Les low-cost peinent à décoller dans une Chine dirigiste

Sur les quatre compagnies privées à bas coûts qui existaient en 2005, seule Spring Airlines subsiste encore.
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Des quatre opérateurs nationaux low-cost qui tentaient encore de percer sur le marché chinois en 2005, il n'en reste qu'un seul : Spring Airlines. Les autres, qui avaient annoncé des plans d'expansion très ambitieux, sont cloués au sol faute de ne pouvoir payer leurs dettes (East Star) ou ont été rachetés par une compagnie d'État (Eagle Airlines).

Outre leur politique tarifaire, les compagnies low-cost chinoises se sont distinguées de leurs concurrentes en étant détenues par des intérêts privés. Leur arrivée a fait grincer des dents chez China Eastern, China Southern et Air China - toutes des sociétés d'État - dont le réseau de lobbying dépasse largement celui des petites low-cost. « Il a été très difficile pour elles de faire ouvrir de nouvelles lignes aériennes qui pouvaient concurrencer celles des trois grandes compagnies d'État », note un industriel du secteur.

La crise de 2009 est aussi passée par là. Le gouvernement chinois a certes injecté plus de 400 milliards d'euros dans l'économie, mais cet argent a surtout été destiné aux entreprises publiques qui, dans plusieurs secteurs dont l'aéronautique, en ont parfois profité pour faire disparaître leurs concurrentes privées. Le climat actuel est d'autant plus difficile que les banques ont l'ordre de restreindre le crédit, ce qui pénalise une fois de plus les low-cost. L'industrie aéronautique est très dépendante du crédit, notamment pour l'achat de nouveaux avions indispensables pour son développement. S'ajoute à cela l'ouverture de lignes ferroviaires à grande vitesse qui ont déjà obligé les compagnies aériennes à revoir leur stratégie sur certains trajets.

Seule Spring Airlines a pour l'instant tiré son épingle du jeu, principalement grâce à la détermination de son tenace PDG, Wang Zhenghua. Celui-ci a sabré ses coûts pour surmonter la crise. Aujourd'hui, l'entreprise envisage de se faire coter sur la Bourse de Shanghai et se lance même à l'international avec l'ouverture de lignes vers le Japon et prochainement vers la Corée. Car en dépit d'un contexte concurrentiel difficile pour les low-cost, le marché régional reste très porteur. La crise est finie et le tourisme a repris. La compagnie singapourienne Jetstar et la malaisienne AirAsia opèrent désormais des routes vers la Chine. Elles espèrent profiter de l'intégration progressive des économies régionales. Cette concurrence accrue a récemment conduit Pékin à réviser sa position. Voilà deux semaines, l'administration de l'aviation civile s'est finalement dite favorable au développement de l'industrie low-cost pour favoriser la compétitivité internationale des compagnies chinoises.

 

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