Salon et dépendance

Par Robert Jules, journaliste à La Tribune.

Le Salon international de l?Agriculture est l?un des rendez-vous annuels les plus courus de l?Hexagone. Début mars, porte de Versailles à Paris, des centaines de milliers de personnes s?y pressent. C?est aussi un passage obligé pour le monde politique en général et pour le président de la république en particulier. Nicolas Sarkozy n?est pas fan, contrairement à son prédécesseur Jacques Chirac, à l?aise "au cul des vaches".

Bien rodé, le show présente le monde agricole sous ses meilleurs attraits : un tour de France des terroirs qui réconcilie la campagne et le citadin. Ce dernier peut caresser le bétail, déguster les produits de la ferme, et s?ébahir du génie génétique dernier cri. Bref, l?espace de quelques jours, l?événement marketing réussit la prouesse de célébrer un monde rural moderne et bucolique.

Mais une fois les lampions de la fête éteints, cette France agricole retourne à ses doutes. Chaque année, le nombre de producteurs diminue et les inégalités s?accroissent. Qu?y-a-il de commun entre l?éleveur caprin des Pyrénées et le céréalier de la Beauce? Rien, sinon les difficultés. Le premier gagne des revenus dérisoires. Le second est confronté à la course à la concentration pour survivre.

Sommés de s?adapter en permanence, les fermiers ne savent plus à quelle boussole se fier entre des prix internationaux des denrées agricoles qui jouent aux montagnes russes, une industrie agroalimentaire et des distributeurs qui dictent leurs lois, une Organisation mondiale du commerce qui les accuse de concurrence déloyale. Longtemps bénéficiaires de la politique agricole commune (PAC) dont ils dépendent pour leur survie, les agriculteurs craignent d?être emportés par le vent du libéralisme qui souffle fort à Bruxelles.

Ils attendent, méfiants, les propositions de Nicolas Sarkozy. Cette année, le salon a pris pour thème l?"agriculture raisonnée". Mais c?est une PAC raisonnable qu?ils souhaiteraient.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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merci MR jules, enfin quelqu'un qui comprend

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