Chaud. Trois ans devant.

Par Erik Izraelewicz, directeur des rédactions de La Tribune.

Après deux ans de "rupture", la France est-elle mieux armée pour dégager le point de croissance qui lui manquait depuis des années ? Redresser la capacité du pays à croître en libérant le travail, en allégeant les contraintes de toutes sortes, en rendant plus efficace le modèle social français et en distribuant du pouvoir d'achat à tous, c'était en définitive la grande promesse du candidat Nicolas Sarkozy.

Deux ans après son installation à l'Elysée, la crise rend impossible un véritable diagnostic. Le candidat avait promis qu'il instaurerait une "culture de résultats" dans l'action politique. Saine volonté. Difficile pourtant aujourd'hui de juger du résultat de sa politique - sauf à dire que la croissance n'est pas là (il avait promis d'aller "la chercher avec les dents"), que les déficits budgétaires et commerciaux explosent (il avait annoncé qu'il les réduirait) et que l'investissement s'essouffle.

On ne peut pourtant lui en faire porter le chapeau. Dans la tempête, Ségolène Royal, François Bayrou ou Olivier Besancenot n'auraient certainement pas fait mieux. Merkel, Berlusconi ou Brown n'ont d'ailleurs pas fait mieux chez eux. Comme Zhou Enlai, le leader chinois à qui l'on demandait dans les années 1970 ce qu'il pensait des conséquences de la Révolution française, on en est conduit à répondre, s'agissant des effets de la "rupture" sarkozyenne sur l'économie française, qu'il est trop tôt pour en juger.

Pendant ses deux premières années, à l'instar du Mitterrand premier mandat, Sarkozy a fait grosso modo ce qu'il avait promis. Dans sa volonté de transformer le fonctionnement de notre économie, il a beaucoup agité, beaucoup bougé, beaucoup inventé. Il a aussi parfois hésité, parfois reculé, parfois reporté.

Convaincu qu'on ne peut avancer qu'en crabe (de biais) en France, il a multiplié les compromis. On l'a vu sur les retraites, le marché du travail, les dépenses publiques ou la fiscalité. Une chose est sûre : on ne peut l'accuser - comme le fait François Bayrou aujourd'hui - d'avoir cherché à changer la société sans annoncer la couleur. C'est bien la seule chose qu'on ne puisse lui reprocher ! Il a fait preuve en permanence d'un volontarisme frisant parfois l'activisme et d'un pragmatisme à toute épreuve.

Pour savoir si cette "rupture", qui n'est pas que dans le style, aura été, pour la maison France, la bonne, celle qui lui redonnera dynamisme et compétitivité, l'Elysée a raison d'appeler à prudence. Un peu de patience - disait notre ami Zhou. Nous n'avons plus, en réalité, que trois ans avant de pouvoir faire le vrai bilan.

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