COP15 : les pays riches devront verser 20 milliards de dollars par an aux pays en développement

Clap de fin sur un accord historique pour la COP15 à Montréal. Les 196 Etats ont réussi à se mettre d'accord sur une série de mesures pour réduire la pression sur la biodiversité. Parmi elles, le versement chaque année de 20 milliards de dollars des pays riches aux pays en développement pour les aider dans la préservation de la biodiversité d'ici 2025 et « au moins 30 milliards d'ici 2030 ». Des actions concrètes ont aussi été retenues comme la réduction du risque lié aux pesticides et une réduction de la surconsommation. Reste à voir si les Etats suivront ces engagements.
Les pays en développement réclamaient aux pays riches 100 milliards de dollars par an en faveur de la biodiversité.
Les pays en développement réclamaient aux pays riches 100 milliards de dollars par an en faveur de la biodiversité. (Crédits : Reuters)

C'est un accord historique. Après deux semaines d'âpres négociations, les 196 Etats présents à la COP15 sur la biodiversité à Montréal se sont mis d'accord autour de 23 cibles clairement identifiées. Une satisfaction pour les associations présentes sur place, soulagées d'avoir pu fixer une base de réflexion autour de la biodiversité. En effet, on estime que 75% de la surface des écosystèmes continentaux et que 40% des océans ont été fortement dégradés et qu'un million d'espèces sont menacées d'extinction à brève échéance.

Les objectifs du rapport sont rassemblés en trois catégories : la réduction des menaces sur la biodiversité, le partage des bénéfices entre les populations et les outils pour réduire notre impact sur le vivant. Retour sur cet accord entre bonnes et mauvaises surprises.

L'objectif des 30% minimum atteint

Les cibles 2 et 3 de l'accord prévoient qu'au moins 30% des terres dégradées soient restaurées et qu'au moins 30% de terres habitant une grande quantité de biodiversité soient préservées d'ici 2030. Un seuil minimum souhaité par les ONG, alors même que seulement 17% des terres et 8% des mers sont préservées à l'heure actuelle. La Chine a accepté ce principe du « 30-par-30 » ce dimanche, permettant de débloquer ce point central de l'accord, équivalent au seuil des 1,5 degré de l'accord de Paris.

« La France a beaucoup soutenu ce seuil de 30%. Chez nous, l'enjeu est de mettre en place ces actions particulièrement en Outre-Mer où se concentre une grande partie de la biodiversité », souligne Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). La ministre de la Recherche, Sylvie Retailleau, a d'ailleurs annoncé un plan de recherche de 15 millions d'euros dédié aux enjeux environnementaux en Guyane pour janvier 2023.

En Guadeloupe, le projet Life Adapt'Island, lancé cette année, prévoit la protection des littoraux, des espèces marines et la promotion des solutions fondées sur la nature. Pour rappel, les Antilles et la zone Caraïbe représentent à elles-seules 80% de la biodiversité française et 10% de la biodiversité mondiale.

Néanmoins, l'accord reste flou sur les 30% à restaurer et les 30% à préserver sans. Les organisations environnementales auraient préféré un chiffrage à l'hectare de terre ou en surface marine.

Lire aussiCOP15 : accord historique obtenu pour mieux protéger la biodiversité de la planète

Réduire les risques associés aux pesticides de 50% d'ici 2030

Autre mesure phare acceptée par l'ensemble des Etats : la réduction de 50% des risques associés aux pesticides d'ici 2030. « On va au delà de juste annoncer une restauration des écosystèmes. Là, ce sont des mesures concrètes », se félicite Arnaud Gilles, chargé de plaidoyer pour WWF France. Concernant l'agriculture, cet accord demande une gestion plus vertueuse des systèmes agricoles comme l'agroécologie et l'augmentation des voies de connections entre deux aires riches en biodiversité. Une mesure qui devra passer par un verdissement des villes.

Le texte prévoit également une réduction de 50% de l'impact des espèces invasives d'ici 2030 avec un focus particulier sur les îles, où ces espèces sont particulièrement nocives.

