L'informatique indienne devient réalité

Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

Cela fait des années maintenant que l'on parle de la puissance des sociétés de services informatiques indiennes. Mais, pour ce qui concerne la France, cela tenait beaucoup plus du fantasme et de la fascination. Langue anglaise oblige, c'est d'abord en direction des entreprises britanniques et américaines que les SSII (prononcez « ècessdeuzi ») indiennes ont proposé leurs services. Les sociétés de services et d'ingénierie informatique tricolores ont subi de plus loin la pression sur les prix exercée par Infosys, Wipro ou TCS, les trois plus grosses sociétés de l'ex-colonie britannique.

Les Capgemini, Atos et autres GFI Informatique ont certes entrepris de produire dans des pays à bas coûts. Les SSII françaises ont d'abord ouvert des filiales en Afrique du Nord (Maroc et Tunisie surtout) puis en Europe de l'Est. Dans une subtile distinction sémantique, elles se défendaient de faire de "l'offshore", dénomination péjorative synonyme de délocalisations à l'anglo-saxonne, et ont vanté les mérites du "nearshore", censé être moins risqué pour l'emploi national. En fait, la motivation était avant tout linguistique.

Le résultat de cette internationalisation francophone, frileuse ou opportuniste (c'est selon), est que la France est aujourd'hui l'un des grands marchés occidentaux les moins pénétrés par les puissances montantes de l'informatique indienne. À peine 1,5 % des prestations informatiques aux entreprises et institutions françaises est aujourd'hui réalisé en Inde. Mais les SSII françaises, Capgemini en tête, n'ont pas occulté le potentiel de l'Inde dans ce métier. Le groupe français y compte aujourd'hui autant de salariés que dans l'Hexagone. Il faut dire que le pays-continent a de quoi impressionner avec les quelque 300.000 ingénieurs qui sortent chaque année de ses écoles. Et si la ruée des IBM, Accenture ou Cisco sur le marché indien a provoqué une certaine inflation salariale, le coût d'un informaticien indien représente encore le quart de son homologue français.

C'est pour cette raison que l'opérateur mobile SFR choisit aujourd'hui Wipro. C'est la première incursion de cette ampleur, de surcroît dans un domaine stratégique (la relation commerciale). Si la percée indienne se confirmait dans de prochains appels d'offres, l'emploi dans les SSII tricolores devrait s'en ressentir. Les champions français vont devoir réagir pour ne pas devenir des SSIII, avec un troisième « I » pour indienne.


 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Même constant !! Je rajoute que le nombre d'avenant est énorme en phase projet, ce qui nous a obligé à fournir du pseudo-code avec l'analyse, donc une perte de temps énorme.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
L'illusion de la réduction des coûts. Depuis des années je travaille dans le monde de l'informatique. J'ai travaillé en modalité maintenance à distance, j'ai suivi et piloté des projets qui employent du personnel indien. C'est franchement très ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
@ Péno. ??????????????????? !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.