« Effet d'annonce »

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Yannis Stournaras, le ministre grec des Finances, s'adressant à Pierre Moscovici, ministre français de l'Economie, lors de l'Ecofin de mardi.Copyright Reuters

Les annonces ne sont pas des décisions, les leaders politiques ne devraient jamais l?oublier. Ainsi, la réunion des ministres de l?Economie et des Finances européens mardi soir, qui avait pour ordre du jour le déblocage de l?aide à la Grèce, s?est soldée par un échec. La décision, pourtant, mis à part des considérations techniques, était acquise, dixit les ministres avant la réunion.

Ces considérations techniques cachent mal le problème de fond. On s?attache aux détails, et à leur communication, mais on perd de vue l?objectif principal : résoudre la crise européenne qui dure depuis début 2010.

En effet, la Grèce devrait, dans les conditions actuelles, voir sa dette grimper à 190% du PIB en 2014, un niveau qui exclue toute possibilité de retour à la croissance. Depuis qu?elle est passée de facto sous contrôle européen en mai 2010, le pays s?enfonce. Le jugement déplaisant qu?on a pu entendre durant tout ce temps sur les Grecs n?est plus de mise pour la bonne et simple raison que ceux qui pâtissent de la crise aujourd?hui ne sont pas les coupables d'hier qui ont largement eu le temps d?aller investir le produit de leur fraude fiscale dans des contrées plus accueillantes.

Ce sont les Grecs humbles qui payent, notamment par une amputation de leur pouvoir économique et par le chômage, les fraudes et les erreurs de gestion passées de leurs élites. La Grèce a fait des efforts jamais vus dans une économie moderne, tout le monde le reconnaît.

Or la Grèce n?a perçu cette année que la première tranche trimestrielle de l?aide, en raison des élections législatives et la nécessité d?accentuer la politique d?austérité. Le pays a besoin de cet argent ? 44 milliards d?euros restant au titre de 2012 -, sinon comme l?a dit son Premier ministre, le problème ne sera pas seulement grec mais européen.

Il va falloir restructurer sa dette. Même si on peut allonger les maturités, baisser le taux, quelqu?un doit payer. Christine Lagarde, c?est son premier travail de directrice exécutive du FMI, doit s?assurer qu?elle sera bien remboursée. Angela Merkel, elle, veut éviter que le contribuable allemand, qui est aussi un électeur, paie davantage. Ce dernier va devoir le faire pourtant. C?est ce qu?a lancé le chef de l?opposition social-démocrate à Angela Merkel au Bundestag mercredi.

La chancelière a dit qu?elle avait « un bon espoir » qu?il y ait un accord lundi, à l'occasion d'un nouvel Ecofin, Pierre Moscovici, lui, qu?on était à « un cheveu ». Les effets d?annonce à répétition sont la politique du pire. Et depuis le début de la crise, ils ont été monnaie courante.

On peut en voir également un cas concret avec l?UMP. Les primaires du premier parti d?opposition en France sont devenues une machine dévastatrice. Le spectacle de ces divisions qui s?étalent ne grandit pas ses principaux acteurs où les phrases creuses masquent mal les ambitions sans limite.

Déjà, après qu?ils se soient tour à tour proclamés vainqueurs, il avait fallu plus de 24 heures pour que la commission, la désormais célèbre COCOE, proclame gagnant d'un cheveu Jean-François Copé devant François Fillon, sur fond de soupçons de fraudes et d?irrégularités.

Mercredi, le clan Fillon, a pointé des oublis de voix, notamment celles de Wallis et Futuna, qui inversent le résultat. L?effet est déplorable, traduisant un amateurisme dans l?organisation de ces primaires qui laisse pantois et une division au sein de la formation qui menace l?UMP d?une implosion. Ce n?est pas bon pour le fonctionnement de la démocratie française, en particulier avec les difficultés économiques à venir. Alain Juppé a accepté de jouer le rôle de médiateur. Il a un atout, il est plutôt réputé pour sa sobriété dans sa communication.

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