La guerre du TGV fait rage en Floride

Le suspense sera de courte durée pour Alstom Transport. D'ici à l'automne, l'état de Floride dévoilera les conditions dans lesquelles seront lancés les appels d'offres pour la construction et l'exploitation d'un train à grande vitesse qui servira de modèle à la Californie et au Midwest. Objectif : signer ce contrat d'ici à la fin de l'année pour que les travaux démarrent au premier semestre 2011. Après des années d'inertie, l'octroi par l'administration Obama de 8 milliards de dollars pour cofinancer des lignes à grande vitesse, redonne espoir à l'industrie ferroviaire. Alstom Transport, la SNCF et la société d'ingénierie Systra ont fait leur promotion vendredi à Miami. Leurs représentants se sont entretenus avec des membres du gouvernement, des élus locaux et Stephanie Kopelousos, la ministre aux Transports de Floride, que la secrétaire d'état chargée du commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, a invitée en France le mois prochain pour vivre « l'expérience » du TGV. « Alstom a construit 70 % des trains à grande vitesse circulant dans le monde », a rappelé l'ancienne présidente de la SNCF. D'ici à la fin de l'été, le gouvernement américain déterminera si les infrastructures, la gestion de la ligne, sa maintenance et sa signalisation feront l'objet d'un appel d'offres commun ou divisé, ce qui pourrait bouleverser les alliances entre industriels et sociétés d'exploitation ferroviaires. Pour l'instant, la Floride a obtenu 1,25 milliard de dollars du plan de relance fédéral pour un tracé Tampa-Orlando. Mais l'état veut aussi un tronçon Orlando-Miami, jugé indispensable par Alstom pour que l'exploitation d'un TGV soit rentable. La Floride attend une rallonge de 30 millions de dollars pour financer un audit environnemental de la ligne Orlando-Miami, obligatoire pour obtenir d'autres fonds fédéraux. Problème de rentabilitéOutre les 8 milliards de dollars débloqués en février, environ 5 milliards seront alloués en cinq ans aux projets américains de train à grande vitesse. Le président de la commission des Transports de la Chambre des représentants, James Oberstar, a prévu 50 milliards de dollars de plus dans sa prochaine loi de finances. Même si un tracé complet Tampa-Miami -via Orlando- réclamé par le patronat voit le jour, sa rentabilité pourrait être compromise par la clause « Buy American », contraignant les bénéficiaires du plan de relance à fabriquer aux états-Unis. « Pour que le contrat de Floride soit viable, le vainqueur devra remporter des appels d'offres dans deux autres états, dont la Californie », explique une source gouvernementale française.siemens en position de forceEn Floride, Alstom affronte sept groupes étrangers dont le canadien Bombardier et le japonais JR Central. Selon nos informations, les autorités américaines jugent que les postulants espagnol et coréen manquent d'expérience dans la grande vitesse et n'apprécient pas que JR Central veuille imposer ses standards (sécurité, vitesse...). En revanche, elles étudient de près l'offre française et celle de Siemens. Employant 60.000 personnes aux états-Unis contre 7.000 pour Alstom, l'allemand a lancé une vaste campagne publicitaire et de lobbying. Washington s'intéresse aussi à l'offre du gouvernement chinois, prêt à davantage participer au cofinancement du projet floridien que les Européens.
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