
Malnutrition, maladies de toutes sortes, anxiété... La vie des enfants nés en 2019 risque bien de ne pas être un long fleuve tranquille. Et ce, à cause du réchauffement climatique, met en garde une nouvelle étude de 35 institutions mondiales publiée dans la revue scientifique The Lancet ce jeudi 14 novembre. "Sans action radicale de la part de tous les pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les gains en termes de bien-être et d'espérance de vie sont compromis", alerte Nick Watts, directeur exécutif de ce rapport, dénommé Lancet Countdown, qui suit toutes les ans les progrès réalisés afin de contenir le changement climatique et ses effets sur la santé.
"Les changements climatiques définiront la santé de toute une génération", résume-t-il.
Au rythme actuel du réchauffement, les enfants nés en 2019 se retrouveront en effet dans un monde plus chaud de 4°C en moyenne avant leurs 71 ans. Et leur santé sera menacée par les effets de cette augmentation des températures tout au long de leur vie, soulignent les 120 experts auteurs de l'étude.
Diarrhée, dengue et choléra
Les nourrissons sont déjà aujourd'hui exposés aux risques liés à l'impact du changement climatique sur l'agriculture, note le rapport. La diminution des récoltes liées à la hausse des températures menace en effet la sécurité alimentaire et a déjà fait croître les prix de certaines denrées, explique The Lancet Countdown. Au cours des 30 dernières années, le potentiel de rendement mondial du maïs et du blé d'hiver ont respectivement baissé de 3% et 4%. La France est aussi directement concernée: depuis 1961, elle a enregistré des chutes respectives de 17,6% et 8%. Or, une éventuelle malnutrition enfantine peut engendrer des retards de croissance, un affaiblissement du système immunitaire, voire des problèmes de développement à long terme.
Dès la petite enfance, une autre menace plane: les risques liés à l'augmentation des maladies infectieuses causées par la hausse des températures et la modification des régimes de précipitations. Déjà, au cours des 30 dernières années, le nombre de jours propices au développement de la bactérie Vibrio, à l'origine de maladies diarrhéiques, a doublé. Pour le choléra, la hausse atteint près de 10% depuis le début des années 80. Et depuis l'an 2000, on a compté neuf des dix années les plus propices en matière de transmission de la dengue, qui maintenant menace près de la moitié de la population mondiale. Les enfants sont particulièrement vulnérables à ces risques sanitaires.
Et "les dommages causés dans la petite enfance persistent dans l'âge adulte, ayant des conséquences sur la santé qui durent toute la vie", s'inquiète Nick Watts.
Les poumons des ados particulièrement vulnérables à la pollution
Lors de l'adolescence, la pollution liée à la consommation de combustibles fossiles - qui continue d'augmenter -, aggravée par la hausse des températures, risque en revanche d'endommager particulièrement les poumons des plus jeunes, encore en développement. Diminution de la fonction pulmonaire, aggravation de l'asthme, voire risque accru de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral sont autant de pathologies qui menacent, selon les experts. Et cela aurait également des coûts économiques. En 2016, en France, les particules fines (PM2,5) ont non seulement causé plus de 26.000 décès prématurés, mais aussi 14 milliards d'euros de pertes économiques et de coûts de santé. Si en Europe les niveaux de pollution de 2016 devaient rester inchangés pendant toute la vie de la population actuelle, ces coûts pourraient atteindre 129 milliards d'euros par an, note The Lancet Countdown.
Quant à l'âge adulte des enfants d'aujourd'hui, il sera probablement ponctuée d'inondations graves, de sécheresses prolongées et de feux de forêt. Depuis 2001-2004, 152 pays sur 196 ont déjà connu une augmentation du nombre de personnes exposées à ces derniers, dont le coût financier par personne s'est révélé 48 fois supérieur à celui des inondations, pointe l'étude. Les canicules aussi, qui en 2018 ont déjà touché le nombre record de 220 millions de personnes de plus de 65 ans dans le monde, deviendront une expérience commune, avec leur lot de risques d'accidents vasculaires cérébraux et de maladies rénales, notamment pour les personnes âgées souffrant de maladies chroniques. Et ces vagues de chaleur, plus fréquentes et plus longues, auront aussi des conséquences sur la capacité de travail mondiale. En 2018, ce sont déjà 45 milliards d'heures de travail qui ont été perdues par rapport à l'année 2000, rappelle le rapport.
