Rien ne vaut un G20 terre à terre

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef à La Tribune.
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L'avantage avec le marché, c'est qu'il résout parfois de lui-même les excès qu'on l'accuse de générer. Ainsi, le ralentissement économique mondial pourrait bien venir crever la bulle des matières premières placée par Nicolas Sarkozy au coeur des préoccupations du G20 présidé par la France. Et sans qu'il ait été besoin pour les Etats d'intervenir, de réguler ou d'interdire... Aveu d'impuissance ? Le diagnostic initial était légitime : comme vient de le dire un rapport de l'ONU, oui, les marchés agricoles connaissent une inquiétante aggravation de leur volatilité. Oui, il y a sur certaines matières premières, comme le pétrole, le blé, des phénomènes de bulles. Mais faut-il en accuser forcément le méchant marché ?

Deux rapports sont venus démentir le chef de l'Etat. Celui réalisé par la Commission européenne qui, d'inspiration forcément suspecte, a provoqué la fureur de l'Elysée et, plus ennuyeux, celui commandé par Nicolas Sarkozy lui-même à un éminent spécialiste du développement, l'économiste Pierre Jacquet. Tous concluent qu'il ne faut pas combattre la spéculation, parce que celle-ci joue un rôle utile à la liquidité d'un marché. Ce qu'il faut faire, au contraire, c'est prendre des mesures qui permettent de mieux le faire fonctionner, produit par produit, car chaque cas est particulier. Plus de marché, et non pas moins de marché, voilà la cruelle désillusion à laquelle va devoir se résoudre le G20 pour ne pas être vain. Ce n'est pas le spéculateur sur les marchés à terme qu'il faut abattre, mais ce dont il se nourrit : le manque de transparence de l'information, le mensonge sur la gestion des stocks...

Dans un monde sans frontières, soumis à des aléas climatiques de plus en plus fréquents et graves, comme la sécheresse, les subventions nationales à telle ou telle production, certaines politiques publiques comme le développement à outrance des biocarburants sont bien plus responsables de la volatilité des prix que le méchant agioteur placé en épouvantail pour distraire le bon peuple et abstraire les dirigeants politiques de leurs propres responsabilités.

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