
Confinés chez eux, inquiets de leur avenir, les Français ont-ils délaissé les produits bio pour se recentrer sur des produits de première nécessité conventionnels? De récents chiffres du cabinet Nielsen montrent le contraire. Depuis le début du confinement, la dynamique de la consommation bio accélère. Les magasins bio spécialisés (Biocoop, Naturalia, La Vie Claire, Bio C' Bon, Naturéo...) voient notamment leurs ventes croître:
"La valeur du panier moyen y a augmenté de 48%, passant d'environ 40€ à 59€ depuis la mi-mars", relève Alexandre Fantuz, directeur marketing de Biotopia, panéliste en magasins bio, cité par Nielsen.
Un écart croissant
Quant aux grandes surfaces, le 15 mars, comparé à la même date de l'année précédente, le cabinet relève une croissance des ventes des produits bio de 63%, contre 40% pour les produits conventionnels. Cet écart de 23 points est en outre supérieur à celui enregistré début février.
L'ensemble des circuits de la grande distribution contribue à cette croissance, en particulier ceux qui, en période de confinement, sont également préférés par les Français pour leurs produits conventionnels: les supermarchés, les magasins de proximité et les drives, précise Nielsen.
Lire aussi: Agriculture : la crise conforte le modèle, plus résilient, des circuits courts
La croissance plus forte là où "les familles sont plus représentées",
Ce dynamisme particulier du bio peut en outre être constaté pour la plupart des catégories de produits: y compris pour des aliments de base comme le riz, les pâtes, le sucre, la farine ou les oeufs, ajoute le cabinet. En termes géographiques en revanche, la croissance du bio, bien que visible dans tout l'Hexagone, est plus forte dans le nord et le nord-ouest, ainsi que dans l'est et le sud-ouest, où "les familles sont plus représentées", analyse Nielsen.
Ces départements sont d'ailleurs aussi ceux où l'écart de croissance entre produits bio et produits conventionnels est le plus fort. En région parisienne, notamment à Paris, où la population "sur-consomme du bio habituellement", le dynamisme est en revanche plus limité, probablement en raison de l'"exode" constaté au début du confinement.
Une confirmation dans l'avenir?
Cet engouement pour le bio en période de crise vient en réalité confirmer un phénomène qui se poursuit déjà depuis plusieurs années. En 2019, 93% de la croissance des produits de grande consommation en France était imputable aux produits bio, qui voyaient leur chiffre d'affaires progresser de 19%. Mais pour expliquer l'accélération de l'écart avec les produits conventionnels au mois de mars, Nielsen évoque trois phénomènes. Tout d'abord, dans un tel moment d'incertitude, le"naturel" et le "local", associés au bio, rassurent. Ensuite, "quand les rayons sont vides, il y a plus de chances de pouvoir encore trouver des produits bio".
Enfin, "le recentrage sur le commerce en ligne ou de proximité, où le poids du bio est structurellement plus important, joue mécaniquement en faveur de la croissance de ces produits", analyse Antoine Lecoq, consultant analytique du cabinet.
Pour les produits de base fortement consommés par les familles, "qui sont aussi de grandes consommatrices du bio", l'amplification est aussi due à l'augmentation des repas à domicile, ajoute Emmanuel Fournet, Directeur Insights et Analytics chez Nielsen.
Quant à l'avenir, le contexte particulier de la crise pourrait permettre au bio de "convaincre de nouvelles cibles" et de "conquérir de nouveaux territoires", estime Nielsen. Un phénomène qui pourrait d'ailleurs bénéficier à "l'ensemble des produits aux promesses alternatives (végétaux, écologiques, locaux...)". Quand les Français ont acheté en masse des produits de papier et d'entretien, ils ont en effet aussi privilégié ceux écologiques: ceux-ci ont crû de 62%, contre "seulement" 25% pour les conventionnels.
Sujets les + commentés