Après l'OPA, Sanofi devra réussir l'intégration de Genzyme

Et de deux. L'offre publique d'achat (OPA) de Sanofi-Aventis sur Genzyme, lancée le 4 octobre 2010 à 69 dollars par action (18,5 milliards de dollars au total, 13,7 milliards d'euros) et prolongée mi-décembre, expire ce vendredi à 23 h 59, heure de New York. « À moins qu'elle ne soit à nouveau prolongée », a clairement précisé Sanofi dans son communiqué du 13 décembre. « Nous prenons notre temps pour discuter », a redit mercredi en écho le patron de la biotechnologie américaine Henri Termeer, tout en affirmant que cela « va se résoudre ». Il ne reste cependant guère de suspense sur la forme de l'offre. Les CVC (certificats de valeur conditionnelle), ces compléments de prix concernant le Lemtrada contre la sclérose en plaques, devraient permettre d'aboutir à une solution négociée. « L'opération pourrait se faire autour de 76 dollars, c'est-à-dire 72 dollars plus un CVR », indique un analyste. À New York, l'action Genzyme frôle précisément les 72 dollars.Mais la société de Cambridge dans le Massachusetts, la « Silicon Valley » des biotechs, est-elle soluble dans la culture de la lourde « maison » sanofienne ? Avec un chiffre d'affaires de 5 milliards de dollars attendu en 2011 (3,8 milliards d'euros) pour Genzyme contre près de 32 milliards d'euros pour Sanofi, l'opération reste de taille « moyenne » selon les critères du patron du laboratoire tricolore, Chris Viehbacher. Pourtant, Genzyme, créée en 1981, n'est plus une start-up : elle compte 10.000 salariés dans le monde, dont 3.400 en Europe. Le Vieux Continent abrite trois de ses cinq usines biotechs : Irlande, Belgique (lire ci-dessous) et France, près de Lyon. Sur ce site qui produit la thymoglobuline, un traitement contre les rejets de greffes, les 300 salariés de Genzyme (sur un total de 600 dans l'Hexagone) sont installés dans les locaux de... Sanofi-Pasteur, la branche vaccins du français. Une proximité bienvenue pour certains. « On n'est pas dans le cas de Roche avec Genentech [biotech américaine rachetée en 2009, Ndlr], où une intégration trop brutale risquait de faire fuir de brillants chercheurs », note un expert.Questions sur la rentabilitéRestent les craintes sur l'emploi. Le fait que les activités des deux groupes soient très différentes - Sanofi est notoirement en retard dans les médicaments biotechs - pourrait paradoxalement faciliter les choses. « Les synergies vont concerner les sièges sociaux et les fonctions supports », estime un bon connaisseur du secteur. Outre-Atlantique, où Sanofi a déjà annoncé en octobre la suppression du quart des postes de visiteurs médicaux, le mariage pourrait être plus douloureux. « Mais il serait une aubaine pour les commerciaux de Sanofi, qui va perdre en 2012 les brevets du Plavix et de l'Approvel », note l'analyste. Les interrogations portent aussi sur la rentabilité des activités de Genzyme. Sanofi devra gérer le cycle de mise sur le marché et de distribution des médicaments orphelins. Très coûteux en investissements (les recherches sur le Myozyme ont coûté 1 milliard de dollars, soit autant qu'un blobkbuster, pour 1.500 patients actuellement dans le monde !), ils sont sous pression avec la réduction des dépenses de santé : le Myozyme coûte environ 120.000 euros par an pour un enfant, et jusqu'à 300.000 pour un adulte.Mais si la greffe prend, Sanofi aura eu raison de patienter. Avec Genzyme, les produits biologiques représenteront 27 % du chiffre d'affaires de Sanofi, aux côtés de l'insuline Lantus et du Lovenox, sans compter les 15 % de revenus qu'il tire des vaccins, soulignent les analystes de Natixis. « Sanofi aura alors réussi son pari : utiliser ses liquidités pour se renforcer dans des activités moins dépendantes de l'expiration de ses grands brevets », résume un expert. Une perspective qui vaut la peine de patienter encore un peu.
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