De plus en plus considérées comme des acteurs essentiels de la lutte contre le réchauffement climatique, les entreprises échouent toutefois encore en masse dans le calcul de leurs émissions de CO2. Selon une étude publiée le 13 octobre par le Boston Consulting Group (BCG), qui en a interrogé 1.300 dans douze pays et neuf secteurs d'activité, elles ne sont en effet que 9% à mesurer précisément l'ensemble de ces émissions. Une défaillance dont elles paraissent consciente, puisqu'elles évaluent elles-mêmes la marge d'erreur de leurs estimations à 30-40%.
Cette appréciation défectueuse a un effet sur leur capacité d'action: seules 11% des entreprises interrogées ont réussi à réduire leur empreinte carbone à hauteur de leurs ambitions dans les cinq dernières années. Pourtant, 85% d'entre elles considèrent cette réduction comme "importante" ou "très importante", et 87% voudraient améliorer leurs capacités d'évaluation.
Des difficultés dans la dans la collecte des données
Les omissions portent particulièrement sur les émissions externes, rattachées à la chaîne d'approvisionnement ou aux produits et services (scope 3): 66% des sociétés interrogées n'en déclarent aucune, alors même qu'en moyenne ces émissions comptent pour 90% de leur empreinte carbone. Mais les émissions internes, liées à l'activité de l'entreprise (scopes 1 et 2) sont aussi en partie oubliées par huit entreprises sur dix.
Parmi les obstacles cités, le manque de temps, d'argent, de moyens, de données, d'incitations. La moitié des entreprises interrogées avoue notamment des difficultés dans la collecte de "données granulaires et de facteurs d'émission", qui constitue ainsi, selon le BCG, "la cause première du manque de précision". Puisque 86% des sociétés comptent d'ailleurs leurs émissions manuellement via des feuilles de calcul, les recensements ne sont pas assez fréquents, déplore l'étude.
L'intelligence artificielle à la rescousse
Or, ces entraves affectent sérieusement le calcul global. Le BCG cite ainsi l'exemple d'une société de la grande distribution qui ne mesurait pas les émissions liées à ses bouteilles en verre par type de fournisseur, couleur, matériaux ou pays d'origine.
"Lorsqu'elle l'a fait, elle a constaté que les émissions étaient 45 % plus élevées que celles mesurées initialement", souligne Sylvain Duranton, co-auteur du rapport.
Les émissions de la plus large catégorie de produits d'un distributeur d'électroménagers américain ont bondi de 130% lorsqu'il a pris en compte celles liées à l'usage des fours et des micro-ondes, note encore l'étude.
Pour sécuriser et simplifier le calcul des émissions, l'étude -confiée d'ailleurs à l'entité du BCG dédiée à l'intelligence artificielle (IA), BCG GAMMA,- recommande alors le recours à des processus automatisés et notamment à l'IA. Elle faciliterait notamment l'accès à de multiples sources de donnés externes, leur traitement, la modélisation des données manquantes, la révision des calculs au rythme du dynamisme de l'entreprise et la simulation des meilleurs scénarios de transition.
"Nous estimons que l'IA permet de réduire les émissions d'une entreprise jusqu'à 40% grâce à l'identification des meilleures initiatives, au suivi des résultats et à l'optimisation des opérations de l'entreprise ", précise Charlotte Degot, coauteure du rapport.
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