Quels sont les enjeux de la COP 15 biodiversité qui s’ouvre lundi ?

En octobre, cinq jours de discussions à distance donneront le coup d'envoi à des négociations en présentiel qui se tiendront au printemps en Chine. Parmi les enjeux, celui d'accélérer la lutte contre l'érosion de la diversité biologique, qui nuit à la planète comme aux acteurs économiques.
Giulietta Gamberini
La COP 15 est une Conférence des parties: en l'espèce, celles à la Convention sur la diversité biologique (CDB), adoptée en 1992 au Sommet de la terre de Rio.
La COP 15 est une Conférence des parties: en l'espèce, celles à la Convention sur la diversité biologique (CDB), adoptée en 1992 au Sommet de la terre de Rio. (Crédits : Eric Vidal)

La planète entière attend la COP 26 sur le climat, qui se tiendra, après un report d'un an à cause de la pandémie de Covid-19, du 1er au 12 novembre à Glasgow, en Ecosse. Mais avant, une autre COP, moins connue et pourtant tout aussi fondamentale face à l'urgence environnementale, s'ouvre ce lundi 11 octobre : la COP 15 consacrée à la préservation de la biodiversité.

Le coronavirus est aussi venu lui mettre les bâtons dans les roues. Alors qu'initialement elle devait se tenir en octobre 2020, elle a d'abord été reportée à mai, puis à octobre 2021. Finalement, elle ne se tiendra en ce mois d'octobre que pendant cinq jours et sous forme virtuelle. Les véritables rencontres en présentiel n'auront lieu que du 25 avril au 8 mai 2022 à Kunming, en Chine. Mais même si ces premiers jours à distance représenteront une "phase essentiellement protocolaire", selon ses organisateurs, ils donneront le coup d'envoi à des négociations devenues de plus en plus cruciales face à l'accélération de l'érosion de la biodiversité.

Un cadre permettant de "vivre en harmonie avec la nature" d'ici 2050

Comme pour les diverses COP climat, la COP 15 est une Conférence des parties : en l'espèce, celles à la Convention sur la diversité biologique (CDB), adoptée en 1992 au Sommet de la terre de Rio. Un traité international ratifié par 195 pays (sans les Etats-Unis et le Vatican) ainsi que par l'Union européenne, et qui poursuit trois objectifs: "la conservation de la diversité biologique", "l'utilisation durable de la diversité biologique" et "le partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétique". Tous les deux ans, ses parties se réunissent pour des négociations politiques. La dernière édition a eu lieu en 2018 au Brésil.

L'enjeu de la COP 15 biodiversité est notamment d'aboutir à un cadre permettant de  "vivre en harmonie avec la nature" d'ici 2050. Il s'agit en effet de rattraper le retard accumulé depuis 2010 lorsque, à Aichi au Japon, les Etats s'étaient fixés 20 objectifs dont aucun n'a été finalement rempli. Les recherches ne cessent en effet de prouver que les principales causes de l'érosion de la diversité biologique (le changement d'usage des terres, la surexploitation d'espèces, le changement climatique, les pollutions et les espèces exotiques envahissantes) sont essentiellement d'origine humaine. Et les pays comme leurs acteurs économiques prennent progressivement conscience que le déclin de la nature risque de mettre en danger l'approvisionnement en ressources fondamentales telles que l'eau, les aliments et de nombreuses autres matières premières.

Lire: Le déclin de la biodiversité met la finance devant ses responsabilités

Réduire les pollutions et les subventions néfastes

Le texte qui servira de base aux discussions de la COP 15 détaille ainsi 21 actions à réaliser avant 2030, parmi lesquelles la conservation d'au moins 30% des terres et des zones maritimes, la réduction de moitié des engrais et de deux tiers des pesticides rejetés dans l'environnement, la réduction "d'au moins 500 milliards de dollars par an" des subventions néfastes à l'environnement, l'élimination de tout rejet des déchets plastiques. Comme en matière de climat, dont les défenseurs de l'environnement veulent d'ailleurs désormais explicitement s'inspirer, les questions du financement de ces actions, ainsi que du suivi des mesures adoptées, seront aussi fondamentales. Le texte en discussion propose notamment de porter les ressources financières de la biodiversité "à au moins 200 milliards de dollars par an". La COP 15 pourra aussi se nourrir des recommandations issues d'un autre important rendez-vous qui vient de se terminer en matière de diversité: le Congrès mondial de la nature de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a eu lieu du 2 au 11 septembre 2021 à Marseille.

De nombreux clivages entre pays subsistent toutefois, admettent les acteurs engagés dans le processus. Comme pour le climat, les pays du Sud demandent notamment aux pays du Nord, principaux responsables des dégâts mondiaux, de financer leur transition.

Une déclaration de la Chine pour créer l'impulsion politique

"Organiser la COP 15 en deux parties permettra d'obtenir le maximum de progrès concernant les sujets difficiles restants, avant nos rencontres finales en personne à Kunming",  espère la secrétaire exécutive de la CBD, Elizabeth Maruma Mrema.

Avant les négociations en présentiel du printemps, la Chine a d'ailleurs prévu aussi d'organiser, les 12 et 13 octobre, un sommet ministériel avec  98 ministres de 94 pays, ainsi que de présenter une déclaration. Elizabeth Maruma Mrema, citée par l'AFP, espère que cette déclaration, en soulignant l'importance de l'enjeu de la préservation de la biodiversité, contribuera à créer l'impulsion politique nécessaire au succès des négociations.

La préservation de la biodiversité sera en outre inévitablement abordée à la COP 26 de Glasgow, puisqu'elle constitue un ingrédient essentiel du stockage du carbone et de l'adaptation au changement climatique. La prise de conscience croissante du lien entre les deux sujets devrait profiter à la préservation de la nature, espèrent leurs défenseurs.

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Giulietta Gamberini

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Commentaires 3
à écrit le 08/10/2021 à 21:04
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Bref! Gérer les "conséquences" pour ne pas toucher aux "causes" qui perturbent la rente!

à écrit le 08/10/2021 à 16:40
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On peut être sûr que l'on gérera encore les conséquences pour ne pas toucher aux causes qui perturbent les rentes!

à écrit le 08/10/2021 à 13:40
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Faire croire au monde que la classe dirigeante s'occupe du problème. Comme si on ne les voyait pas ! ^^

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