Le Congo tente de s'émanciper de l'eldorado minier

« Pendant la Seconde guerre mondiale, le Congo produisait des automobiles. Les bottes et une partie des uniformes des GI's américains étaient fabriqués ici... Jusqu'à l'indépendance, le pays disposait d'une vraie base industrielle. » Jean-Paul Mvogo, consultant économique et chef du projet Optimise Africa, vient d'achever un travail qui lui tenait à coeur : « l'Encyclopédie de l'industrie et du commerce de la République démocratique du Congo ». Son objectif : présenter, au-delà des mines, des secteurs d'activités encore inexplorés ou présentant de réelles opportunités de diversification, telle la pharmacie. Selon lui, « le Congo doit changer de paradigme pour renouer avec son industrialisation » laminée par des années de guerre. « Il lui faut pour cela sortir de sa dépendance aux minerais. » Un secteur minier qui rafle l'essentiel des investissements étrangers. Parmi les derniers, l'américain Freeport-Mc Moran Coppet and Gold s'est associé à Lundin Mining et à la Gécamines, une société détenue par l'État congolais, dans le projet de Tenke Fungurume (cathode de cuivre et cobalt), dans le Katanga. Les deux partenaires y ont investi 2 milliards de dollars. Compte tenu de leur croissance, d'autres secteurs suscitent déjà l'intérêt des investisseurs. C'est le cas des télécoms. Entre 2003 et 2008, le nombre d'utilisateurs du réseau mobile est passé de 2 à 9 millions (+ 650 %). Dans ce domaine, on relève un investissement de taille : celui de l'indien Barti Airtel. En mars 2010, ce dernier a racheté l'ensemble des filiales africaines, dont les actifs congolais du groupe koweïtien Zain pour 8,5 milliards d'euros. En 2002, le secteur a vu naître l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications pour superviser l'activité de nombreux opérateurs privés : Celtel, Oasis, Vodacom, Congo Chine Telecom ou Congo Korea Télécom. Lancé cette même année, Vodacom, coentreprise du Congolese Wireless Network et du sud-africain Vodacom International, est actuellement l'un des deux leaders du marché. Il a vu son parc d'abonnés croître de 1 million en 2005 à plus de 4 millions l'an dernier. Le domaine bancaire est également actif. Le « secteur bancaire congolais revient de loin et connaît de profonds bouleversements avec l'entrée de nombreux acteurs étrangers et l'augmentation des principaux indicateurs d'intermédiation bancaire », souligne l'encyclopédie. Le pays affiche encore le taux de bancarisation (+ 0,3 %) le plus faible d'Afrique. Mais depuis peu, certaines banques de l'Afrique de l'Ouest ont pris pied au Congo et rejoint l'européenne Fortis et la sud-africaine Standard Chartered. La nigériane United Bank of Africa a levé des fonds à Londres et ouvert deux agences en début d'année. La banque gabonaise BGFI s'étend aussi en Afrique centrale tandis que Bank of Africa s'est installée en 2010. Élection présidentielle« En fait, dans tous les secteurs, il y a des investisseurs intéressés. Mais pour l'heure ils se contentent souvent de mener des missions de prospection et d'analyser le terrain. Le climat des affaires et la perspective de l'élection présidentielle pousse à l'attentisme », explique Jean-Paul Mvogo. Ce constat reste vrai pour des pans entiers de l'économie encore en friche. De la pharmacie à l'agriculture en passant par l'hydroélectricité. « Le pays produit 100.000 mégawatts mais, compte tenu de son potentiel hydroélectrique, il aurait les moyens de fournir l'ensemble du continent », ajoute Jean-Paul Mvogo. « À lui seul, le barrage du Grand Inga pourrait générer un potentiel 5 à 10 fois supérieur à celui des Trois-Gorges en Chine s'il était bien exploité. »
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