Le doute grandit sur les emplois "verts" d'Obama

Il s'était engagé à en créer 5 millions en dix ans. Solaire et éolien profitent de son plan de relance mais créent peu de postes industriels aux États-Unis.

Ne sommes-nous pas tous d'accord sur le fait que ces emplois ne devraient pas être créés en Chine, en Allemagne ou en Espagne mais ici même, aux États-Unis ? » Malgré la détermination affichée par Barack Obama à longueur de discours et ses efforts pour stimuler la création d'emplois « verts », le doute grandit : les milliards de dollars employés à cet effet dans le cadre du plan de relance créent-ils davantage d'emplois industriels à l'étranger ? Pendant sa campagne, Obama s'était engagé à créer 5 millions d'emplois « verts » aux États-Unis en dix ans. Mais un an après sa prise de fonctions, et alors que le gouvernement fédéral a accordé 2,3 milliards de crédits d'impôt aux énergies renouvelables, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Selon l'Association des producteurs d'énergie solaire (SEIA), ce secteur a créé 18.000 emplois l'an dernier, doublant pratiquement ses effectifs. Dans le même temps, ceux de l'éolien, qui emploie 85.000 personnes, sont restés stables. La destruction d'environ 2.000 postes d'équipementiers industriels a été compensée par des embauches dans la construction et la maintenance de parcs éoliens.

Dans un contexte où l'économie américaine a détruit plus de 4 millions d'emplois en 2009, des élus s'indignent que le plan de relance ait profité à des sociétés créant certes des postes d'assemblage et d'installation aux États-Unis, mais qui réalisent l'essentiel de leur production industrielle à l'étranger. « Voilà comment les gens perdent foi dans leur gouvernement », s'est emporté le sénateur démocrate de New York, Charles Schumer, après que la chaîne ABC a rapporté que 80 % des subventions ont été attribuées à des sociétés étrangères, ce que conteste le département de l'Énergie. À titre d'exemple, le chinois Suntech Power Holdings a perçu 2,1 millions de dollars pour édifier un parc de panneaux solaires dans l'Arizona et embaucher 70 personnes sur place. Mais leur fabrication sera réalisée dans l'empire du Milieu où le groupe compte 11.000 ouvriers. De même, le spécialiste américain des technologies solaires First Solar a touché 16,3 millions de dollars pour ajouter 200 postes dans son usine de l'Ohio... alors qu'il compte réaliser 71 % de sa croissance industrielle en Malaisie. « La plupart de nos usines se situent en dehors des États-Unis », a concédé Rob Gillette, son directeur général. Depuis que, en janvier, Barack Obama a annoncé qu'il souhaitait accorder 2,3 milliards de dollars de crédits d'impôt supplémentaires aux énergies renouvelables pour créer 17.000 emplois, lobbies et « think tanks » s'affrontent sur les projets présidentiels. L'American Enterprise Institute dénonce la « perte nette de millions d'emplois » qu'entraînerait, selon lui, une loi sur le climat contraignant les États-Unis à employer davantage d'énergies vertes au détriment d'énergies fossiles moins onéreuses. Également conservatrice, l'Heritage Foundation juge qu'un système de quotas de CO2, censé stimuler la production d'énergies alternatives, détruirait « 2,5 millions d'emplois d'ici à 2035 ».

Une bataille déjà perdue

L'Association américaine de l'énergie éolienne (AWEA) avance, en revanche, que sans l'argent du plan de relance « dépensé à 100 % aux États-Unis », ce secteur aurait perdu 40.000 postes l'an dernier en raison de la récession. Pour le Breakthrough Institute, la bataille d'Obama est déjà perdue. « La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont dépassé les États-Unis en matière de production de technologies d'énergies propres et, d'ici à cinq ans, auront investi trois fois plus dans ces secteurs », prévient ce centre de recherche.

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