Claude Perdriel veut prendre au moins 60 % du «Monde»

À 84 ans, Claude Perdriel a toujours bon pied bon oeil. Patron du groupe sanitaire SFA et du «Nouvel Observateur», il a bouclé en à peine un mois son projet de reprise du groupe Le Monde (le quotidien, «Télérama», «La Vie», «Courrier international», «Le Monde interactif», le Monde Imprimerie...). Le groupe de presse doit trouver un repreneur au plus vite car, si la recapitalisation n'est pas actée mi-juin, "Le Monde" pourrait déposer le bilan. Endetté à hauteur de 125 millions d'euros, le groupe de presse devrait connaître, en 2010, sa dixième année de pertes consécutive, après avoir perdu, en 2009, 25 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros.Pas de cession de filialesDans un entretien au magazine «Challenges», Claude Perdriel précise qu'il souhaite prendre 60 % à 70 % du capital du Monde SA et qu'il n'envisage pas de cession de filiales par la suite. L'opération est évaluée à 60 millions d'euros «minimum». L'homme de presse confirme qu'il n'est pas question de fusionner «Le Monde» avec le groupe Nouvel Observateur («Le Nouvel Observateur», «Challenges» et «Sciences et avenir»). À l'instar de SFA (100 %) et du Nouvel Observateur (92 %), "Le Monde" deviendrait une filiale à hauteur de 60 % à 70 % du groupe SFA. Il n'est pas question non plus de s'allier avec le tandem composé de l'homme d'affaires Pierre Bergé et du banquier Matthieu Pigasse, également candidat au rachat du "Monde".Aucune rentabilité à titre personnelClaude Perdriel se dit persuadé qu'il «est possible de faire du "Monde" une entreprise qui ne perd pas d'argent, à condition de pratiquer une politique rigoureuse». Il n'attend «aucune rentabilité à titre personnel». De même, il assure qu'il lancera son offre ferme seulement s'il a convaincu la Société des rédacteurs du Monde (SRM). Actionnaire historique de référence qui va perdre sa majorité au capital, la SRM détient un droit de veto sur les nouveaux entrants. Le patron du «Nouvel Obs» promet aussi de proposer aux journalistes du «Monde» les mêmes garanties d'indépendance éditoriale qu'au «Nouvel Observateur». Il s'engage également à ne pas pratiquer de plan social dans les personnels du groupe de presse.Absence remarquéeDès le lendemain de l'annonce officielle de Claude Perdriel au rachat du "Monde", de nombreux observateurs soulignaient l'absence remarquée dans l'affaire de Denis Olivennes, président du directoire du groupe Nouvel Obs, directeur de la publication, et dauphin officiel du fondateur de «l'Obs». «Claude Perdriel n'a absolument pas associé Denis Olivennes à ce projet, il a monté son schéma tout seul, et c'est seul qu'il est allé voir les membres de la SRM», croit savoir un proche du dossier. Pourtant, quand il confie les rênes du groupe en mai 2008, Claude Perdriel est on ne peut plus clair : «Denis Olivennes va assurer l'avenir du journal pour la prochaine génération. Je considère qu'il est notre héritier intellectuel», déclarait-il au «Monde».Président du directoire de SFABeaucoup plus discrètement, Denis Olivennes a reçu un joli cadeau. Il est devenu actionnaire à hauteur de 6,2 % de SFA, le reste étant entre les mains de la famille Perdriel (92 %) et du Monde (1,8 %). SFA, société française d'assainissement, est le très lucratif holding de Claude Perdriel. Son chiffre d'affaires est de 306 millions d'euros et son taux de rentabilité dépasserait les 10%. Cerise sur le gâteau, Denis Olivennes a été également nommé président du directoire de SFA au côté de Claude Perdriel, président du conseil de surveillance. Difficile alors d'imaginer que le dauphin Denis Olivennes ait été aussi rapidement mis sur la touche. Personnalité contestéeEn interne, au «Nouvel Observateur», les critiques sont parfois sévères. «Il a été nommé pour redresser les comptes et il n'a pas fait grand-chose, il passe beaucoup plus de temps à écrire des articles, à passer à la radio, alors qu'il n'est absolument pas journaliste », déplore un salarié. À moins que Claude Perdriel ait sciemment voulu écarter Denis Olivennes dont la personnalité souvent contestée pourrait heurter les journalistes du «Monde».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.