Depuis la signature de l'accord de Paris sur le climat lors de la COP21, "les choses n'ont pas évolué dans le bon sens", a regretté Laurent Fabius, lors d'une intervention au Forum Zéro Carbone, organisé par la ville de Paris et La Tribune à l'occasion du cinquième anniversaire de cet accord international, visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
En 2015, alignement de trois planètes
Selon Laurent Fabius, qui a présidé la COP21, cet accord historique a été obtenu grâce à l'alignement de trois planètes : "la planète scientifique", dont les travaux rendent la question climatique crédible, "la planète société civile" et "la planète des gouvernements".
L'ancien ministre des Affaires étrangères a salué les avancées de la société civile et, notamment, les efforts des entreprises.
"Nous avons eu plutôt des bonnes surprises, notamment de la part des entreprises, dont la plupart ont compris que c'était une nécessité morale d'abandonner les énergies fossiles, mais aussi que c'était dans leurs intérêts, y compris économiques et financiers, et de leurs salariés."
Le départ de Trump, un mauvais signal
En revanche, "la planète des gouvernements, c'est là où le bât blesse", a estimé Laurent Fabius. Si, en 2015, tous les pays du monde ont signé l'accord de Paris, "depuis lors, malheureusement les choses n'ont pas évolué dans le bon sens",a-t-il regretté.
"En 2015, il y avait un certain nombre de pays qui avaient signé mais qui n'étaient pas enthousiastes, je pense à certains pays pétroliers. Il y avait des États réticents, mais le mouvement d'ensemble les a obligés à signer. Voyant que le président de la première puissance économique s'était mis hors jeu, ces pays ont estimé qu'ils n'avaient pas besoin de réaliser des efforts. Cela explique que les résultats ne sont pas à la hauteur de ce qu'on attendait", a-t-il développé en faisant référence à la décision de Donald Trump de se retirer de l'accord de Paris en 2017.
"Le vent est en train de tourner"
Toutefois, "depuis quelques semaines, le vent est en train de tourner vers la bonne direction", a-t-il ajouté, citant les récents engagements climatiques de la Chine, du Japon, de l'Afrique du Sud ou encore du Royaume-Uni et de l'Union européenne, mais aussi l'élection de Joe Biden qui prévoit de revenir à la table des négociations.
La Chine, premier émetteur mondial d'émissions de gaz à effet de serre (GES), s'est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2060, tandis que le Royaume-Uni, qui accueille un sommet sur le climat demain, entend réduire ses émissions de 68% d'ici à 2030. Après une nuit de négociations, les 27 pays membres de l'UE sont, eux, parvenus à trouver un accord, ce vendredi 11 décembre, pour réduire leurs émissions de GES de 55% à l'horizon 2030, contre une baisse de 40% fixée lors du précédent objectif.
Le rôle "tout à fait essentiel" des villes
Quant à la place des villes, Laurent Fabius a souligné leur "rôle tout à fait essentiel". "C'est là que se dessinent beaucoup d'éléments qui vont se traduire par des émissions de gaz à effet de serre ou par une société décarbonée". Il a appelé à ce que les villes soient pleinement associées aux négociations de la future conférence sur le climat. Reportée d'un an en raison de la crise sanitaire, la COP26 se tiendra à Glasgow en novembre 2021.
"On ne peut pas réussir sur le plan international, si on n'associe pas les villes à la détermination des objectifs", a conclu Laurent Fabius.
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