Obama, une chance pour le développement durable mondial

Par Dan Vogel, président et cofondateur d'Enablon (premier éditeur mondial de solutions logicielles et de services "on demand" de maîtrise des risques environnementaux, sociaux, financiers et juridiques).

Faut-il craindre que la situation géopolitique et économique mondiale ne relègue au second plan les promesses du candidat Obama en matière de développement durable ? Au contraire ! Car les mesures préconisées en matière d'énergie et d'environnement sont la pierre angulaire de sa politique visant non seulement à changer la vie des Américains, mais aussi à avoir un rôle actif international en la matière.

La présidence de Barack Obama devrait modifier profondément les positions des Etats-Unis sur plusieurs problèmes mondiaux au premier rang duquel la mise en ?uvre d'une politique globale de développement durable dont les Etats-Unis ont été longtemps absents. La non-ratification du protocole de Kyoto par l'administration Bush est symptomatique de la politique menée depuis plus de dix ans par le pays le plus pollueur du monde.

Cependant, la présence de John Kerry à la conférence de Poznan est tout aussi symptomatique d'un revirement. Alors qu'Obama arrive à la Maison-Blanche demain, il est intéressant de se pencher sur son programme en matière d'énergie, d'écologie et de développement durable. Sans compter la récente nomination d'une "green team" composée de Steven Chu, ministre de l'Energie et fervent défenseur des énergies renouvelables, de Carol Browner, qui coordonnera les questions d'énergie et de politique climatique, et enfin de John Holdren, conseiller scientifique à la présidence.

Le programme présente une révolution de la pensée américaine en reconnaissant explicitement l'existence du changement climatique, ses conséquences immédiates et futures sur la vie quotidienne des Américains et la responsabilité directe des activités humaines. Cette triple affirmation est une évolution majeure par rapport à la position de l'administration précédente qui minimisait l'évolution climatique, ses conséquences et la responsabilité d'un mode de vie intoxiqué aux hydrocarbures. "Barack Obama a été très clair sur le fait qu'après huit ans d'obstruction, de délais et de déni, les Etats-Unis vont rejoindre la communauté mondiale pour combattre ce défi planétaire", a déclaré le sénateur démocrate John Kerry, futur président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, présent à la conférence de Poznan.

Le thème de l'énergie a d'ailleurs constitué un leitmotiv sur le site de campagne d'Obama avec environ 679.000 occurrences du terme contre 6.280 pour John McCain. En la matière, comme pour l'ensemble de sa stratégie, Barack Obama incarne deux tendances profondes de la société américaine en rupture avec la décennie précédente. D'une part, la politique américaine a pour but d'améliorer la vie des Américains (et non plus de se battre contre un monde dangereux), d'autre part, les Etats-Unis, malgré leur formidable puissance, ne sont pas en mesure de régler seuls les problèmes mondiaux. La politique énergétique d'Obama incarne cette première tendance en affichant les objectifs suivants :

- lutter contre la pollution, en réduisant les émissions carbone pour les ramener dès 2050 à un niveau équivalent à une diminution des émissions de 80 % par rapport à 1990, par le biais d'un marché des droits d'émission de gaz à effet de serre. Un marché libéral dont l'équilibre « naturel » est supposé résoudre tous les problèmes. En abaissant les droits année après année, cette politique a pour objectif de "réduire au meilleur coût les émissions de CO2 ";

- créer des emplois aux Etats-Unis grâce à un plan sur dix ans de 150 milliards de dollars d'investissement dans les énergies "propres" (solaire, éolien, biocarburants et énergie nucléaire). Trois millions de postes pourraient être créés, répartis entre le solaire, l'éolien et l'automobile propre ;

- aider les Américains à consommer moins pour améliorer leur pouvoir d'achat et exiger du secteur public qu'il donne l'exemple (amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments administratifs...). Obama prévoit de créer une prime de 7.000 dollars pour l'achat de toute voiture économe en carburant. L'intention est louable mais la modification radicale d'un mode de vie fondé sur l'essence bon marché est un projet à long terme ;

- inciter les Américains à utiliser des véhicules hybrides fabriqués aux Etats-Unis. Le programme Obama prévoit la mise en circulation de 1 million de véhicules hybrides d'ici à 2015. Encore une intention louable mais sans effet réel direct sur la situation ;

- au-delà de ces mesures, le plan prévoit aussi le développement de la production intérieure de pétrole et de gaz partout où le sol américain le permet. Le but est une moindre dépendance, en particulier envers le Venezuela, tout en créant des emplois locaux.

La deuxième tendance est bien plus importante que les mesures intérieures. Elle conduira en effet le président à engager les Etats-Unis dans le concert des nations en matière de protection de l'environnement. Jusqu'à présent, le pays jouait une partition de soliste largement constituée de silences. Ainsi, les Etats-Unis vont probablement rejoindre les programmes des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC, "UN Framework Convention on Climate Change"). Ils prendront l'initiative de la création d'un forum énergétique mondial au sein du G8 élargi (G8 + 5) et participeront à la lutte contre la destruction de la forêt tropicale certes peu présente sur leur sol.

Que ce soit à l'échelle d'un pays ou d'une entreprise, la mise en ?uvre réelle d'un programme de développement durable doit reposer avant tout sur une profonde évolution des mentalités. L'élection d'Obama témoigne d'un changement d'esprit du peuple américain. Il reste à transformer ce changement en modifications concrètes du mode de vie et de consommation. La tâche sera rude mais la planète a intérêt à ce que Barack Obama ne se limite pas à repeindre en vert les Etats-Unis, mais réussisse à convaincre ses concitoyens de définir un nouveau mode de développement qui pourrait bien être durable.

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Enfin !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Obama devra mettre une gouvernance mondiale en matière de maîtrise de la démographie. Sinon la pollution qui est proportionnelle à l'évolution de la population nous permettra d'asister en direct à la fin du monde

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Kennedy a dit:demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre pays,et non ce que votre pays peut faire pour vous !!!les FRANCAIS SONTS DES ASSISTES?LE GOUVERNEMENT CI LE GOUVERNEMENT CA?QUELLE HONTE.

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