Climat : Paris veut créer un opérateur de compensation carbone avant les JO

Paris veut s'inspirer de La Rochelle, qui a créé une coopérative locale du carbone afin de financer des projets permettant de compenser les émissions de gaz à effet de serre de certaines entreprises de son territoire. La capitale va également créer un opérateur public pour accélérer sa transition énergétique et se doter d'un Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) parisien.
Juliette Raynal
(Crédits : La Tribune)

La ville de Paris est "très intéressée" par la mise en place d'un opérateur de compensation carbone. C'est ce qu'a indiqué Paul Simondon, l'adjoint d'Anne Hidalgo en charge des finances, du budget et de la finance verte, à l'occasion du Forum Zéro Carbone, organisé les 10 et 11 décembre par La Tribune et la ville de Paris, à l'occasion du cinquième anniversaire de l'accord de Paris sur le climat.

[Dossier] Climat : 5 ans après l'accord de Paris

"Restons en contact car Paris est très intéressée par cette initiative", a déclaré Paul Simondon en s'adressant à Jean-François Fountaine, le maire de La Rochelle qui présentait le fonctionnement d'un opérateur de compensation carbone pour son territoire, mis en place en 2019 via la création d'une coopérative locale du carbone.

La Rochelle comme exemple

La ville côtière, particulièrement exposée au changement climatique et qui a été en grande partie submergée il y a dix ans lors de la tempête Xynthia, a engagé un programme pour atteindre la neutralité carbone sur son territoire. Celui-ci s'articule autour de trois grands axes : la baisse des émissions de CO2, leurs absorptions en agissant sur les marais pour en faire des puits carbone et, enfin, la compensation des émissions résiduelles restantes via la création d'une coopérative du carbone.

"Cet outil remplit deux missions", a expliqué le maire de La Rochelle. D'abord, celle de conseil et d'accompagnement des porteurs de projets de réduction d'émissions, au travers d'activités d'évaluation et de certification. La seconde mission, elle, est d'ordre financière : la certification des projets permet de bénéficier d'un cofinancement apporté par d'autres entreprises qui souhaitent compenser leurs émissions de CO2.

"Il y a un certain nombre d'entreprises qui sont sur des métiers sur lesquels il est difficile de réduire leurs propres émissions. Ces entreprises peuvent donc financer à travers cette coopérative des projets d'autres entreprises qui manquent de financement", a résumé Jean-François Fountaine.

Bientôt une coopérative parisienne du carbone

"La grande différence avec d'autres mécanismes [comme le marché carbone déployé à l'échelle des Etats, ndlr] c'est que ces compensations s'effectuent sur une base volontaire. Elles ne sont pas adossées à des obligations légales, même si je pense que dans quelques temps elles viendront. Je veux réduire mes émissions, je finance des projets menés par d'autres acteurs", a précisé le maire de La Rochelle.

Cette coopérative prend la forme d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), "où le droit de vote ne dépend pas du montant des capitaux apportés", a souligné Jean-François Fountaine. La structure rassemble des acteurs privés et publics, dont l'agglomération, une banque, le port maritime mais aussi des entreprises "qui ont souhaité apporter de l'argent pour que cet outil soit doté de fonds propres suffisants", a-t-il conclu.

Compenser les émissions des JO

"C'est une initiative très intéressante que nous regardons avec beaucoup d'intérêt", a commenté Paul Simondon. "Bientôt, les Parisiens pourront contribuer à la neutralité carbone grâce à un opérateur qui financera des projets locaux", s'est, par ailleurs, félicité sur Twitter Dan Lert, adjoint à la mairie de Paris en charge de la transition écologique, du Plan Climat, de l'eau et de l'énergie.

Dans le détail, la ville de Paris pourrait copier le modèle coopératif de La Rochelle et y associer également la Métropole du Grand Paris, des associations et des entreprises. Selon Le Monde.fr, cette structure pourrait bénéficier d'un investissement initial de 3 à 4 millions d'euros et voir le jour en 2022. Objectif : pouvoir être actionnée dans le cadre de l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, qui devront être neutres en carbone, notamment grâce à un système de compensation. Un tel mécanisme nécessitera toutefois la détermination d'un prix du carbone.

Le principe de compenser les émissions de gaz à effet de serre fait régulièrement l'objet de critiques. Certains dénoncent le fait que ce système permet à des entreprises de continuer à agir librement contre le climat en échange d'argent. D'autres remettent en question l'efficacité réelle de ce dispositif sur la diminution durable des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Un opérateur public pour accélérer dans les énergies renouvelables

La ville de Paris assure, elle, que cette coopérative du carbone viendra compenser les émissions résiduelles restantes et qu'elle agira en complément des efforts menés pour diminuer les émissions de GES. Dans le cadre de son plan climat, la capitale s'est notamment engagée à diminuer de 50% sa consommation énergétique et à atteindre le 100% énergies renouvelables à l'horizon 2050, dont 20% produites localement.

Pour accélérer cette transition énergétique, l'agglomération a annoncé, lors du Forum Zéro Carbone, la création d'un nouvel opérateur public, baptisé Énergies de Paris. Celui-ci aura pour mission "de catalyser nos objectifs de transition énergétique, notamment dans la dimension production et développement d'énergies renouvelables, mais aussi dans l'achat groupé d'énergie verte, où plusieurs expérimentations sont en cours", a précisé Dan Lert.

"Ce sera le bras armé de notre transition énergétique à Paris", a-t-il ajouté.

Un "Giec Paris"

En parallèle de ces nouveaux outils, la capitale veut aussi s'appuyer sur la communauté scientifique pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone. Elle va ainsi se doter d'un "Giec Paris", un conseil scientifique spécifiquement parisien. Celui-ci aura pour mission de "produire des connaissances interdisciplinaires et d'évaluer les expérimentations que nous menons à Paris", a expliqué Dan Lert.

Dans l'optique d'évaluer les mesures prises pour le climat, la capitale expérimente actuellement Origins.Earth, un outil permettant de mesurer en temps réel les émissions de CO2. L'ambition, à terme, est de produire chaque mois une météo carbone accessible à tous. Cet indice doit permettre à Paris de suivre la portée de ses actions par rapport à ses objectifs et de mesurer en temps réel l'efficacité des politiques publiques. Les Parisiens pourront, quant à eux, suivre les variations des émissions de CO2 à l'échelle de leur quartier.

Juliette Raynal

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Commentaires 4
à écrit le 15/12/2020 à 13:46
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les masques tombent cette ecolo mascarade sur le climat, c'est juste pour lever des impots nouveaux, recouverts d'une bonne bave morale difficilement refutable a l'heure ou les emergents n'ont jamais utilise autant le carbone sans que greta aille h...

à écrit le 14/12/2020 à 21:51
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C'est tellement plus sympa, fun, moderne, que de résoudre les problèmes de logement à Paris, par exemple !!

à écrit le 14/12/2020 à 18:05
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Si je dis que la compensation carbone est une "couillonade"...j'ai bon.? Un "machin" qui ne sert qu'à distribuer de la bonne conscience ne sert en rien à réduire les émissions de CO2. Ce pourrait même être un encouragement. Pour ne pas émettre de CO...

à écrit le 14/12/2020 à 12:36
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Bref il faut que l'humain soit directement confronté à la crise, à savoir trop tard, pour en prendre conscience et de ce fait ce n'est donc jamais trop tard de prendre conscience des phénomènes qui nous entourent. Depuis des dizaines de milliers ...

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