Les pays développés donneront 20 milliards par an aux pays en développement

Le nœud de l'accord restait le financement. Combien d'argent mettre sur la table pour  sauver la biodiversité ? Les Etats ont tranché... et ont rajouté 700 milliards de dollars par an aux 150 milliards déjà alloués pour la protection de la biodiversité. Une mesure qui ne pourra se faire qu'avec une réduction annoncée de 500 milliards de dollars des subventions accordées par les Etats et jugées dangereuses pour la biodiversité.

A cette mesure vient s'ajouter une aide des pays développés aux pays en développement d'au moins 20 milliards de dollars par an jusqu'à 2025 et au moins 30 milliards par an entre 2025 et 2030. Aujourd'hui, ce soutien financier est estimé à 10 milliards de dollars.

Indigènes, femmes, futures générations... la justice sociale est partout

C'est l'une des surprises du texte pour les associations. Plusieurs cibles évoquent la nécessité d'une justice sociale pour pouvoir limiter notre impact sur la biodiversité. En premier lieu, il est nécessaire que les pays développés, principalement ceux dans le Nord, partagent les connaissances scientifiques et technologiques avec les pays en développement, en particulier les pays les plus pauvres.

Il est aussi important d'assurer une égalité de genre dans la prise de décision concernant la biodiversité ainsi que de respecter les cultures et les droits des terres aux peuples indigènes. La cible 23 est même uniquement liée à l'importance d'avoir des femmes dans les actions et les lois en faveur de la biodiversité.

Le texte évoque également la consommation comme responsable de pressions sur la biodiversité et nous invite à réduire notre empreinte carbone en diminuant significativement le gaspillage alimentaire et la surconsommation.

Et maintenant, la mise en œuvre

« C'est bien d'avoir un accord mondial, mais le plus gros reste à faire », souligne Hélène Soubelet. Si les associations sont ravies d'avoir obtenu un accord, elles sont bien conscientes qu'il ne s'agit là que de bases établies. L'objectif désormais est de transformer l'essai et de mettre en place des mesures concrètes.

Les entreprises sont invitées à montrer patte blanche quant à leur impact sur le vivant. Pour les Etats, ils devront évaluer leurs pertes de biodiversité et afficher leurs études mais cet accord est juste un accord de principe, il ne les oblige en rien à suivre ces mesures et ne prévoit aucune sanction. Dans les détails, aucune méthode de réduction de consommation ou de l'utilisation des pesticides n'est détaillée, chacun devra donc mettre en place ces propres pratiques.

Pour WWF, l'heure est à l'optimisme. « On a les principaux leviers pour lancer les grands chantiers que sont la protection, la restauration et la réduction de notre pression sur la biodiversité. On considère qu'il y a déjà de quoi faire. »

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Commentaires 6
à écrit le 20/12/2022 à 10:33
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mais où vas tout cet argent. Minable comme d'habitude. Je ne souhaite pas que mes impôts partent comme ça au gré de politiques nuls, il y a tellement à faire chez nous. Les pays en voie de développement n'ont qu'à prendre leur avenir en main, point à...

à écrit le 20/12/2022 à 9:26
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La Chine (première puissance mondiale pendant quatre mille cinq cents ans ) est bien sûr un pays en voie de développement....

à écrit le 20/12/2022 à 0:57
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La France recevra combien?

à écrit le 19/12/2022 à 20:56
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Parfait les gens au pouvoir continueront à s’enrichir avec cet argent ….. les pauvres attendront!

à écrit le 19/12/2022 à 20:56
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20Mds + 100Mds par an d'aide au pays en voie de développement pour la transition écologique annoncés lors de la dernière COP sur Climat... mais où trouveront-ils cet argent alors que de nombreux pays prétendument riches sont super-endettés? Je cro...

à écrit le 19/12/2022 à 20:09
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LOL, cette arnaque Comme ça, les pays en développement vont pouvoir avoir encore plus de natalité, ça va être très bon pour la planète, sûrement

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