Solvency II : les assureurs pourraient devenir prêteurs

Le secteur immobilier se reprend tout doucement en Bourse depuis un an. La crise des subprimes puis l'assèchement des crédits de la part des établissements financiers ont durement touché la pierre papier en Europe, et notamment en Espagne. Depuis le redressement de mars 2009, les foncières françaises retrouvent quelques couleurs, surtout celles qui assurent des revenus récurrents, comme les véhicules spécialisés dans les centres commerciaux. Aujourd'hui, ces entreprises recapitalisées, restructurées et assainies se trouvent toutefois confrontées à de nouveaux défis. Parmi ceux-ci, la mise en oeuvre des nouvelles directives européennes et notamment celle de Solvency II (Solvabilité II), prévue pour sécuriser encore davantage les actifs des assureurs. En clair, cette nouvelle directive imposera, dès 2014, aux mastodontes français la constitution de nouveaux matelas de fonds propres à mettre en face d'actifs immobiliers cotés. Réglementation qui devrait convaincre la plupart des acteurs de réduire ces lignes pour ne pas accroître leurs niveaux de contraintes prudentielles. Du coup, nombre de spécialistes se sont récemment inquiétés de cette mesure, prévoyant un vaste mouvement de vente, susceptible de peser sur les cours de Bourse des foncières françaises. Pour l'heure, ce mouvement n'a pas encore été vraiment constaté. Il faut dire que l'échéance de 2014 est encore relativement éloignée. « Je ne crois pas que les assureurs tailleront dans leurs participations. Ce que j'anticipe en revanche, c'est qu'à l'avenir ces protagonistes choisiront plutôt d'investir dans des véhicules non cotés ou obligataires. Et ce, de manière à accompagner quand même des groupes immobiliers mais plutôt au niveau de leur dette », convient un spécialiste du secteur. « Si tendance il devait y avoir, elle interviendra sur une très longue période », assure un autre qui pense lui aussi que les assureurs devraient se transformer en « prêteurs de long terme ». Investir sans contrainteDe toute façon, si l'on regarde de près les récentes transactions, on se rend compte que les assureurs sont toujours aussi présents (Foncière des Murses Murs, Silic). D'autres intervenants font remarquer, en parallèle, que la comptabilité des assureurs est tellement « compliquée » qu'ils pourront toujours investir dans la pierre papier sans que cela ne motive de nouvelles contraintes. Solvency II ne sera-t-elle donc qu'un faux problème ? Comme toute mise en place de nouvelles réglementations lourdes, des évolutions auront assurément lieu. P. B.-B.
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