filiale doit continuer à investir, robotiser et travailler la data.

« Mayers (22 millions d'euros de chiffre d'affaires en construction et industrie en 2023) a les capacités à devenir une licorne, mais pas si elle reste incubée au sein d'un groupe comme Réalités (364 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022), trop petit pour porter seul cet investissement », explique le PDG.

Avec en ligne de mire une nouvelle version de son usine sous 18 mois, Mayers prévoit de lever 10 millions d'euros d'ici à la fin de l'année, avec une première tranche d'émission (2 millions d'euros) en juin prochain. À l'issue de cette ouverture de capital, le groupe Réalités deviendra probablement un actionnaire minoritaire.

« En deux ans, nous avons développé un processus industriel avec de l'ingénierie en maîtrise d'ouvrage. Mayers (dont la baseline est BuildTech for Good, Ndlr) doit désormais ouvrir son carnet de commandes, commercialiser son savoir-faire auprès de maîtres d'oeuvre externes, hors des seuls programmes liés au groupe, et développer une nouvelle manière de faire. Ce projet bas-carbone se veut humaniste et allie low tech et high tech » revendique Bertrand Favre, qui estime qu'à dix ans, il n'y aura plus de main-d'oeuvre sur les chantiers traditionnels.

La feuille de route du nouveau président est de travailler sur de nouveaux matériaux tout en maîtrisant davantage les coûts de fabrication et les délais, aujourd'hui réduits de 20 à 30%, demain peut-être de 60%.

Résidence étudiante innovante et habitat modulaire d'urgence

Bras armé industriel du groupe Réalités, l'usine Mayers de La Janais, encore présentée comme un démonstrateur ou POC (proof of concept), occupe 11.000 mètres carrés, et prochainement 14.000 mètres carrés.

Scindée en deux activités (fabrication 2D soit 600 m2 produits en 2 x 8 et modélisation 3D), cette unité de production de 140 collaborateurs, dont 70 à La Janais, fabrique et assemble des ossatures bois-murs, planchers et charpentes réalisés à partir de matériaux à 95% biosourcés.

Elle sort 75.000 m2 de façades et 700 modules par an et vise une capacité de production de 100.000 m2 d'ossature bois ainsi qu'une autonomie complète sur la construction hors site.

Dans un an, Mayers aura achevé l'intégralité de ses deux principaux chantiers en cours : le projet Constellation d'une résidence étudiante innovante, conçue de façon industrielle mais personnalisable, de 520 logements sur le campus de Rennes Business School, livrable en 2024, et celui d'une Maison d'enfants pilotée par l'association Arpèje 49 à Angers. L'usine réalise aussi des logements modulaires d'urgence pour personnes sans abri à Rennes. En 2023, elle prévoit la livraison de 33 programmes, soit 1910 logements.

Robotisation et jumeau numérique

La structure, qui a développé son jumeau numérique avec Dassault Systems, chantre de l'industrie du XXIe siècle, parie sur l'IA et la robotisation pour optimiser son potentiel. A horizon 2030, ses dirigeants estiment que des répliques industrielles auront été installées ailleurs alors que le poids des programmes modulaires dans la construction pourrait grimper à 20%.

« Prendre le virage du hors site, c'est proposer demain des bâtiments clés en main avec une expérience client » assure Bertrand Favre, qui différentie le marché et la vision de Mayers, adossée à un groupe de promotion immobilière, de ceux d'E-Loft.

Cette société finistérienne spécialisée dans la construction de maisons individuelles à ossature bois a été placée en redressement en mars, après avoir été mise à mal par la hausse des coûts des matières premières et de fabrication.

Croyant lui aussi en l'automatisation comme facteur clé des emplois de demain, Arnaud Montebourg abonde. « Ce mouvement d'entreprises qui créent des entreprises, venu d'en bas et pas seulement des grandes entreprises multinationales qui investissent en France, c'est lui qui fera bouger les lignes » défend l'ancien ministre. « Les robots créent de l'emploi, c'est bon pour la balance commerciale et pour gagner sur les coûts de production ».

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