Une COP26 réservée aux pays riches (et vaccinés) ? 1.500 ONG demandent le report, l'ONU refuse

L'ONU vient de refuser la demande d'un groupe d'ONG (dont Greenpeace, WWF, Action Aid, Oxfam ou encore Amnesty international) qui voulait décaler la tenue de la COP26 pour cause d'inégalités d'accès. En effet, défaut de vaccins, quarantaine obligatoire à l'arrivée, de nombreux délégués des pays les plus pauvres pourraient être empêchés de participer aux négociations qui doivent décider des politiques à mener pour lutter contre le réchauffement climatique, alors qu'ils sont en première ligne.
Photo d'illustration : le 23 juillet dernier, à 100 jours du début du sommet sur le climat COP26, des manifestants de la Coalition pour le climat manifestent, à Parliament Square, Londres.
Photo d'illustration : le 23 juillet dernier, à 100 jours du début du sommet sur le climat COP26, des manifestants de la Coalition pour le climat manifestent, à Parliament Square, Londres. (Crédits : Reuters)

Alors que la conférence de la COP26, déjà reportée l'an dernier pour cause de pandémie, doit se dérouler à Glasgow (Écosse) du 31 octobre au 12 novembre, une coalition de plus de 1.500 ONG environnementales a appelé, hier mardi, à différer l'événement. Motif: les nouvelles flambées de Covid-19 autour du monde, particulièrement dans les pays peu développés, empêche leurs représentants de s'y rendre bien qu'ils soient les premiers concernés par les conséquences du réchauffement climatique.

La COP26 doit réunir environ 200 chefs d'État et des milliers de délégués, militants ainsi que journalistes pour discuter des moyens à mettre en oeuvre afin de stopper ou ralentir le réchauffement climatique. Mais, problème, le Royaume-Uni a placé certains pays sur sa «liste rouge», ceux où la population est peu vaccinée et où le taux de contaminations est encore élevé, avec comme sanction pour leurs ressortissants, l'interdiction - sauf exception - d'entrer sur le territoire britannique.

C'est bien pourquoi les ONG ont argué que, entre inégalités de vaccination et quarantaine coûteuse, la participation des délégués issus des pays pauvres ne pourrait être "juste et inclusive".

Pourtant, ce mercredi 8 septembre, l'ONU vient d'annoncer son refus.

Le contexte planétaire, d'incendies ravageurs en Europe en inondations dévastatrices à New York, montre un monde frappé ces derniers mois par de violentes catastrophes en série, qui ont remis à la Une de façon spectaculaire l'urgence de lutter contre réchauffement climatique.

Cette multiplication d'événements météorologiques extrêmes coïncide avec les prévisions des scientifiques du Giec, lesquels ont mis, début août, l'humanité en alerte rouge: le seuil de +1,5°C pourrait être atteint avec dix ans d'avance, autour de 2030, ce qui laisse présager de nouveaux désastres "sans précédent" pour la planète et les êtres qui l'habitent.

La COP26 est donc vue comme un jalon capital pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et c'est ainsi que l'ONU a justifié son refus.

Pour l'ONU, le changement climatique "ne prend pas de vacances"

Ainsi, Farhan Haq, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que l'urgence scientifiquement établie de lutter contre le changement climatique signifiait qu'un nouveau retard de la COP26 "n'est pas réaliste".

"La communauté scientifique mondiale a clairement indiqué que le changement climatique est désormais une urgence mondiale et que seule une étape urgente et majeure dans l'action climatique peut maintenir les objectifs de l'Accord de Paris à portée de main et protéger les pays et les communautés les plus vulnérables contre l'aggravation des impacts climatiques", a dit Haq.

Justifiant assez maladroitement son refus, le président de la COP26 Alok Sharma a déclaré:

"La COP26 a déjà été reportée d'un an et nous ne savons que trop bien que le changement climatique ne prend pas de vacances."

Il ajoutait

"Le récent rapport du Giec met en évidence pourquoi la COP26 doit avoir lieu en novembre, pour permettre aux dirigeants mondiaux de s'unir et fixer des engagements décisifs pour s'attaquer au changement climatique."

Risque d'exclusion des plus touchés par le réchauffement climatique

Cependant, pour le Climate Action Network (CAN) qui regroupe 1.500 ONG (dont Greenpeace, WWF, Action Aid, Oxfam ou encore Amnesty international), ce refus impliquerait un déficit de consultation et de discussion important si une partie des délégués de plus de 190 pays assistant habituellement aux pourparlers annuels ne pouvaient être présents, notamment ceux issus des pays plus pauvres qui ont du mal à accéder aux vaccins:

"Notre crainte est que les pays les plus touchés par la crise climatique et ceux qui souffrent du manque de soutien des pays riches pour fournir des vaccins, soient exclus des pourparlers", a déclaré le directeur exécutif de la CAN, Tasneem Essop.

Mohamed Adow, du think tank Power Shift Africa, cité par l'AFP, a dit craindre une "confiscation" des négociations par les pays riches:

"Un sommet climat sans les voix de ceux qui sont les plus touchés par le changement climatique n'est pas en accord avec l'objectif."

Retard des vaccins promis par le Royaume-Uni, et quarantaine de 10 jours

En juin, le Royaume-Uni, qui accueille la COP26, avait promis qu'il offrirait des vaccins aux délégués qui en ont besoin, puis avait déclaré ensuite que les vaccinations dans le cadre de ce programme commenceraient cette semaine. Mais la CAN a déclaré dans un communiqué que le Royaume-Uni avait tarder à livrer les vaccins et que de nombreux pays sont susceptibles de manquer en conséquence.

Pour les délégués arrivant de pays inscrits sur la liste rouge britannique, le problème serait encore aggravé par la nécessité de se mettre en quarantaine dans un hôtel pendant 10 jours pour les délégués non vaccinés et de 5 jours pour ceux qui sont vaccinés.

Alok Sharma met la main à la poche

Le président britannique de la COP26, Alok Sharma, a déclaré que la Grande-Bretagne paierait les frais de quarantaine et qu'il était essentiel que les pourparlers se poursuivent comme prévu.

« S'assurer que les voix des personnes les plus touchées par le changement climatique sont entendues est une priorité (...) Si nous voulons agir pour notre planète, nous avons besoin que tous les pays et la société civile apportent leurs idées et leur ambition à Glasgow », a affirmé Alok Sharma dans une déclaration rapportée par Reuters.

Lire aussi 6 mnLe rapport du GIEC, "avertissement le plus sévère jamais lancé" à l'Humanité dixit Alok Sharma

(avec Reuters et AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 08/09/2021 à 18:33
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"Désunis, nous courrons à la catastrophe. Unis, nous y parviendrons." CIORAN

à écrit le 08/09/2021 à 18:30
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Pour qui sonne le Glasgow ?

à écrit le 08/09/2021 à 14:01
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Tous ces grands "raout" (en non pas Raoult) pour...inaugurer le chrysanthèmes. La Toussaint revient chaque année, et ce n'est pour autant que les morts ressuscitent. Le climat d'avant ne reviendra pas. Amen. Les vivants vont devoir s'adapter.

à écrit le 08/09/2021 à 13:33
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Qu'ils soient là ou pas, la corruption mondiale des politiciens de toutes sortes liée à la dictature financière mondiale fait que de toutes façons ils n'ont jamais eu leurs mots à dire si ce n'est confirmer les dires des pays dits développés (lol). S...

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