Alimentation : le confinement profite au bio

La croissance du bio, que l'on constate déjà depuis plusieurs années, s'est accélérée ces dernières semaines. Avec une augmentation de 48% de la valeur du panier moyen bio, l'inquiétude n'a pas profité aux produits conventionnels.
Giulietta Gamberini
Le contexte particulier de la crise pourrait permettre au bio de convaincre de nouvelles cibles et de conquérir de nouveaux territoires, estime le cabinet Nielsen.
Le contexte particulier de la crise pourrait permettre au bio de "convaincre de nouvelles cibles" et de "conquérir de nouveaux territoires", estime le cabinet Nielsen. (Crédits : Eric Gaillard)

Confinés chez eux, inquiets de leur avenir, les Français ont-ils délaissé les produits bio pour se recentrer sur des produits de première nécessité conventionnels? De récents chiffres du cabinet Nielsen montrent le contraire. Depuis le début du confinement, la dynamique de la consommation bio accélère. Les magasins bio spécialisés (Biocoop, Naturalia, La Vie Claire, Bio C' Bon, Naturéo...) voient notamment leurs ventes croître:

"La valeur du panier moyen y a augmenté de 48%, passant d'environ 40€ à 59€ depuis la mi-mars", relève Alexandre Fantuz, directeur marketing de Biotopia, panéliste en magasins bio, cité par Nielsen.

Un écart croissant

Quant aux grandes surfaces, le 15 mars, comparé à la même date de l'année précédente, le cabinet relève une croissance des ventes des produits bio de 63%, contre 40% pour les produits conventionnels. Cet écart de 23 points est en outre supérieur à celui enregistré début février.

L'ensemble des circuits de la grande distribution contribue à cette croissance, en particulier ceux qui, en période de confinement, sont également préférés par les Français pour leurs produits conventionnels: les supermarchés, les magasins de proximité et les drives, précise Nielsen.

Lire aussi: Agriculture : la crise conforte le modèle, plus résilient, des circuits courts

Circuits ventes bio

La croissance plus forte là où "les familles sont plus représentées",

Ce dynamisme particulier du bio peut en outre être constaté pour la plupart des catégories de produits: y compris pour des aliments de base comme le riz, les pâtes, le sucre, la farine ou les oeufs, ajoute le cabinet. En termes géographiques en revanche, la croissance du bio, bien que visible dans tout l'Hexagone, est plus forte dans le nord et le nord-ouest, ainsi que dans l'est et le sud-ouest, où "les familles sont plus représentées", analyse Nielsen.

Géographie ventes bio

Ces  départements sont d'ailleurs aussi ceux où l'écart de croissance entre produits bio et produits conventionnels est le plus fort. En région parisienne, notamment à Paris, où la population "sur-consomme du bio habituellement", le dynamisme est en revanche plus limité, probablement en raison de l'"exode" constaté au début du confinement.

Une confirmation dans l'avenir?

Cet engouement pour le bio en période de crise vient en réalité confirmer un phénomène qui se poursuit déjà depuis plusieurs années. En 2019, 93% de la croissance des produits de grande consommation en France était imputable aux produits bio, qui voyaient leur chiffre d'affaires progresser de 19%. Mais pour expliquer l'accélération de l'écart avec les produits conventionnels au mois de mars, Nielsen évoque trois phénomènes. Tout d'abord, dans un tel moment d'incertitude, le"naturel" et le "local", associés au bio, rassurent. Ensuite, "quand les rayons sont vides, il y a plus de chances de pouvoir encore trouver des produits bio".

Enfin, "le recentrage sur le commerce en ligne ou de proximité, où le poids du bio est structurellement plus important, joue mécaniquement en faveur de la croissance de ces produits", analyse Antoine Lecoq, consultant analytique du cabinet.

Pour les produits de base fortement consommés par les familles, "qui sont aussi de grandes consommatrices du bio", l'amplification est aussi due à l'augmentation des repas à domicile, ajoute Emmanuel Fournet, Directeur Insights et Analytics chez Nielsen.

Quant à l'avenir, le contexte particulier de la crise pourrait permettre au bio de "convaincre de nouvelles cibles" et de "conquérir de nouveaux territoires", estime Nielsen. Un phénomène qui pourrait d'ailleurs bénéficier à "l'ensemble des produits aux promesses alternatives (végétaux, écologiques, locaux...)". Quand les Français ont acheté en masse des produits de papier et d'entretien, ils ont en effet aussi privilégié ceux écologiques: ceux-ci ont crû de 62%, contre "seulement" 25% pour les conventionnels.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 10
à écrit le 10/04/2020 à 21:42
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Question que m'a posée un hôtelier russe dont les clients d'Europe de l'ouest lui réclamaient des produits bio : "Lorsqu'on ne met pas de produit chimique sur les pommes, elles contiennent des vers. Lorsqu'on ne met pas de produit chimique sur les...

à écrit le 09/04/2020 à 16:35
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D'accord avec Photo73 sur la mention Bio, censée régler toutes les questions. Personnellement j'évite le bio au maximum : - plus cher, - moins de choix (allez trouver un yaourt bio au bifidus à 0% de MG …), sans parler des calibres et qualité ha...

le 09/04/2020 à 17:51
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Et oui les gens veulent mieux moins chère, limite si on leur livre devant la porte c est encore mieux et plus c est bon avec une transformation à outrance sans se soucier des conséquences sur la santé, mieux c'est, tant que le goût est là... Vous ...

à écrit le 08/04/2020 à 20:54
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C'est la saison des pommes? (cf. illustration) Le bio c'est moins pire, manger de saison c'est bien mieux.

à écrit le 08/04/2020 à 20:23
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Nielsen est un grand témoin de la grande distibution et des grandes marques. Si les consommateurs veulelnt remplir par précaution leurs congélateurs, ils vont acheter bio, c'est plus sûr. Les chiffres montrent que le bio en grande surface généraliste...

à écrit le 08/04/2020 à 20:04
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"à Paris, où la population "sur-consomme du bio habituellement"," Sur-consomme ? On peut penser que cette clientèle qui a les moyens de s'acheter des produits bios a donc des boulots prenants, mangeant dans des restos à midi habituellement, l...

à écrit le 08/04/2020 à 19:53
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Les rayons bio ont été également dévalisés quand les "conventionnels" ont subi les assauts des gens inquiets ? PQ Bio, pâtes bio, œufs bio, ... J'en ai encore mais la farine de châtaignes je la prends chez Bioco* et pas Lecle* car 50% moins cher (au...

à écrit le 08/04/2020 à 18:26
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Nous avons, je le crois, tous les mêmes réflexes en ce moment: on prend ce dont nous avons besoin sans regarder les prix.. La question est de savoir si ce qui est distribué est ce qui apporte le plus de valeur au distributeur. Dès lors, les conclusio...

à écrit le 08/04/2020 à 18:01
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Bien trop cher le bio , réservé aux gogos bobos

à écrit le 08/04/2020 à 17:10
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Du bio tel que sur la photo, calibré, jaune fluo, sur-emballé, venant d'un ne sait où, exposé dans une grande surface, c'est NON. Les consommateurs qui achètent "ça" n'ont rien compris au Bio.

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