
Quelque 30 pays dans le monde se sont d'ores et déjà dotés d'une stratégie hydrogène. Dans cette course internationale, la France entend bien occuper le peloton de tête, grâce à son plan hydrogène de 7 milliards d'euros annoncé à l'automne dernier. "L'hydrogène connaît en France un développement considérable", s'est félicité lors d'une conférence Philippe Boucly, le président de France Hydrogène, association professionnelle qui regroupe aujourd'hui près de 300 membres, contre 120 début 2019.
Pour rendre compte de cette accélération, l'association a publié ce mardi 9 mars un observatoire de l'hydrogène en France, baptisé Vig'hy. Celui-ci regroupe les chiffres clés de la filière devant "permettre de mesurer les avancements sur la feuille de route 2030" fixée par le gouvernement, un annuaire répertoriant les acteurs tricolores, une cartographie des différents projets déployés ou en cours de déploiement dans les territoires, et un panorama complet de la réglementation applicable à l'hydrogène.
12 projets en service sur 71
La cartographie recense aujourd'hui 81 stations de recharges, dont 39 d'ores et déjà opérationnelles, et 71 projets autour de la décarbonation de l'industrie et de la mobilité. Pour l'heure, seuls 12 sont déjà en service. Parmi eux, le projet Hynovar de navette maritime à hydrogène à Toulon, l'alimentation énergétique d'un refuge dans le parc national de la Vanoise. Mais aussi des projets de recherche sur le stockage de l'hydrogène, à l'université de Pau, ou encore sur le rôle de l'hydrogène pour palier l'intermittence des énergies renouvelables, à l'université de Corse. Les projets d'envergure, à l'image de celui mené par Engie et Total dans les Bouches-du-Rhône, eux, n'entreront en service que dans quelques années seulement.
Aujourd'hui, 95% de la production d'hydrogène en France est une production émettrice de CO2. L'objectif est de parvenir à 52% d'hydrogène décarboné à l'horizon 2030 (soit 700.000 tonnes d'hydrogène décarboné sur un total de 1,3 million de tonnes), grâce à 6,5 GW d'électrolyse déployée, contre 5 mégawatts actuellement.
100.000 emplois générés à l'horizon 2030
La France a, en effet, privilégié la technologie de l'électrolyse. Elle permet de produire de l'hydrogène grâce à un courant électrique, qui sépare la molécule de l'eau (H2O), afin d'obtenir de l'oxygène d'un côté, et de l'hydrogène de l'autre.
Dans un premier temps, l'objectif est d'utiliser cet hydrogène vert pour décarboner certains procédés industriels et la mobilité, notamment la mobilité lourde. La feuille de route gouvernementale vise ici 5.000 véhicules électriques lourds roulant à l'hydrogène d'ici 2030 et quelque 1.000 stations de recharges ouvertes, contre une petite quarantaine actuellement. A cet horizon, 6 millions de tonnes de CO2 pourraient être évitées chaque année et la filière pourrait générer plus de 100.000 emplois nouveaux ou convertis.
Sur ce point, l'association pointe déjà des métiers en tension, où les industriels ont du mal à recruter car peu de candidats sont formés. Parmi eux : analyste des risques, chef de projet hydrogène, électromécanicien, opérateur de travaux, soudeur, technicien de maintenance industrielle, génie climatique ou encore technicien d'exploitation.
Un annuaire pour faciliter les mises en relation
Pour favoriser l'essor de cette filière, France Hydrogène a conçu un annuaire répertoriant ses 274 membres, dont 117 PME et PMI, 44 grands groupes et 52 collectivités territoriales. Ces acteurs sont classés par rubrique selon leur positionnement sur la chaîne de valeur de l'hydrogène. Cette dernière va de la production de la molécule verte aux services supports, comme les cabinets de conseil et d'ingénierie, en passant par le stockage et les transports ainsi que les stations de recharge.
On retrouve ainsi la pépite Mcphy, basée dans la Drôme et spécialisée dans la fabrication d'électrolyseurs et les stations de recharge. Ou encore l'entreprise albigeoise Hycco dont le procédé de fabrication permet de produire des piles à combustible hydrogène haute performance pour la mobilité. "L'objectif est de permettre aux industriels de trouver facilement les composants dont ils ont besoin", explique France Hydrogène, qui invite chacun de ses membres à remplir le plus précisément possible leur propre fiche d'identité.
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