Pour développer le tourisme, le Maroc mise sur la montée en puissance de l'ingénierie

Fort du succès de son plan Vision 2010, grâce auquel le Maroc a réussi à atteindre son objectif d'accueillir près de dix millions de touristes par an, le Royaume nourrit désormais de plus grandes ambitions : doubler ses capacités d'hébergement et le nombre de touristes accueillis, d'ici à 2020. Pour y parvenir, le Maroc mise sur le développement de l'ingénierie touristique.
Imad Barrakad, président du directoire de la SMIT, entouré des premiers adhérents au groupe d'échanges visant à promouvoir l'ingénierie touristique en Afrique.

Dans un contexte mondial de plus en plus compétitif pour le secteur du tourisme, c'est une conférence Internationale sous forme de première sur le continent africain que la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT) vient d'organiser à Rabat, les 31 Mai et 1er juin derniers.

L'objectif affiché : mieux faire connaître les atouts de l'Ingénierie touristique comme instrument de développement des territoires et mettre en branle une dynamique de coopération africaine au sein de laquelle le Maroc veut se positionner comme un acteur-pivot. Pour cela, près de 300 experts, politiques, et spécialistes de l'ingénierie touristique ont échangé pendant deux jours, mettant à l'épreuve modèles et tendances mondiales, et partageant leurs expériences autour des modèles récents qui ont émergé.

Parmi les intervenants à la conférence de Rabat, la star des architectes sud-africains Mokena Makeka ou encore le patron du fonds d'investissement A Capital, qui a organisé le rachat de Club Méditerranée par le chinois Fosun, André Leoksug-Pietri. Ce dernier a  mis en avant la « dimension essentielle de l'ingénierie touristique afin d'attirer de grands groupes internationaux », insistant sur le fait que dans un contexte de compétition accrue, les acteurs qui « organiseront leurs territoires afin de les rendre plus attractifs et en phase avec leur vocation profonde bénéficieront d'une position plus favorable » .

En effet, à la différence de la promotion touristique, qui consiste à attirer des touristes,  l'ingénierie touristique est le processus qui consiste à conceptualiser des vocations pour les territoires, à les identifier, puis à les mettre en « packages » afin d'attirer des investisseurs internationaux en capacité de les développer et d'y installer des produits touristiques. En bref, l'ingénierie touristique agit comme un intégrateur pour préparer le produit avant de le proposer à des bailleurs de fonds spécialisés.

La SMIT, structure dédiée à la dynamisation des IDE touristiques

Pour le Maroc, l'enjeu de l'ingénierie touristique est de taille. En effet, si le Royaume chérifien est connu pour être une destination importante au sud de la Méditerranée en accueillant près de dix millions de touristes par an, le pays souhaite désormais accroître son attractivité au niveau des investissements directs étrangers (IDE)  touristiques, afin de doubler ce nombre d'ici la fin de la décennie.

Avec ses capacités d'hébergement actuelles qui sont de près de 250 000 lits, le Maroc  a en effet besoin d'un accroissement substantiel des investissements et ne peut compter sur la seule promotion pour atteindre cet objectif. Il est d'ailleurs le seul pays africain à s'être doté, dès 2007, d'une structure dédiée à la dynamisation des IDE touristiques, la SMIT, une société privée à capitaux publics qui se veut un « one stop shop » auquel les porteurs mondiaux de capital peuvent s'adresser.

Le pari, ambitieux, ne semble pas gagné d'avance, tant les paramètres qui impactent le développement de l'industrie touristique sont soumis à des contraintes protéiformes, allant des aléas conjoncturels aux logiques de consolidation qui caractérisent les grands investisseurs dans le tourisme, dont beaucoup ont les yeux rivés sur le sud-est asiatique, qui connaît une très forte croissance.

Le patron de la SMIT, Imad Barrakad, reconnaissait d'ailleurs volontiers que les défis qui se dressent pour le Maroc sont de taille en matière d'ingénierie touristique : « Nous devons travailler davantage en direction d'une mise en convergence de tous les acteurs de la chaîne de valeur touristique afin d'accroître notre attractivité » tout en mettant en avant les réalisations effectuées par le Maroc lors des trois dernières années dans ce domaine, qui ont permis d'attirer près de « 4 milliards d'euros d'investissements au cours des cinq dernières années ».

L'un des moments forts de cette manifestation a été la création d'un réseau regroupant les acteurs méditerranéens et africains en un groupe d'échange d'expériences qui devrait agir comme un outil de « mise en convergence des initiatives visant à promouvoir l'ingénierie ».  Derrière ce groupement , l'idée des Marocains est de se positionner en acteur à la taille critique afin d'intéresser les grands groupes internationaux. En cela, le tourisme souhaite suivre la stratégie globale du royaume chérifien, qui est devenu depuis 2014 le second investisseur privé en Afrique et qui poursuit une politique économique agressive sur le continent.

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Commentaires 2
à écrit le 03/06/2016 à 18:04
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Trop dangereux et intolérance généralisé au Maroc ! 2 jeunes fille coiffeuses en prison parce qu'elles ne portaient pas le foulard et 2 gays attrapés, tabasser et mis en prison sans que les agresseurs ne soient inquiétés ! il faut boycotter le Maroc ...

le 04/06/2016 à 12:21
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Avec le même raisonnement on arrivera à la conclusion qu il faut boycotter tous les pays ... Les seuls pays qui n ont pas d actes d intolérance se sont ceux où l information est contrôlée, voir inexistante.

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