La décision, hier, d'augmenter les tarifs du gaz a suscité une levée de boucliers : 9,7% de hausse, ce n'est pas rien ! Et l'on peut comprendre que les associations de consommateurs dénoncent un "coup de massue". Même si ces associations ont la mémoire courte, le "coup de massue" venant après une baisse de... 11% en 2009. Mais l'ampleur de cette hausse, validée par une commission de régulation indépendante, la CRE, donne du relief à la différence de traitement entre GDF Suez et EDF ou, pour le dire autrement, le gaz et l'électricité, une entreprise privée et un groupe public.
La CRE a justifié la hausse des tarifs par le rebond du prix du pétrole (sur lequel le gaz est indexé), mais aussi, et pour l'essentiel (+ 5,9%), par la hausse des coûts d'infrastructures, d'acheminement et de stockage. Autrement dit, par la nécessité pour GDF Suez d'investir. EDF n'a pas eu cette chance. A l'été 2009, Pierre Gadonneix, son ancien président, réclamait une hausse de ses tarifs de 20%, mais étalée sur trois ou quatre ans. Le PDG ne la justifiait pas par la hausse de ses coûts d'approvisionnement (le prix de revient de l'électricité nucléaire ne varie pas), mais par la nécessité de rattraper des retards d'investissement dans la maintenance et la production. Les faits lui ont donné raison.
Cet hiver, la France a été obligée d'importer de l'électricité comme jamais, nombre de ses centrales nucléaires étant à l'arrêt. Mais son parler vrai a coûté cher à Pierre Gadonneix. Taxés de "cynisme" par les associations de consommateurs, ses propos ont permis de justifier son remplacement par Henri Proglio. Mais les faits étant têtus, ce dernier aurait, depuis, demandé un relèvement de... 24% de ses tarifs entre 2010 et 2015. Gageons qu'il l'obtiendra un jour. Les pouvoirs publics, comme les écologistes, devront bien se rendre à l'évidence. Les Français ne supporteront pas de manquer d'électricité. Et, faute de taxe carbone, il n'y aura pas d'autres moyens pour réduire leur consommation d'énergie... que d'en augmenter le prix !
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