Un appel à accélérer la transition
Malgré ce scénario dramatique, le rapport souligne toutefois aussi quelques grains d'espoir: la croissance des énergies renouvelables comme des transports électriques, mais aussi la pression de la population pour lutter contre les changements climatiques. Si l'Accord de Paris était respecté, d'ailleurs, un enfant né en 2019 au Royaume-Uni pourrait ne plus être confronté à la combustion de charbon après ses six ans, alors qu'en France il ne pourrait plus acheter de voiture à essence ou diesel après ses 21 ans. Le niveau zéro des émissions mondiales nettes serait atteint à ses 31 ans.
Il faut alors accélérer dans la transition énergétique, insistent les experts, en demandant que les impacts des changements climatiques sur la santé soient au premier plan de l'agenda de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP25) à Madrid le mois prochain. En France, "les mesures visant à réduire les émissions de carbone doivent être une priorité dans tous les secteurs du gouvernement", réclame notamment la co-auteure Anneliese Depoux, chargée de mission à l'Université de Paris. La chercheuse de l'OMS Stella Hartinger avertit:
"La décision prise par le monde d'aujourd'hui marquera de manière irréversible l'avenir de nos enfants."
Bien à vous
Un passage m’a un peu surpris : « Au cours des 30 dernières années, les potentiels de rendement mondial du maïs et du blé d'hiver ont respectivement baissé de 3% et 4%. La France est aussi directement concernée: depuis 1961, elle a enregistré des chutes respectives de 17,6% et 8%. »
J’ai voulu vérifie les données soulignées car j’étais persuadé du contraire.
De fait, en comparant les chiffres 1988 et 2018 (30 ans) fournis par le ministère de l’agriculture, je trouve qu’au contraire, le rendement à l’hectare du maïs grain a augmenté de plus de 21 % (stable pour le maïs semence) et de plus de 11 % pour le blé.
On trouve ici ces statistiques : https://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/24209/1/CDI_011_a.pdf et http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/cd2019-4saavprovisoire.pdf
Pourriez-vous avoir la gentillesse de me dire si les chiffres que vous citez sont issus de l’étude du Lancet ou d’une autre source ? Et dans ce dernier cas, de laquelle ?
Peut-être est-ce le mot « potentiel » qui explique la différence entre les chiffres que vous citez et ceux que je trouve. Mais, dans ce cas, je ne comprends pas ce que signifie l’expression « potentiel de rendement » appliquée au passé.
Bien à vous
PS : Je n’ai pas regardé les statistiques mondiales mais je me pose la même question à leur sujet.
Un exemple, la limite nord de la vigne pour du vin de qualité il y a 50 ans c'était la Loire, des vignerons commencent à s'installer vers la flèche et on va arriver à la limite de la Normandie, certains se lancent dans des cultures éxotiques, kaki, nèfles, bibasses, chaillotes,
On ne doit tout de même pas oublier que en culture traditionnelle l'équilibre de la population française est de 45 millions d'habitants et 70 est une prise de risque dont on n'est pas surs d'avoir fait le bon choix.
La hausse des températures s'effectue depuis 1815 et en engendrer un confort et un bien etre dans le monde. le catastrophisme fait vendre mais attention à ne pas raconter de conneries non vérifiées. Comme me dit un ami du poitevin, si tu fais une etude sur les grenouilles tu n'as pas d'argent, si tu fais une étude sur l'impact du réchauffement sur les grenouilles tu as tout l'argent que tu veux.... à condition d'aller dans le sens des biens pensants.
Être catastrophique n'a pas d’intérêt vous avez raison, mais nié la réalité n'a pas non plus d’intérêt.
Sinon en terme scientifiques, qu'est-ce qu'il y a de factuel ?
Savez-vous mesurer une température sur un globe terrestre ?
Savez-vous modéliser le climat ?
Savez-vous anticiper les changements thermiques du soleil ?
Savez-vous identifier les impacts du changement de la ceinture et du pôle magnétique ?
On crèvera de cette pollution directe bien avant qu'il fasse 50 degrés régulièrement...