Valérie Decamp, directrice et principale actionnaire de ce journal, m'a confié aujourd'hui la charge de diriger la rédaction de La Tribune. C'est un honneur de succéder aux signatures prestigieuses qui ont occupé ce poste. Je pense aujourd'hui en écrivant ce premier édito tout spécialement à mon ami Philippe Labarde, qui a porté ce quotidien pas comme les autres sur les fonts baptismaux voici plus de vingt-cinq ans. Ce fut à travers lui que j'eus mes premiers contacts avec ce quotidien et je veux croire que, en me prodiguant ses conseils, Philippe m'a transmis un peu de la culture de La Tribune : le souci de la rigueur, un esprit combatif, une capacité à innover et même à transgresser dans des domaines qui s'accommodent mal du décalage, de l'impertinence et de l'indépendance.

La presse vit une période de mutation passionnante éditorialement (jamais autant d'informations n'ont été accessibles à nos lecteurs et jamais ils n'ont été aussi nombreux à les consommer), mais douloureuse économiquement. Aucun de nos confrères n'est épargné. Même les monuments historiques du journalisme sont touchés. Ainsi Raju Narisetti, patron du numérique au "Washington Post", écrivait récemment sur son blog : "En un an, nous n'avons pas progressé d'un pouce dans la remise sur pied du modèle économique de l'information de qualité."

Ma conviction est que La Tribune, elle, peut y arriver. Son histoire, sa culture ont montré sa capacité de sa rédaction à s'adapter, à innover et à se mobiliser dans des périodes difficiles. Sa jeunesse (le journal n'a après tout que 25 ans) et la qualité de son contenu sont des atouts décisifs dans la mutation qui s'engage.

Mon ambition est d'en faire le premier journal français de la génération numérique, à l'aise sur tous les canaux de diffusion qu'utilisent aujourd'hui ses lecteurs : le papier, bien sûr, et les nouveaux supports. Oui, votre Tribune en papier est là pour durer. Elle ne disparaîtra pas mais prendra progressivement sa place dans le fantastique choix de supports qu'offrent les nouveaux médias : tablettes, mobiles, Web ou réseaux sociaux. C'est le sens du projet éditorial auquel nous travaillons avec François Roche, qui fut lui aussi directeur de La Tribune il y a quelques années.

Votre journal ne peut que s'enrichir de cette multidiffusion, parce que chacun de ces canaux bouscule l'autre et contribue ainsi à améliorer chaque jour la qualité de l'information qu'il vous propose. Car dans ce paysage mouvant, c'est bien cela qui ne change pas : la mission de La Tribune devra rester celle de vous apporter à chaque instant la sélection la plus pertinente de l'information économique et financière.

Merci de votre fidélité.