La récession qui frappe la France en 2009 va peser fortement sur le déficit déjà abyssal de la Sécurité sociale. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 prévoit un trou du régime général (salariés du privé) de 10,5 milliards d'euros l'an prochain. Bien qu'issue d'hypothèses macroéconomiques revues à la baisse, cette prévision apparaît aujourd'hui beaucoup trop optimiste, selon nos informations.Les recettes de la Sécu vont en effet fondre sous l'effet du ralentissement très marqué de la progression de la masse salariale. Le gouvernement avait révisé mi-novembre sa prévision d'évolution de la masse salariale en 2009 de + 3,5 % à + 2,75 %. Selon la dernière note financière de l'Acoss (banque de la Sécu) que « La Tribune » s'est procurée, elle ne progresserait en fait que de + 1,8 % au premier trimestre 2009 en glissement annuel (premier trimestre 2009 comparé aux trois premiers mois de 2008). « Dans ces circonstances, il est difficile d'imaginer que la masse salariale augmentera de plus de 1,5 % ou 1,7 % sur l'ensemble de l'année », analyse un expert. Or, un point de masse salariale en moins représente 2 milliards d'euros de recettes perdues pour le régime général de la Sécurité sociale. Et le tableau pourrait encore s'obscurcir davantage. L'Insee a indiqué vendredi que l'ampleur de la récession serait équivalente à celle de 1993. « En 1993, la masse salariale a progressé de zéro, ce scénario peut donc tout à fait se reproduire l'an prochain », indique un spécialiste des comptes sociaux. L'Institut de la statistique prévoit d'ailleurs, au 1er semestre 2009, un recul de 0,4 % de la masse salariale des entreprises non financières. Avec une masse salariale qui stagne au lieu d'augmenter de 2,75 %, le manque à gagner pour la Sécu dépasserait 5 milliards d'euros.Il faudra en outre tenir compte de l'abandon de la hausse des cotisations vieillesse au 1er janvier, qui devait rapporter 1,8 milliard d'euros au régime général en 2009. Le gouvernement peut décider cette hausse de + 0,3 point en cours d'année qui doit théoriquement être compensée par une baisse des cotisations chômage. « Le chômage va progresser tout au long de l'année 2009, et sûrement encore par la suite. Si le gouvernement a renoncé à augmenter les cotisations retraite au 1er janvier, il ne le fera certainement pas par la suite », pronostique un spécialiste du dossier.mauvaises surprises Et ce n'est pas tout. Les prélèvements sur les revenus du capital, essentiellement de la CSG, pourraient réserver eux aussi de mauvaises surprises, compte tenu de l'état des marchés boursiers. Enfin, il faudra compter avec les conséquences d'un déficit 2008 aggravé par rapport aux prévisions ? certains évoquent une dégradation d'environ 1 milliard d'euros ? car la masse salariale a déjà fortement freiné. Elle est prévue à + 4,25 % cette année, mais ne devrait évoluer que de 3,7 % selon un document de l'Acoss. Au total, le déficit du régime général de la Sécu pourrait donc dépasser la barre des 15 milliards d'euros l'an prochain.« Face à une récession, le déficit de la Sécu peut s'accroître de plusieurs milliards d'euros et franchir des paliers. Le problème est de remonter la pente ensuite. Or, on a constaté ces dernières années qu'en période de bonne conjoncture, nous parvenions tout juste à stabiliser les déficits », souligne un proche du dossier.Véronique ChocronAvec une masse salariale qui stagne au lieu d'augmenter de 2,75 %, le manque à gagner pour la Sécu dépasserait 5 milliards d'euros.

latribune.fr

05 Jan 2009, 1:27

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