Le bio français pris dans un cercle vertueux

La croissance ininterrompue du marché engendre celle des références proposées et de la surface agricole cultivée en bio. Le nombre de fermes, mais aussi des entreprises de préparation, de transformation ou de distribution augmente, en générant des emplois.
Giulietta Gamberini
Si l'épicerie est le rayon le plus convoité (29%), des références bio existent désormais pour toutes les catégories de produits, observe l'Agence Bio. Les aliments qui peuvent être produits en France sont d'ailleurs pour la plupart français.
Si l'épicerie est le rayon le plus convoité (29%), des références bio existent désormais pour toutes les catégories de produits, observe l'Agence Bio. Les aliments qui peuvent être produits en France sont d'ailleurs pour la plupart français. (Crédits : Eric Gaillard)

Année après année, le constat se confirme. L'appétence pour les produits bio ne cesse d'augmenter chez les Français, entraînant une croissance du marché à deux chiffres. Après avoir dépassé les 9 milliards d'euros en 2017, puis s'être situées autour des 10,5 milliards d'euros en 2018, les ventes ont presque atteint les 12 milliards d'euros en 2019, révèle le bilan annuel de l'Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique, publié le 9 juillet.

"Cela correspond à quatre fois les ventes de smartphones en France, ou à deux fois les exportations françaises de céréales", souligne le président de l'agence, Philippe Henry.

Depuis 2015, le marché a presque doublé, en atteignant 6,1% des achats alimentaires des Français. Ces derniers consacrent désormais aux produits bio 178 euros par an et par habitant :

"Autant qu'à leur facture d'eau et d'assainissement", observe encore Philippe Henry.

Des importations stables

Si l'épicerie est le rayon le plus convoité (29%), des références bio existent désormais pour toutes les catégories de produits, observe l'Agence Bio. Les aliments qui peuvent être produits en France sont d'ailleurs pour la plupart français: les importations, qui couvraient globalement 33,1% du marché en 2019, ont même légèrement baissé par rapport à l'année précédente.

Et si la grande distribution, qui détient 55% du marché, reste toujours la principale roue motrice de la croissance, deux autres circuits pèsent aussi. Les magasins spécialisés, où sont réalisées 28% des ventes, continuent d'augmenter: Biocoop compte par exemple en ouvrir 70 nouveaux en 2020, qui viendront s'ajouter aux 630 déjà existants. La vente directe, qui compte déjà pour 11% du marché, pourrait pour sa part avoir été encore boostée par la période du confinement -comme d'ailleurs la restauration collective, où les ventes bio restent encore inférieures aux 400 millions d'euros.

Lire: Agriculture : la crise conforte le modèle, plus résilient, des circuits courts

+15% d'emplois directs

Ce bon vent du marché tire ainsi la production, et "provoque une structuration des filières", se réjouit Philippe Henry. La surface agricole en bio représente ainsi désormais 8,5% de la surface agricole française: le double qu'il y a cinq ans. Tous les types de cultures bio croissent, mais les grandes cultures plus que la moyenne: en cinq ans, leurs surfaces -déjà bio ou en conversion- ont été multipliées par 2,5. La conversion et l'installation d'élevages, notamment porcins et avicoles, se montrent également dynamiques. Et aux côtés des trois grandes régions où le bio est traditionnellement plus présent (l'Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie), les conversions se développent désormais dans toute la France, y compris dans les territoires d'Outre-Mer, note Gérard Michaut, vice-président de l'agence.

L'augmentation de la surface agricole induit celle du nombre de fermes, mais aussi des entreprises de préparation, de transformation ou de distribution certifiées ou en cours de certification bio. Elles dépassent désormais les 70.300 unités, soit 14% de plus qu'en 2018. Ce cercle vertueux aboutit aussi à la création d'emplois : 179.500 emplois directs ont été créés dans le bio en France en 2019, soit 15% de plus que l'année précédente. C'est au nom de cet impact social positif quel'Agence Bio invite le gouvernement, dans le cadre de l'élaboration des plans de relance économique, à investir dans le bio: non seulement à long terme et pour des raisons écologiques, mais aussi à court terme, pour créer de la richesse durable et partagée.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 9
à écrit le 10/07/2020 à 15:42
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Et on s'amuse et on rigole. Le bio qui aurtorise la Bouillie Bordelaise (Sulfate de cuivre) c'est mieux que l'agriculture industrielle au Glyphosate. Enfin c'est le rêve d'opium que l'on nous vends. En réalité: Les sulfate de cuivres sont plus da...

à écrit le 10/07/2020 à 10:28
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N'étant pas abonné je n'ai pas la possibilité de lire l'article dans sa totalité, mais je suis quasi sûr qu'il n'est pas précisé que les agriculteurs perçoivent des subventions énormes pour passer au bio, des subventions valables pour 5 ans. Et vu le...

à écrit le 10/07/2020 à 10:14
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Tant que l'agro-industrie nuira nous ne pourrons que nous méfier du bio mais comme vous dites cela oriente quand même nombreux producteurs à se diriger vers la permaculture qui est dans notre contexte actuelle particulièrement difficile car totalemen...

à écrit le 10/07/2020 à 8:35
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Il serait bon effectivement de "réserver" les emplois dans les exploitations Bio aux français. Il va falloir faire des formations pour ramasser les fraises actuellement ramassées par des espagnols, cueillir les asperges pour remplacer les polonais, t...

à écrit le 09/07/2020 à 20:17
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L'appétence se confirme, pour ceux ayant un certain niveau de vie ou pour tous ? Qq proposait (utopie) de mettre la TVA à 0% pour faire baisser le prix du bio, ça ferait 4% et qq de baisse du prix (? si répercuté, trop tentant de ne rien changer mais...

à écrit le 09/07/2020 à 19:54
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Pourvu que ça devienne le credo de la tte puissante FNSEA. Comme le dit le vieux dicton populaire : " y a que les imbéciles qui ne changent pas"

à écrit le 09/07/2020 à 18:54
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C'est bien, mais il faut garder un niveau d'exigence élevé et ne pas céder aux sirènes productivistes qui veulent un "bio" allégé de grande production. Consommateurs, gardez un oeil attentif sur le bio en général, sa production, sa provenance. Un k...

le 09/07/2020 à 19:50
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C'est vrai ! Mais, d'une part faut pas fermer la porte aux fruits exotiques bio produits au delà des mers, voire même voisins, avec l'Afrique du N, car ils se heurtent localement à une lutte ss merci avec les productions de masse industrielles de fi...

le 10/07/2020 à 9:19
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Je cherchais de la farine de châtaigne, on n'en trouve plus qu'en bio de nos jours (avant c'était une lapalissade mais maintenant c'est précisé). Chez Lec*, rayon bio, le prix au kilo le double de celui de Bioco*, étonnant ? Surf sur la vague ? Ou ef...

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