S&P dans le texte...

Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.
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Vivre sans le triple A... Il faudra bien. Les conséquences à court terme de la perte du triple A seront probablement maîtrisées. Mais à plus long terme, la décision de S&P ne peut qu'ouvrir un abîme de perplexité chez ceux qui veulent en comprendre la logique. D'un côté, ils regrettent que les décisions rigoristes du sommet européen du 9 décembre n'aient pas été mises en oeuvre avec davantage de vigueur. De l'autre, ils s'inquiètent du risque de voir monter une lassitude devant les réformes...

Même perplexité devant ce que S&P présente comme les "marqueurs" de la crise de l'Eurozone : "le resserrement des conditions de crédit, la montée du risque sur un nombre croissant d'émetteurs de dette souveraine, des perspectives de croissance en voie de disparition...", autant de facteurs qu'une dégradation de la note souveraine des Etats serait bien en peine d'améliorer... On ne saurait mieux exprimer ce qu'est une prophétie auto-réalisatrice. Difficile encore de comprendre le "timing" sur lequel travaillent les analystes de S&P : "les initiatives politiques prises ces dernières semaines par les dirigeants politiques européens pourraient être insuffisantes pour traiter les déséquilibres actuels de l'Eurozone."

Autrement dit, non seulement S&P se place sur une échelle de temps extrêmement réduite (quelques semaines...) pour juger de l'efficacité d'actions aussi lourdes sur des difficultés aussi profondes de la zone euro, ce qui est déjà un sujet, mais encore elle doute a priori de leur efficacité. Il ne s'agit pas de fustiger les agences de notation. Mais elles n'ont pas la science infuse. Elles voient ce que tout le monde voit : l'Europe peine à sortir de l'impasse, elle met des siècles à traiter ses problèmes financiers, elle se réforme à la vitesse de la tortue, elle met en péril la survie de l'euro... Pas de quoi mériter une bonne note. Mais pas de quoi non plus d'organiser un enterrement de première classe. C'est tout ce que dit S&P. Ni plus, ni moins...

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Commentaire 1
à écrit le 17/01/2012 à 9:58
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En même temps d'autres pays (sans le citer le Brésil, 6ème puissance mondiale juste derrière la France, mais pour combien de temps encore au vue du potentiel de ce pays....) vit très bien sans même avoir une note A, limite la note des agences pour le...

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