Les objets du bassin méditerranéen plusieurs fois millénaires se divisent en deux grandes parties: les pièces muséales, exceptionnelles ... et les autres, souvent de très belle qualité tant esthétique qu'historique. Les premières peuvent valoir plusieurs centaines de milliers d'euros, mais sont assez rarement mises en vente et réservées à quelques amateurs très aisés et autres institutions puissantes. Les secondes restent très abordables, de 100 (et même moins) à quelques dizaines de milliers d'euros et font le bonheur de très nombreux collectionneurs du monde entier, les derniers entrants dans ce marché étant des acheteurs russes: parmi ceux-ci se trouvent quelques décorateurs à la recherche d'objets animant les somptueuses demeures de nouvelles fortunes locales, mais aussi de véritables passionnés qui souvent acquièrent via un intermédiaire une pièce de bonne tenue à la seule vue du catalogue d'une maison de ventes aux enchères sérieuse.

Car le marché des antiques est peu soumis aux aléas de la spéculation: les acheteurs sont des connaisseurs qui ne recherchent pas la revente rapide.
Ce marché est très ancien, puisque dès le XVIIème siècle les amateurs aimaient en orner leur cabinet de curiosité. Aujourd'hui, les collectionneurs, qui longtemps ont porté leur intérêt vers les pièces ethnologiques ou scientifiques, se tournent davantage vers les objets thématiques d'assez grande taille. Ainsi, les masques de sarcophages, les divinités animales, les bas-reliefs, les stèles ou les portraits (du Fayoum surtout) sont les pus recherchés quand les amulettes, porte-bonheur, vases, sceaux et autres flacons semblent délaissés. Une exception: les chaouabtis, les "remplaçants".

Pour les Egyptiens, l'au-delà que l'on atteint après la mort est une vallée riche où l'on retrouve les plaisirs de la vie, à condition d'en cultiver la terre fertile. Au Moyen Empire, pour leurs funérailles, ceux qui avaient les moyens d'une sépulture digne, se sont fait accompagner d'une petite statuette à leur effigie, bras repliés sur la poitrine, afin de travailler à leur place. Au fil du temps, les morts emportaient avec eux de plus en plus de ces figurines, généralement une pour chaque jour de l'année ou pour chaque tâche (semer, récolter, moudre,...). On trouve ainsi des chaouabtis en bois, en frite, en bronze, en albâtre, en calcaire, en faïence, sculpté ou peints, les pièces en grès, glaise ou terre cuite grossière étant réservées aux classes laborieuses ... mais aisées.

Paris est (avec Londres) la capitale des ventes d'objets égyptiens: Tajan organise le 20 avril une vacation comportant une grosse centaine d'objets antiques, à des estimations pluôt basses. En début de séance on trouve ainsi plusieurs chaouabtis entre 100 et 1.200 euros pièce, une amphore en albâtre (500 euros), un masque de sarcophage en bois peint (800 euros), une statuette en bronze représentant le dieu Osiris (6.000 euros), un bouchon de vase canope en pierre beige représentant Amset l'un des quatre fils d'Horus (8.000 euros), la pièce la plus chère étant un relief en calcaire fragmentaire de la XXVI dynastie provenant d'un cadeau de Georges Pompidou en 1971 (25.000 euros). Des objets d'art grec et romain complètent la vente tout comme une collection de bijoux antiques en or (de 200 à 4.000 euros).
Le 4 mai, dans une vente généraliste, mêlée à des tableaux, céramiques et meubles, Piasa propose à Drouot quelques objets égyptiens, dont un vase canope du début du Nouvel Empire (5.000 euros),ou un bas relief du dieu Horus (3.000 euros).

Le 20 avril, Drouot Richelieu, renseignements: www.tajan.com Le 4 mai, Drouot Richelieu, renseignements: www.piasa.auction.fr